Retour des Nations Unies dans la ville de Sa'ada, après huit mois d'interruption
Retour des Nations Unies dans la ville de Sa'ada, après huit mois d'interruption
Le mercredi 24 mars, l'équipe de pays des Nations Unies au Yémen, dont le délégué du HCR, s'est rendue au nord du pays dans la capitale de la province de Sa'ada en proie à des troubles, et ce pour la première fois depuis que la « sixième guerre » entre le gouvernement et les rebelles Al Houti ait éclaté en août dernier. Après le cessez-le-feu entré en vigueur le 11 février 2010, la guerre a été déclarée officiellement terminée vendredi dernier, le 19 mars.
Cette première mission conjointe se rendant à Sa'ada, composée de représentants des Nations Unies, d'ONG et du gouvernement, a rencontré les autorités locales pour discuter des besoins globaux de la population dans le gouvernorat de Sa'ada avant une évaluation plus détaillée. Elle a également été l'occasion pour ses participants de se rendre compte par eux-mêmes de la situation des civils déplacés yéménite dans la ville et des conditions pour un retour volontaire et sûr de centaines de milliers de personnes qui avaient été forcées de fuir durant sept mois d'intenses combats. L'équipe de pays des Nations Unies a réitéré sa volonté de porter secours à toutes les personnes dans le besoin dans ce gouvernorat affecté par la guerre.
Plus de 250 000 déplacés internes ont déjà été enregistrés. Toutefois, avec la possibilité d'accéder dans davantage de régions à travers la province de Sa'ada, le Gouvernement yéménite estime aujourd'hui que près de 350 000 personnes sont des déplacés internes du fait de la guerre. Quelque 22 000 de ces personnes déplacées se trouvent toujours dans la ville de Sa'ada.
La mission s'est rendue dans six camps accueillant actuellement environ 4 500 déplacés internes et gérés par le Croissant-Rouge yéménite dans la ville de Sa'ada. En majorité, les personnes déplacées se trouvant dans la ville de Sa'ada sont accueillies par la communauté locale, des membres de leur famille, des amis et des voisins. Tous les camps, même ceux abritant un nombre relativement restreint de personnes, sont désespérément surpeuplés.
Durant la mission à Sa'ada, le gouvernement a appelé les cheikhs et les dirigeants locaux à jouer un rôle actif dans le processus de stabilisation et à faire respecter l'Etat de droit pour encourager les retours. Les autorités locales se sont félicitées de la présence des agences des Nations Unies et des ONG et elles ont demandé une assistance de la communauté internationale pour la reconstruction et la fourniture d'une aide répondant aux besoins fondamentaux. Conjointement avec d'autres organisations des Nations Unies, le HCR examine la possibilité de rouvrir son bureau à Saada.
L'équipe a signalé que la ville semblait se remettre du conflit et revenir à la vie car les rues de Sa'ada retrouvaient leurs piétons et la circulation intense et toutes les boutiques étaient ouvertes. Les prix des biens de première nécessité, qui ont augmenté pendant le conflit, baissent progressivement. L'approvisionnement en eau et en électricité s'améliore. Certaines écoles rouvrent.
Le retour à grande échelle, volontaire et sûr vers la province de Sa'ada nécessitera la stabilité et la sécurité ainsi qu'une reconstruction considérable et un effort d'aide rapide. Plusieurs maisons ont été endommagées ou détruites dans le gouvernorat de Sa'ada. A la fois les personnes déplacées de retour et celles qui n'ont jamais quitté la province ont besoin d'assistance immédiate avec des vivres et des matériaux de construction essentiels. Le HCR a préparé des programmes d'assistance et se tient prêt - si les financements le permettent - à aider dans le cadre du processus de retour avec d'autres organisations des Nations Unies, des ONG partenaires et le gouvernement.
Depuis le cessez-le-feu, quelque 200 familles dans trois camps de déplacés à Al Mazrak seraient retournées dans le gouvernorat de Sa'ada. Certains chefs de famille sont allés dans leurs villages pour vérifier l'état de leurs biens, aller chercher des possessions et revenir ensuite dans les camps. Selon ces personnes déplacées, il n'ya pas de pillage dans la province de Sa'ada, mais le niveau de destruction est significatif. D'autres personnes déplacées sont temporairement retournées à Sa'ada pour aller chercher des documents personnels leur garantissant l'accès à l'enregistrement et à l'assistance pendant le déplacement. Pendant ce temps, lundi 22 mars, une mission transfrontalière du HCR depuis l'Arabie saoudite s'est rendue dans la région de Mandaba à quelques kilomètres à l'intérieur du Yémen. La mission a constaté que la plupart des 10 000 personnes déplacées qui avaient trouvé abri dans cette localité, sont désormais rentrées dans leurs villages. Sseulement 4 000 personnes environ restent dans des camps de fortune.
Selon une évaluation rapide effectuée dans les camps d'Al Mazrak, la plupart des personnes déplacées hésitent à rentrer principalement pour des raisons de sécurité. En général, les gens sont prudents et ils veulent être rassurés sur le fait que le rétablissement de la paix sera durable. Ils craignent également les mines antipersonnel et les munitions non explosées jonchant encore le sol dans plusieurs quartiers de Sa'ada touchés par les combats. Leurs inquiétudes sont renforcées par des informations faisant état d'incidents mortels dus aux mines antipersonnel et aux munitions non explosées dans plusieurs quartiers de Sa'ada.
Malgré des campagnes menées de façon constante pour la sensibilisation sur les mines, des incidents mortels sont fréquents. Le lundi 22 mars, un groupe de garçons vivant dans le camp d'Al Mazrak 3 sont sortis pour collecter du bois de chauffe près du village de Malaleth. L'un d'eux, âgé de 16 ans, a trouvé un objet attrayant et l'a ramassé. La mine antipersonnel l'a tué sur le coup. Un jour plus tard, une mine antipersonnel a explosé au marché de Mazrak tuant trois enfants et deux adultes. Un enfant et six adultes ont été blessés et hospitalisés. L'équipe de déminage a trouvé un autre engin non explosé dans ce quartier et a procédé à sa neutralisation. Ces incidents malheureux et évitables ajoutent un caractère d'urgence aux appels du HCR pour un effort d'élimination rapide et intensive des mines antipersonnel dans le nord du Yémen.