Le HCR appelle au leadership européen pour combler le fossé entre assistance humanitaire et aide au développement
Le HCR appelle au leadership européen pour combler le fossé entre assistance humanitaire et aide au développement
BRUXELLES, 22 février (UNHCR) - A l'occasion d'un discours devant le Parlement européen cette semaine, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a appelé au leadership de l'Union européenne pour assurer une transition efficace de l'assistance humanitaire d'urgence à l'aide au développement.
« Les mécanismes mis en place par la communauté internationale pour passer de l'aide d'urgence au développement ne fonctionnent pas », a déclaré mardi António Guterres aux membres du Parlement européen réunis à Bruxelles. « Si nous voulons trouver des solutions durables aux problèmes de déplacement forcé, ce fossé doit être comblé. Je demande à toutes les institutions européennes et aux pays membres de travailler ensemble pour permettre que cet objectif devienne réalité. »
António Guterres faisait une allocution à l'occasion d'une réunion organisée conjointement par la Commission du développement du Parlement européen et les Commissions des affaires étrangères et des libertés civiles.
Le Haut Commissaire António Guterres a souligné l'importance d'une réintégration efficace des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays.
« Malgré les images de convois de retour et de camps de réfugiés vides, le retour des réfugiés et des déplacés internes n'est pas terminé, à moins qu'ils ne soient intégrés dans un processus de paix et de développement sur le long terme » a-t-il affirmé.
A titre d'exemple, António Guterres a cité la région des Grands Lacs en Afrique, où un effort concerté de la communauté internationale est indispensable pour mettre un terme au cycle de la pauvreté, de la violence et du déplacement.
« Le flot de réfugiés rentrant de Tanzanie après les élections de l'an passé au Burundi a diminué de manière significative au cours des derniers mois, la perspective de la sécheresse menaçant le bétail de la population majoritairement rurale », a-t-il dit. « Maintenant, nous voyons des Burundais traverser à nouveau la frontière vers la Tanzanie, leur désir de rentrer chez eux réduit à néant par l'impossibilité de prendre un nouveau départ. »
En répondant aux questions, António Guterres a souligné l'importance cruciale de développer des politiques permettant de rendre l'aide au développement plus efficace.
« Il ne s'agit pas simplement d'une question de financement mais aussi de gestion globale. En Afrique sub-saharienne, nous observons des conflits et des persécutions dans de nombreux endroits, des problèmes écologiques de grande envergure et la disparition des méthodes agricoles traditionnelles. Il est donc nécessaire d'adopter une approche globale pour traiter le problème de l'efficacité de l'aide. »
La multiplicité des problèmes dans les pays du Sud génère des flux migratoires complexes impliquant quelque 200 millions de personnes, dont certaines ont besoin de protection, a indiqué António Guterres.
« Il nous faut pouvoir identifier et protéger les réfugiés », a-t-il ajouté. « Mais une approche globale de la migration est aussi nécessaire, qui inclut la prévention, la résolution des conflits et la promotion d'une bonne gouvernance. Les pays du Nord doivent développer une politique migratoire. »
Le Haut Commissaire a affirmé que les problèmes des réfugiés en Europe sont moindres comparés à ceux rencontrés dans les pays les plus pauvres comme la Tanzanie ou le Pakistan, qui abritent des millions de réfugiés. Pour traiter les questions liées aux demandeurs d'asile et aux réfugiés en Europe, « nous avons besoin de davantage de bon sens et de moins de populisme », a dit António Guterres.
L'impuissance de la communauté internationale à trouver des solutions au problème du déplacement forcé est dramatiquement mise en exergue par le cas des déplacés internes. Alors que le nombre des réfugiés diminue à travers le monde, celui des déplacés a atteint le chiffre impressionnant de 25 millions. Contrairement aux réfugiés, ils ne sont protégés par aucun cadre légal ou institutionnel.
En décembre dernier, les Nations Unies ont adopté une nouvelle approche pour ces situations de déplacement. Des agences spécifiques des Nations Unies sont désignées chef de file et s'assurent que les besoins des personnes déplacées sont pris en charge. L'UNHCR a accepté de prendre cette responsabilité dans les secteurs de la protection, de la gestion des camps et des abris d'urgence pour les personnes déplacées lors de catastrophes causées par l'homme.
« L'UNHCR franchit une nouvelle étape », a dit António Guterres aux parlementaires européens. « Nous allons devoir faire face à de nouveaux défis, il est donc crucial que la communauté internationale tienne ses engagements vis-à-vis des déplacés, non seulement en termes de soutien financier, mais plus encore dans le domaine de l'action politique. »
La difficulté d'aider les déplacés est évidente au Soudan, où l'UNHCR a reçu un mandat de protection des déplacés internes dans la province de l'Ouest-Darfour, en proie à des troubles.
« L'absence de solution politique et le niveau dramatique de l'insécurité, en dépit des louables efforts de l'Union africaine, paralysent notre action sur le terrain. Nous sommes incapables de remplir ce mandat et sommes les témoins impuissants de violations massives des droits de l'homme et de fréquentes pertes en vies humaines », a dit António Guterres.
Le discours du Haut Commissaire a été chaleureusement applaudi par les membres du Parlement européen.
« Le sort poignant des réfugiés est une question liée non seulement à la politique de développement de l'Union européenne, mais aussi aux droits de l'homme et à la capacité de résolution des conflits », a indiqué Luisa Morgantini, eurodéputée italienne et présidente de la commission parlementaire du développement du Parlement européen.
L'eurodéputé espagnol Miguel Angel Martinez s'est directement adressé au Haut Commissaire au cours de cette session.
« Pendant très longtemps, j'ai moi-même été un réfugié », a-t-il dit. « J'ai fui la dictature instaurée dans mon pays et j'ai vécu en exil en France et en Belgique avant de pouvoir rentrer chez moi. Aider les réfugiés est d'une importance capitale. Pour cela l'UNHCR a besoin du soutien de la société civile et de chacun d'entre nous. »
Par Diederik Kramers, UNHCR Bruxelles