Quatrième camp ouvert en Ethiopie à l'intention des Somaliens, augmentation des arrivées à Dadaab
Quatrième camp ouvert en Ethiopie à l'intention des Somaliens, augmentation des arrivées à Dadaab
Note aux reporters et aux rédacteurs :
Dans le cadre du point de presse d'aujourd'hui au Palais des Nations à Genève, le Représentant du HCR pour la Somalie, M. Bruno Geddo, s'est entretenu au téléphone avec les journalistes accrédités. Voici le résumé de sa déclaration :
Le Représentant du HCR en Somalie, Bruno Geddo, vient de rentrer de Dollow en Somalie, le principal point de transit sur un corridor utilisé par les Somaliens déracinés pour parvenir aux camp de réfugiés de Dollo Ado en Ethiopie de l'autre côté de la frontière.
En temps normal, la population de la ville de Dollow est d'environ 30 000 personnes. Alors qu'il était sur place, Geddo a constaté un flux constant de Somaliens déracinés dans la ville qu'il estime à plus de 2 000 personnes. Ils viennent des villes de Garbaharey, Bardere et El Wak (région de Gedo), ainsi que des villes dans les régions de Bay et Bakool. En général, ceux qui viennent du sud de Baidoa (région de Bay) se dirigent vers Mogadiscio en quête d'assistance alors que ceux qui sont plus près de Luq (région de Gedo) se dirigent vers Dollow.
Geddo a parlé avec un certain nombre de personnes déplacées de Dollow pour se faire une idée plus juste des motifs de déplacement et pour savoir pourquoi le nombre de personnes arrivant au camp de Dollo Ado avait diminué ces dernières semaines - de 2 000 par jour il y a un mois à environ 250 aujourd'hui.
On lui a répondu qu'initialement les personnes avaient été averties par Al-Shabaab que l'assistance humanitaire arrivait, aussi restaient-ils dans cette attente. A la fin de juillet, la situation n'avait pas beaucoup changé et les personnes ont décidé d'aller chercher l'assistance ailleurs. Certains avaient commencé à se diriger vers Baidoa et Mogadiscio - au lieu de l'intérieur de l'Ethiopie - alors que des nouvelles arrivaient concernant une assistance de grande envergure vers ces deux villes.
Des nouvelles se répandaient également en Somalie venant de personnes qui étaient parvenues au camp de Dollo Ado selon lesquelles l'assistance qui y était distribuée ne répondait pas aux attentes - essentiellement le type de denrée et les retards.
Les déplacés internes ont également signalé des obstacles sur la route pour empêcher des arrivées massives.
Geddo a dit que beaucoup de personnes venaient juste de partir ou étaient encore en route dans la mesure où la décision de partir était difficile à prendre. Malgré la sécheresse, certaines personnes choisissaient de rester pour travailler à la ferme et récolter les fruits de leur travail alors que d'autres attendaient les transferts d'argent de l'étranger avant de partir.
Suite à l'afflux à Dollow au cours des trois derniers mois, un site spontané de déplacés internes s'était installé sur les rives du fleuve Juba, dans une zone connue sous le nom de Kasale. Les déplacés internes y vivaient dans des abris de fortune et survivaient grâce à des dons alimentaires venant de la population locale. Dans la mesure où l'afflux actuel se poursuit depuis plus de trois mois, les ressources des locaux pour venir en aide aux déplacés internes sont sérieusement mises à l'épreuve.
A Kasale, Geddo a rencontré une femme âgée de 60 ans qui avait marché 45 jours depuis Bardere avec sa fille et trois petits enfants en quête de nourriture. Elle a déclaré que les denrées alimentaires disponibles à Bardere étaient si onéreuses que la plupart des gens ne pouvaient les acheter. Elle a aussi fui les hostilités dans la ville.
On a montré à Geddo un cimetière dans les alentours avec des dizaines de tombes de personnes décédées au cours des trois derniers mois du fait de la malnutrition et de l'ingestion d'eau non potable.
La plupart des personnes interviewées ont dit à Geddo qu'elles voulaient rester en Somalie où elles pouvaient survivre grâce à de menus travaux et se sentaient davantage à la maison. La plupart des déplacés internes de Bay et de Bakook sont des agriculteurs et veulent rester près de leurs terres afin de rentrer rapidement lorsque la saison des pluies arrivera en octobre.
Une organisation locale construit un «centre de transit » - une zone de 200 mètres sur 200 métres équipée de latrines et de points d'eau dans une région connue sous le nom de Kabasa, à trois kilomètres de la ville de Dollow. Ce centre est aménagé sur un terrain plus important mis à la disposition par les autorités locales et peut être agrandi si nécessaire. Geddo a dit que le HCR distribuerait des ensembles d'aide d'urgence à Kabasa et prévoit d'y établir un bureau au cours des prochaines semaines grâce à l'arrivée de personnel d'urgence.
Quatrième camp ouvert en Ethiopie à l'intention des Somaliens, augmentation des arrivées à Dadaab - Andrej Mahecic
En Ethiopie, le HCR, en partenariat avec le Gouvernement éthiopien et l'OIM, a commencé le transfert ce matin de presque 15 000 réfugiés somaliens vivant dans un centre de transit surpeuplé à Dollo Ado. Les réfugiés seront conduits au nouveau camp de Hilaweyn, le quatrième dans la région de Dollo Ado. L'OIM escompte transférer 1000 réfugiés chaque jour vers le nouveau camp, opération qui devrait s'achever sous 48 heures.
