Conférence ministérielle : Le chef du HCR salue « l'avancée décisive » sur l'apatridie
Conférence ministérielle : Le chef du HCR salue « l'avancée décisive » sur l'apatridie
GENÈVE, 8 décembre (HCR) - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a conclu jeudi la plus importante conférence ministérielle sur les réfugiés et les apatrides, après avoir félicité les participants pour une « avancée décisive » sur le problème de l'apatridie lors de cette réunion à Genève.
« Je pense qu'il y a eu une avancée décisive qui va améliorer la protection des apatrides », a-t-il indiqué, dans un discours de clôture aux représentants de près de 150 Etats, y compris plus de 70 ministres et vice-ministres.
« J'estime que nous faisons un gigantesque pas en avant », a indiqué António Guterres, après avoir souligné que huit Etats ont ratifié et déposé leurs instruments d'accession à l'une des deux conventions des Nations Unies sur l'apatridie cette année et que 20 autres pays ont pris, lors de la conférence ministérielle, un engagement en relation avec une ratification des conventions. « Et ce n'est pas tout, 25 autres Etats ont promis d'améliorer la protection des apatrides. Je crois que nous avons désormais le devoir de mettre à profit cet élan », a-t-il ajouté.
« L'apatridie est l'un des domaines les plus oubliés dans le programme d'action mondial relatif aux droits de l'homme. Pour être honnête, l'apatridie a longtemps été le parent pauvre du mandat du HCR. Le nombre de pays ayant ratifié les conventions sur l'apatridie n'a rien à voir avec celui des Etats parties à la Convention de 1951 [sur le statut des réfugiés] et à son Protocole [de 1967] », a-t-il indiqué.
D'après certaines estimations, l'apatridie toucherait quelque 12 millions de personnes, une population se rapprochant du total des 15,4 millions de réfugiés dans le monde. Cependant, alors que la Convention des Nations Unies de 1951 relative au statut des réfugiés constitue l'un des traités de droits de l'homme les plus largement ratifiés, les deux principaux instruments juridiques sur l'apatridie - la Convention de 1954 relative au statut des apatrides et la Convention de 1961 sur la réduction des cas d'apatridie - ont jusqu'à présent manqué de soutien.
Début 2011, la Convention de 1954 comptait seulement 65 Etats parties et la Convention de 1961 seulement 37. Les Nations Unies comptent 193 Etats membres.
Le Haut Commissaire a également souligné le nombre « absolument remarquable » des engagements pris lors de la conférence ministérielle de deux jours par plus de 60 Etats sur un large éventail de questions pour aider les personnes déracinées et les apatrides. Il a également félicité les Etats pour avoir adopté un Communiqué ministériel réaffirmant les valeurs fondamentales du régime de protection internationale et des conventions relatives aux réfugiés et aux apatrides. « Le communiqué est également tourné vers l'avenir et nous encourage à continuer de travailler ensemble sur les lacunes en protection et les défis du 21e siècle », a indiqué Volker Türk, le Directeur de la protection internationale au HCR.
António Guterres a indiqué que le HCR ferait part des progrès réalisés en relation avec les engagements concrets pris durant la conférence et il a souligné que d'autres engagements pourraient encore être envoyés à l'agence pour les réfugiés d'ici la fin janvier. Ces engagements concrets concernent notamment les problèmes suivants : l'apatridie, la violence sexuelle et sexiste, le renforcement des institutions nationales d'asile, la réinstallation, la protection des femmes et des enfants, l'amélioration de la législation nationale relative aux réfugiés, le rapatriement volontaire, la lutte contre le racisme, le changement climatique, les alternatives à la détention, l'intégration.
Plus tôt dans la journée, l'ex-Président finlandais Martti Ahtisaari a exhorté les Etats à faire davantage pour trouver des solutions à la situation de millions de personnes déracinées et d'apatrides à travers le monde. « Presque toutes les situations de réfugiés sont causées par l'homme. Elles peuvent et doivent être résolues par les humains, par nous, par nos dirigeants, par la communauté internationale », a indiqué le lauréat du prix Nobel de la paix qui, en 1939, a été forcé de fuir sa ville natale de Viiipuri (maintenant Vyborg en Fédération de Russie) à l'âge de deux ans.
« Réitérons notre engagement à rechercher des solutions durables aux conflits. Considérons les réfugiés comme étant partie intégrante de la solution et non pas comme une part du problème. Engageons les réfugiés en tant qu'acteurs des processus de paix », a-t-il indiqué dans son discours prononcé le deuxième et dernier jour de la plus importante réunion consacrée aux réfugiés et aux apatrides.
« Les conventions sont des instruments essentiels pour garantir les droits fondamentaux des réfugiés et pour fournir des normes sur leur traitement », a indiqué Martti Ahtisaari. Ces traités légaux permettent au HCR de fournir protection et assistance à des millions de personnes à travers le monde.