Les nations d'Amérique latine s'engagent à renforcer la protection des déplacés et des apatrides
Les nations d'Amérique latine s'engagent à renforcer la protection des déplacés et des apatrides
BRASILIA, Brésil, 12 novembre (HCR) - Dix-huit nations d'Amérique latine ont clôturé une réunion importante au Brésil par un accord visant à renforcer la protection des personnes déplacées de force et des apatrides dans la région. Cet engagement est inscrit dans la « Déclaration de Brasilia sur la protection des réfugiés et des apatrides dans les Amériques » adoptée jeudi dans la capitale brésilienne.
Dans un message publié vendredi à Genève, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, a salué la déclaration adoptée à l'issue d'une réunion organisée par le ministre brésilien de la justice sur la protection des réfugiés, l'apatride et les mouvements migratoires mixtes dans les Amériques.
« Il s'agit d'une déclaration historique qui, je l'espère, conduira non seulement à une meilleure protection des réfugiés et des autres personnes déplacées dans les Amériques, mais accélèrera également les efforts globaux visant à améliorer la situation des déplacés et à mettre un terme au fléau de l'apatridie », a déclaré António Guterres.
« J'encourage les gouvernements des autres régions à prendre acte du leadership pionnier que l'Amérique latine a manifesté aujourd'hui en adoptant cette déclaration. C'est un précédent précieux au plan international », a ajouté le Haut Commissaire.
Un des points forts de la Déclaration de Brasilia concerne le respect sans restriction du principe de non-refoulement (renvoi non forcé) auquel les pays se sont engagés, notamment le non-renvoi aux frontières et la non-pénalisation de l'entrée illégale. Le texte insiste également sur la prise en compte continue des considérations liées au genre, à l'âge et à la diversité dans les législations nationales relatives aux réfugiés et aux déplacés internes. Troisièmement, la Déclaration encourage les Etats à adopter des mécanismes pour faire face aux nouvelles situations de déplacement non prévues par la Convention relative au statut des réfugiés. Elle réaffirme plusieurs engagements pris par les 20 pays ayant adopté le Plan d'action de Mexico de 2004, qui vise à protéger les réfugiés en Amérique latine.
Des hauts fonctionnaires du HCR, dont Volker Türk, Directeur de la protection internationale, faisaient partie des 120 personnes ayant participé à la réunion. Cette réunion a également marqué le lancement des commémorations du 60ème anniversaire du HCR dans les Amériques.
Volker Türk, tout en rappelant la longue tradition des Amériques en matière d'asile pour les personnes en quête de protection ainsi que les bonnes pratiques de cette région dans ce domaine, a souligné la persistance de nombreux défis, comme l'urbanisation, la violence liée aux gangs, les migrations mixtes, les déplacés internes et l'apatridie.
Outre son 60ème anniversaire, le HCR célèbrera aussi l'année prochaine le 50ème anniversaire de la Convention des Nations Unies de 1961 sur la réduction des cas d'apatridie, l'une des deux conventions des Nations Unies relatives à l'apatridie. L'agence pour les réfugiés redoublera d'efforts pour convaincre davantage de pays d'adhérer aux conventions et de réduire le nombre des apatrides, estimé à quelque 12 millions.
Bien que les cas d'apatridie soient relativement rares dans la région, Volker Türk a insisté pour que davantage de pays des Amériques adhèrent aux deux convention, faisant remarquer que seuls six pays sont parties à la Convention de 1961 et seuls 13 pays ont adhéré à la Convention de 1954 relative au statut des apatrides. « Notre agence est disposée à aider les gouvernements qui souhaitent devenir parties à ces conventions », a-t-il déclaré.
En marge du rassemblement de jeudi, le représentant du HCR et l'hôte de la conférence, le ministre brésilien de la justice Luiz Paulo Barreto, ont participé au lancement d'une campagne de sensibilisation - « Mettez-vous dans les pas d'un réfugié » - visant à promouvoir la tolérance envers les réfugiés, à découvrir leur histoire et à lutter contre la discrimination.
Les pays qui ont adopté la Déclaration de Brasilia sont les suivants : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, République dominicaine, Equateur, Salvador, Guatemala, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, Uruguay et Venezuela. Les Etats-Unis et le Canada ont participé à la réunion internationale de Brasilia en qualité d'observateurs.