Notre partenaire dans le secteur de la santé, MSF, escompte faire subir un examen médical aux réfugiés à leur départ du centre de transit pour garantir des soins appropriés aux malades. On craint une épidémie de rougeole dans les camps de Dollo Ado, plusieurs cas étant suspectés dans le centre de transit ainsi que dans d'autres camps de la région. Jeudi, les agents de santé communautaire dans le camp de Kobe ont fait état de 25 décès dans le camp hébergeant 25 000 personnes. La moitié de ces décès serait due à l'épidémie de rougeole. La priorité actuelle consiste à renforcer la surveillance pour dépister de nouveaux cas et les faire suivre par les services de santé. Un vaccin anti-rougeoleux pour l'ensemble des enfants âgés de moins de 15 ans est également prévu.
Les préparatifs visant à ouvrir le nouveau camp de Hilaweyn incluent le transport d'eau potable par Oxfam (Royaume Uni) pour 10 000 personnes ainsi que l'établissement d'une usine de traitement de l'eau près du camp. MSF-Hollande continue les préparatifs d'aménagement d'un dispensaire. Le HCR a déjà installé plus de 550 tentes à l'intention de 2 500 personnes. Jusqu'à 200 tentes familiales par jour doivent être montées pour faire face aux transferts organisés depuis le centre de transit.
Dimanche, le HCR et le gouvernement conduiront une mission d'évaluation Nations Unies/ONG d'une semaine à Morodile, localité frontalière dans la région de Gode au sud-est de l'Ethiopie où quelque 2 000 Somaliens ont rejoint l'Ethiopie au cours des dernières semaines. Morodile se situe à quelque 150 kilomètres de la ville de Gode, au sud-est d'Addis Abeba. Les Somaliens récemment arrivés viennent essentiellement des régions de Wajid et Hudur dans les régions de Bay et de Bakool en Somalie. Selon l'ONG, Merlin, qui travaille dans la région et a fourni une assistance à quelques Somaliens, la situation globale y est extrêmement inquiétante. L'aide humanitaire est urgente, particulièrement depuis que les Ethiopiens locaux - eux-mêmes durement touchés par la sécheresse - ont partagé leurs maigres denrées. L'équipe d'évaluation déterminera les besoins des locaux et des Somaliens ainsi que des solutions éventuelles pour ce groupe relativement isolé.
Au Kenya, le nombre d'arrivées quotidiennes de réfugiés somaliens dans les trois camps de Dadaab a augmenté pour représenter en moyenne 1 500 personnes au cours des quatre premiers jours d'août - jusqu'à 1 300 par jour en juillet.
Quelque 116 000 réfugiés somaliens sont arrivés à Dadaab cette année. Environ 76 000 d'entre eux sont arrivés à Dadaab ces deux derniers mois. A leur arrivée au centre d'accueil établi dans chacun des camps, tous les nouveaux réfugiés reçoivent une ration alimentaire de 21 jours de la part du PAM, des bâches en plastique, des ustensiles de cuisine, des jerrycans, des couvertures, des matelas et du savon.
Depuis le 6 juin, plus de 41 000 réfugiés se sont enregistrés auprès du Département gouvernemental kényan pour les réfugiés et ont reçu des cartes de ration alimentaire.
Les réfugiés qui se sont installés au pourtour des camps, dans des régions inhospitalières, sont actuellement transférés vers le nouveau site, l'Extension d'Ifo. Au cours des 11 derniers jours, plus de 12 000 réfugiés ont été transférés dans l'Extension d'Ifo, camp de tentes. A fin novembre, le HCR prévoit de transférer 180 000 réfugiés dans cette Extension d'Ifo ainsi qu'un autre site qui est actuellement aménagé.
Parallèlement, le pont aérien humanitaire du HCR vers la Somalie - le premier depuis plus de cinq ans - devrait commencer au début de la semaine prochaine. Le premier des trois vols prévus devrait atterrir à l'aéroport international de Mogadiscio le lundi 8 août. L'Ilyushin IL-62 affrété par le HCR acheminera plus de 31 tonnes de matériaux d'abris et autres articles de secours depuis notre entrepôt d'urgence de Dubaï à l'intention des Somaliens déplacés vivant dans la capitale. Nous estimons qu'environ 100 000 Somaliens, jetés sur les chemins de l'exil par la sécheresse et la famine, sont arrivés dans la région de Mogadiscio au cours des deux derniers mois en quête de nourriture, d'eau, d'abris et d'autres secours.
Sur le front du financement, nous avons été encouragés par la réponse initiale des gouvernements et des donateurs privés à notre appel d'urgence. Néanmoins, nous faisons toujours face à une pénurie cruciale de fonds pour nos opérations d'urgence en Somalie, au Kenya, en Ethiopie et à Djibouti. Si de nouveaux fonds ne sont pas rapidement versés, cette pénurie aura un impact sur l'assistance humanitaire vitale destinée à des dizaines de milliers de réfugiés et déplacés somaliens.
Le HCR a lancé un appel afin de recueillir plus de 144 millions de dollars E-.U. pour fournir une protection et une assistance d'urgence dans la Corne de l'Afrique jusqu'à la fin de l'année. A ce jour, nous avons reçu des contributions fermes ou annoncées d'une valeur de 65 millions de dollars E-.U. Ce montant couvre moins de 45 pour cent des besoins identifiés. Nous lançons un appel aux pays donateurs, au secteur privé et aux particuliers pour qu'ils annoncent de toute urgence des contributions afin de combler le déficit existant.
Consultez la rubrique du site Internet du HCR sur la crise somalienne. Pour faire un don au HCR, rendez-vous sur la page suivante : situation d'urgence dans la corne de l'Afrique. Suivez le HCR en français sur Facebook et sur Twitter.