Colombie : des centaines d'indigènes Awás fuient les combats à Nariño
Colombie : des centaines d'indigènes Awás fuient les combats à Nariño
Plus de 1 000 membres d'un groupe indigène ont trouvé refuge à l'intérieur d'une école pour échapper aux combats se déroulant sur leur territoire dans le sud de la Colombie. Des centaines d'Awás ont fui leur terre près de la ville de Tumaco sur la Côte Pacifique lorsque les combats ont commencé mardi matin entre l'armée et un groupe armé irrégulier. Hier (jeudi), quelque 1 018 personnes au total s'étaient regroupées dans une école, dans un petit village de Inda Sabaleta, à environ 25 minutes par la route de leurs communautés et attendaient de pouvoir rentrer chez elles.
Selon l'équipe locale du personnel de l'UNHCR, la moitié du groupe de 488 personnes est constituée d'enfants de moins de 16 ans. Les autorités locales ont distribué de la nourriture durant les trois derniers jours et un médecin est présent sur le site. L'UNHCR a offert son soutien pour subvenir aux besoins en eau, sanitaire et hébergement.
La zone fait partie du département de Nariño, qui a souffert au cours de ces dernières années de la plus grande violence en Colombie. Depuis le début de l'année 2007, on recense 18 cas de déplacement de masse impliquant plus de 50 personnes se déplaçant en une fois dans Nariño. Au total, plus de 10 000 personnes ont été contraintes à quitter leurs foyers. Des combats armés, la présence de groupes irréguliers, des assassinats ciblés et des mines antipersonnelles ont contribué à l'accroissement de la tendance de déplacement forcé. On compte environ 21 000 Awás présents en Equateur et en Colombie.
Cette nouvelle crise coïncide avec une audience de la Cour Constitutionnelle qui recherche plus d'informations de la part du gouvernement sur les mesures en place pour protéger les peuples indigènes dans le contexte de déplacement forcé. Au cours d'une audience prévue aujourd'hui (vendredi), les représentants de groupes indigènes originaires de toute la Colombie, et notamment des Awás de Nariño, vont présenter la situation dans chacune de leur communauté. A l'invitation de la Cour Constitutionnelle, l'UNHCR sera également présent.
En vertu des Principes directeurs des Nations Unies relatifs au déplacement interne, l'Etat a des obligations particulières pour empêcher le déplacement forcé de peuples indigènes et d'autres personnes qui ont une relation spéciale à la terre. Cette audience a été sollicitée après que la Cour Constitutionnelle de la Colombie ait trouvé l'année dernière qu'il existait des « manques persistants » d'attention particulière concernant les droits des peuples indigènes, qui pourraient mettre en péril la survie culturelle des communautés déplacées.
Il existe 87 groupes indigènes différents en Colombie qui représentent au total trois pour cent de la population totale du pays comptant 42 millions de personnes. Ces groupes détiennent l'un des héritages indigènes les plus riches et les plus variés au monde. La survie de leur culture dépend grandement de leur possibilité de rester sur des territoires ancestraux et tout déplacement leur fait courir de grands risques.