Tchad : la situation reste instable, les redéploiements continuent
Tchad : la situation reste instable, les redéploiements continuent
La situation dans l'est du Tchad reste extrêmement instable, avec la poursuite de mouvements militaires ainsi que des tensions inter-communales. Nous travaillons pour assurer les besoins de base des réfugiés tels que la fourniture d'eau, de nourriture et de services de santé, alors que dans le même temps, nous poursuivons le redéploiement du personnel depuis les trois sites du nord de Bahai, Iriba et Guéréda vers Abéché, la ville principale de l'est du Tchad, ou la capitale tchadienne N'Djamena. Nous gardons sur place des équipes réduites dans ces trois sites où 110 000 réfugiés vivent dans six camps.
La plupart du personnel a été redéployée depuis les régions nord vers Abéché avec une centaine de travailleurs humanitaires qui attendent toujours d'être redéployés hors des régions de l'est depuis le 26 novembre. Au total, plus de 400 employés humanitaires internationaux et locaux ont été transférés depuis les régions de l'est depuis le 26 novembre.
Dans le nord, les plans d'urgence ont été mis en place également dans les six camps de réfugiés de façon à les rendre autonomes pendant un mois. Les comités de réfugiés auront la responsabilité de certains secteurs tels que l'eau et les sanitaires, la distribution alimentaire et la santé ainsi que la continuité des services de base dans les camps. Des réfugiés ont été formés par l'UNHCR et ses partenaires au cours des mois précédents pour assumer ces tâches. Des distributions alimentaires ont déjà eu lieu à Bahai et Guéréda et il est prévu qu'elles soient terminées aujourd'hui à Iriba. Des réfugiés se sont mobilisés rapidement pour aider à la gestion des camps mais ils sont inquiets quant à la dégradation de la situation sécuritaire.
Mercredi, 13 hommes armés ont fait un raid sur le marché, également fréquenté par la population locale, dans le camp de réfugiés de Kounoungo près de Guéréda. Il y a eu un échange de coups de feu avec les gendarmes responsables de la sécurité du camp. L'un des habitants a été blessé.
La situation demeure également très instable dans le sud-est du Tchad autour de Goz Beida, de Koukou et le long de la frontière avec le Soudan avec des rapports faisant état régulièrement de tensions inter-communales, d'attaques contre des réfugiés et les déplacés tchadiens, de villages à nouveau attaqués, de bétail volé et d'intrusions de troupeaux dans des champs cultivés.
Les réfugiés du camp de Goz Amir situé dans cette zone craignent pour leur sécurité et rapportent que des réfugiés qui allaient moissonner leurs champs - alloués par les autorités locales - ont été fréquemment menacés par des hommes armés en uniforme militaire.
Des attaques contre des villages dans la région de Kerfi auraient aussi recommencé. Une attaque a récemment eu lieu dans le village d'Agourtoulou qui aurait été brûlé et les champs détruits par des troupeaux. Cinq villageois auraient été tués et trois personnes blessées. Les survivants ont commencé à fuir vers Kerfi et Amtiman. Les agences humanitaires ont enregistré l'arrivée d'environ une centaine de personnes depuis Agourtoulou près de Goz Beida dimanche dernier.
A Goz Beida, les agences humanitaires ont achevé la distribution alimentaire et non alimentaire pour environ 7 000 déplacés tchadiens qui ont fui après les attaques contre leur village en novembre. La distribution est aussi achevée pour les 7 000 déplacés tchadiens à Habile près de Koukou Angarana. Quelque 400 personnes sont arrivées ces derniers jours depuis Ade et sont temporairement installées sur la route de Karo, au nord de Goz Beida. Ces personnes font parties d'un groupe de 15 à 20 000 personnes déplacées qui ont trouvé refuge à Adé après que leurs villages près de Koloy aient été attaqués plus tôt cette année et plus récemment en novembre. Ils ont dit qu'ils avaient quitté Adé car ils craignaient les attaques des tribus arabes.
Il y a actuellement 220 000 réfugiés dans 12 camps dans l'est du Tchad ainsi que 90 000 déplacés tchadiens. Le Tchad accueille aussi 46 000 réfugiés originaires de République centrafricaine dans le sud du pays.