Iraq : Le HCR craint un accroissement du déplacement interne

Des réfugiés iraquiens continuent à arriver en Syrie, cependant en moins grand nombre qu'avant. Les employés de l'UNHCR sur le terrain qui se sont rendus à la frontière entre l'Iraq et la Syrie hier (lundi) estiment qu'environ 300 personnes ont pu entrer en Syrie. La plupart d'entre elles avaient demandé un visa à Bagdad. Ces personnes remplissaient les critères des nouvelles règlementations pour obtenir des visas, et avaient déclaré qu'elles allaient en Syrie pour des raisons commerciales, d'études universitaires ou pour retrouver des membres de leur famille qui, soit avaient un visa pour la Syrie, soit étaient eux-mêmes Syriens.

Des Iraquiens interviewés hier à la frontière ont déclaré avoir reçu leurs visas à l'ambassade syrienne de Bagdad. L'un d'entre eux a mentionné l'insécurité qu'ils ont dû affronter pour se rendre dans le quartier d'Al Mansour et a indiqué qu'à l'ambassade, le temps d'attente était très long, à cause du manque de personnel.

En ce qui concerne l'intérieur de l'Iraq, nous suivons de près le développement de la situation à la frontière entre l'Iraq et la Turquie. Le nord de l'Iraq est la région du pays où les problèmes sécuritaires sont moindres et qui abrite plus de 800 000 déplacés internes iraquiens. Fin septembre, les bombardements des villes iraquiennes à la frontière iranienne ont provoqué le déplacement d'au moins 340 familles. L'UNHCR s'inquiète de l'instabilité permanente qui pourrait causer d'autres déplacements.

Actuellement, près de 2,3 millions d'Iraquiens sont déplacés à l'intérieur du pays. Parmi eux, plus d'un million étaient déplacés avant 2003. Environ 190 000 étaient déplacés entre 2003 et 2005, et un peu plus d'un million suite au premier bombardement de Samarra, en février 2006.

De plus, quelque 2,2 millions d'Iraquiens ont fui vers les pays voisins, surtout en Syrie et en Jordanie. Nous craignons que le déplacement dans les régions du centre et du sud de l'Iraq n'augmente, car trouver un lieu en sécurité en dehors du pays et dans le nord devient de plus en plus difficile. Au moins 11 sur les 18 gouvernorats en Iraq ont établi des restrictions concernant les mouvements à l'intérieur du pays.

En Syrie, les opérations de remise en état se poursuivent dans un centre d'enregistrement de l'UNHCR à Douma, à 15 kilomètres de Damas, où un grave incendie s'est déclaré vendredi et a détruit des articles de secours pour une valeur d'un million de dollars. Nous espérons pouvoir reprendre les enregistrements vers la fin de cette semaine.

L'UNHCR en Syrie a enregistré jusqu'à présent plus de 128 000 Iraquiens réfugiés en Syrie (dont 83 000 en 2007), la plupart à Bagdad. Quelque 36 pour cent du total ont des besoins spécifiques. Sur cette population, quelque 19 pour cent nécessitent des soins médicaux, quatre pour cent sont des enfants ou des adolescents à risque, deux pour cent des handicapés, un pour cent des personnes âgées et deux pour cent des femmes à risque.

L'UNHCR a identifié près de 6 700 familles qui pourront bénéficier d'un programme d'aide financière que l'agence va lancer plus tard cette année, en coopération avec une banque privée syrienne. Selon l'évaluation des employés de l'UNHCR s'occupant des services communautaires, ces familles recevront entre 100 et 200 dollars par mois.

En Jordanie, l'UNHCR a enregistré 48 833 Iraquiens, dont 87 pour cent est originaire de Bagdad. Près de 14,4 pour cent d'entre eux ont des besoins spécifiques, bien que l'UNHCR estime que cette proportion augmentera considérablement lorsque les équipes de proximité rendront visite aux familles, car ces dernières ont souvent peur de se rendre dans les bureaux de l'agence.