Les Etats d'Amérique latine sont priés d'adhérer aux conventions sur l'apatridie
Les Etats d'Amérique latine sont priés d'adhérer aux conventions sur l'apatridie
BUENOS AIRES, Argentine, 1 novembre (HCR) - A la fin de l'année dernière, seules 118 personnes étaient enregistrées comme apatrides dans l'ensemble de l'Amérique latine, sur plus de 6 millions dans le monde entier. Mais de même que l'estimation du nombre réel d'apatrides dans le monde atteint 12 millions, le nombre de personnes dépourvues de citoyenneté dans la région est probablement beaucoup plus élevé, la plupart d'entre eux provenant d'autres continents.
A la veille du 50ème anniversaire de la Convention des Nations Unies sur la réduction des cas d'apatridie, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés est déterminée à aider ces apatrides en encourageant davantage de pays d'Amérique latine à adhérer à la Convention de 1961 et à la Convention de 1954 relative au statut des apatrides.
Le problème de l'apatridie et l'adhésion à ces deux conventions seront à l'ordre du jour d'une réunion importante qui se tient aujourd'hui au Brésil sur la protection des réfugiés, l'apatridie et les mouvements migratoires mixtes dans les Amériques. De hauts fonctionnaires du HCR et des représentants de 20 pays participent à ce rassemblement, en présence du ministre brésilien de la Justice.
La plupart des apatrides en Amérique latine viennent d'autres continents et beaucoup sont pris dans des flux migratoires mixtes, mais il existe aussi des personnes dans la région qui n'ont pas de nationalité pour une raison ou une autre.
L'absence de nationalité peut avoir un impact dévastateur sur la vie quotidienne d'une personne ; cela peut affecter l'accès aux soins de santé, à l'éducation, aux droits de propriété et la capacité de circuler librement. Les apatrides sont également exposés à des traitements arbitraires et à des crimes comme la traite. La citoyenneté est vitale pour le bien-être d'une personne et sa participation à la société.
Miguel Kreiter, un réfugié apatride enregistré en Argentine, est né en Autriche en 1945, peu après que sa famille ait fui l'Union soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a obtenu une carte de séjour et une carte d'identité pour étrangers.
C'est en faisant une demande de passeport pour pouvoir rendre visite à des proches parents au Canada qu'il a réalisé qu'il avait un problème. On lui a dit que ni la Fédération de Russie, ni l'Autriche, ni l'Argentine ne le reconnaissaient comme citoyen - il était apatride et il n'avait pas droit à des documents de voyage. « Je ne savais pas ce que signifiait être apatride … J'ignorais quels étaient mes droits ou à qui demander de l'aide », a-t-il déclaré au HCR. « Je n'étais personne et j'avais l'impression de ne rien pouvoir faire ».
Le charpentier de 65 ans disait que sa soeur serait confrontée au même problème pour pouvoir voyager.
Au moins le problème de Miguel Kreiter est découvert et il peut faire quelque chose pour y remédier. En outre, l'Argentine compte parmi les Etats d'Amérique latine parties à la Convention de 1954 relative au statut des apatrides. Elle n'a cependant pas encore adhéré à la Convention de 1961 et doit encore instaurer des procédures formelles pour déterminer les cas d'apatridie.
Beaucoup d'autres pays de la région n'ont même pas adhéré à la Convention de 1954 et ne disposent d'aucun mécanisme pour reconnaitre les apatrides et les assister. De plus, dans certains pays d'Amérique latine les lois sur la nationalité contiennent des lacunes qui pourraient générer de nouvelles situations d'apatridie.
Lors de la réunion à Brasilia, le HCR encouragera les Etats présents à redoubler d'efforts pour prévenir les cas d'apatridie et y répondre. L'adhésion aux deux conventions représenterait un immense progrès.
En attendant, Miguel Kreiter a été reconnu comme réfugié apatride par l'Argentine et se verra délivrer un document de voyage. Il a demandé la citoyenneté. Des millions d'autres personnes dans le monde n'ont pas cette chance.
Par Juan Ignacio Mondelli à Buenos Aires, Argentine