Colombie : une mission confirme de nouveaux déplacements
Colombie : une mission confirme de nouveaux déplacements
Une équipe de l'UNHCR qui s'est rendue à Bellavista dans la province ouest de Chocó en Colombie a confirmé que quelque 1 200 afro-colombiens avaient fui leur village le long de la rivière Bojaya, et les combats entre différents groupes armés qui se trouvent dans cette zone. Le nombre de personnes déplacées semble être en train d'augmenter.
Cette équipe UNHCR, basée dans notre bureau de Quibdó, s'est rendue à Bellavista pour enquêter sur des rapports faisant état de récents déplacements, pour évaluer la situation sur le terrain et aider à coordonner l'assistance humanitaire avec les autorités municipales et les services sociaux de solidarité, le groupe gouvernemental colombien chargé de fournir de l'assistance aux personnes déplacées.
Ces rapports précisaient que les guérillas des FARC et les paramilitaires AUC se déplacent vers la zone de la rivière Bojaya, alors que, dans le même temps, l'armée colombienne prépare une offensive dans cette région. Par peur des combats qui pourraient survenir entre ces différents groupes armés, les communautés afro-colombiennes de la Loma, Piedra Candela et Caimanero ont fui leurs maisons au début de cette semaine. Les habitants de Piedra Candela avaient déjà été pris dans des combats par le passé qui les avaient déracinés et avaient seulement pu rentrer chez eux en septembre dernier. Ces combats avaient également précédemment provoqué le déplacement de résidents de Caimanero.
Les personnes déplacées sont maintenant à Bellavista, le plus important village de la région. Les autorités municipales de Bojaya leur fournissent des secours d'urgence (nourriture et hébergement), mais ont fait savoir que l'infrastructure d'accueil à l'intérieur du village était insuffisante pour un si grand nombre de personnes.
Environ 7 000 personnes vivent dans la municipalité de Bojaya et quelque 5 000 d'entre elles risquent d'être déplacées, selon les autorités locales. En novembre dernier, l'UNHCR a alerté les autorités sur le fait que la présence de plus en plus importante de ces groupes armés irréguliers dans la région pourrait provoquer une vague de déplacement de masse. Le bureau du Représentant (Ombudsman) colombien a émis un premier signal d'alarme sur la région seulement le mois dernier.
La région est tristement connue pour les massacres qui ont eu lieu en mai 2002, lorsque 119 personnes qui avaient trouvé refuge dans l'église de Bellavista ont été tuées par un obus de mortier durant les combats entre la guérilla des FARC et les paramilitaires AUC. Des milliers de personnes ont quitté la région après les massacres, et des centaines d'autres n'y sont toujours pas encore retournées.
L'année dernière, des combats entre divers groupes armés et les forces militaires colombiennes, ont causé le déplacement des populations à grande échelle. En mars, 1 200 indigènes Embera ont quitté leur maison le long des rivières de l'Opogado, Napipi et Bokaya suite à des affrontements entre les groupes armés. Plus tard, ils ont regagné leur village après l'été dernier. En mai, plus de 1 000 Afro-colombiens ont quitté leur maison pour chercher refuge à Bellavista après des combats entre l'armée colombienne et la guérilla des FARC.
Pendant ce temps, dans les régions de Novita et Condoto, au sud de Chocó, des groupes armés irréguliers imposent des barrages pour empêcher les marchandises d'atteindre leurs ennemis, provoquant une pénurie pour la population civile et causant ainsi des conditions de vie difficiles. Quelque 450 personnes nouvellement déplacées ont été enregistrées à Condoto ces derniers jours.
L'UNHCR en appelle à toutes les parties engagées dans le conflit colombien pour se plier aux règles internationales en matière de droit humanitaire et de respecter la population civile.