Burundi : inquiétude face aux intimidations subies par les demandeurs d'asile rwandais
Burundi : inquiétude face aux intimidations subies par les demandeurs d'asile rwandais
L'UNHCR est extrêmement inquiet à la suite de rapports faisant état de demandeurs d'asile rwandais au Burundi qui seraient victimes d'intimidation physique et verbale pour les obliger à rentrer chez eux.
Des demandeurs d'asile dans le site de Ntega, dans la province du nord est de Kirundo, ont raconté au personnel de l'UNHCR que mercredi soir, des militaires burundais ont détruit leurs abris et les ont battus avec des bâtons. Les soldats leur également dit qu'ils seraient à nouveau battus si ils n'avaient pas quitté ce site avant le lendemain soir.
Quand le personnel de l'UNHCR est arrivé sur place le matin suivant, seulement une petite centaine, parmi les 1 500 demandeurs d'asile qui demeuraient à Ntega, était encore là. La plupart avaient emballé leurs effets personnels. Quelques heures plus tard, le personnel de l'UNHCR a vu 2 pick-ups et 3 camions quitter le site à destination du Rwanda, transportant environ 250 à 300 personnes. Beaucoup d'autres demandeurs d'asile sont partis à pied. Seulement 2 familles étaient encore sur place à la fin de l'après-midi.
Le bureau de l'UNHCR à Bujumbura a immédiatement contacté les autorités burundaises après avoir reçu ce rapport. L'UNHCR avait reçu auparavant l'assurance des autorités burundaises après une réunion le 27 avril, que le principe fondamental de non-refoulement serait respecté, ainsi que le caractère volontaire du rapatriement. L'UNHCR a également demandé aux forces de l'ONUB (forces de maintien de la paix au Burundi) d'être présentes sur les sites dans la zone frontière.
Quatre des sept sites temporaires, où les demandeurs d'asile rwandais étaient présents depuis début avril, sont maintenant déserts. Quelques-uns des demandeurs d'asile partent grâce à des camions envoyés par le gouvernement rwandais pour les ramener chez eux, mais la plupart d'entre eux rentrent à pied. L'UNHCR ne participe pas à l'organisation de ces départs, et n'est pas présent lorsque les demandeurs d'asile quittent ces sites. Le personnel des Nations Unies au Burundi fait l'objet de couvre-feu entre 16h00 et 9h00 du matin, la plupart des départs semblent s'effectuer durant ces heures.
Il est difficile de savoir exactement combien des 7 000 Rwandais qui sont arrivés au Burundi sont repartis. Nous ne pouvons confirmer que toutes les personnes qui sont parties soient retournées au Rwanda. Nous pensons que quelques-unes de ces personnes qui ont quitté les sites se cachent dans les régions voisines.
Les autorités burundaises et rwandaises mènent actuellement des campagnes d'information dont l'objectif est, disent-elles, d'encourager les Rwandais à rentrer chez eux. Ces campagnes devaient se terminer jeudi mais les autorités ont dit qu'elles seraient prolongées pendant encore une semaine. Les équipes de l'UNHCR participent le plus possible à ces réunions avec les demandeurs d'asile tout en tenant compte des restrictions liées à la mise en place du couvre-feu.
Les demandeurs d'asile indiquent avoir fui vers le Burundi en raison des craintes des tribunaux « gacaca » qui jugent les auteurs du génocide rwandais, mais ils citent également des menaces, des rumeurs de massacre et des attaques de vengeance pour justifier leur fuite du Rwanda. Les nouveaux arrivants vivent dans des conditions précaires le long de la frontière depuis le début avril. A la mi-avril, l'UNHCR a relocalisé quelque 1 800 d'entre eux dans deux centres de transit plus à l'intérieur du Burundi. Toutefois, tous les transferts ont été suspendus le 23 avril suite à une décision des autorités burundaises.