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Séparées par la ligne de conflit, les familles ukrainiennes luttent pour leur survie

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Séparées par la ligne de conflit, les familles ukrainiennes luttent pour leur survie

Le conflit dévastateur en Ukraine entre dans sa quatrième année. Les points de contrôle entre des villages dans l'est du pays déchire les familles.
11 Août 2017 Egalement disponible ici :
Deux femmes s'approchent d'un point de contrôle et d'un panneau d'alerte sur la présence de mines terrestres antipersonnel dans la ville de Donetsk, déchirée par le conflit.

Valentina, 70 ans, marche difficilement avec un bâton. Son mari Gennadiy lui tient la main pour l'aider, mais il a également des difficultés pour marcher. Ensemble, comme des milliers d'autres Ukrainiens, ils doivent traverser une frontière établie de facto à l'est du pays pour rendre visite à des proches, toucher leurs prestations sociales et recevoir des soins médicaux.


Entourés de champs de mines antipersonnel, les points de contrôle sont la seule façon de voyager entre les zones déchirées par le conflit dans l'est de l'Ukraine. Pour de nombreux Ukrainiens, cet itinéraire dangereux mais inévitable fait partie de leur trajet de routine.

Pour franchir un point de contrôle, Valentina et Gennadiy doivent parcourir environ 600 mètres à pied depuis un arrêt de bus, puis attendre les documents nécessaires avant de prendre deux bus pour arriver au poste de contrôle de l'autre côté. Un trajet comme celui-ci peut être difficile pour tout un chacun mais, pour les personnes vulnérables à mobilité réduite, il est insupportable. « C'est inhumain », explique Valentina, en essuyant ses larmes.

« Nous n'avons pas choisi de vivre comme ça. »

Katya*, quatre ans, et sa Maman traversent régulièrement le poste de contrôle dans le village de Marinka.

Les autorités ukrainiennes ont enregistré plus de six millions de passages de la ligne de contact depuis début 2017. Ce chiffre s’approche déjà des 8,5 millions de passages enregistrés en 2016. L'une des raisons de cette mobilité accrue est la procédure de vérification mise en place par le gouvernement ukrainien, en amont des versements de prestations sociales. Pour de nombreuses personnes vulnérables dans les territoires non-contrôlés par le gouvernement, ces paiements sont essentiels à leur survie, ce qui ne les oblige à effectuer les allers et retours. 

« Nous n'avons pas choisi de vivre comme ça », explique Viktoria*, qui tient dans ses bras sa fille de quatre ans, Katya*. Elles traversent toutes les deux la ligne de contact une fois tous les deux mois pour rendre visite à son grand-père malade. Alors que Katya attend un bus avec sa Maman, des bruits des tirs résonnent soudain aux alentours, alors que les combats se poursuivent.

« C'est inhumain. »

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est préoccupé par les difficultés liées à la liberté de circulation des civils, en particulier pour le passage de la ligne de conflit.

« Il y a souvent de longues files d'attente et des retards aux points de contrôle », a déclaré Andrej Mahecic, porte-parole du HCR, lors d'un point de presse à Genève, vendredi 11 août. « Les personnes qui attendent de pouvoir traverser n'ont qu'un accès limité aux services essentiels tels que des points d'eau potable, des latrines, des abris contre les intempéries et des soins médicaux. »

Avec le soutien des Opérations de protection civile et d'aide humanitaire européennes (ECHO) et d'autres donateurs internationaux, le HCR fournit un appui technique et des équipements pour améliorer les conditions aux points de contrôle. Des ordinateurs et du mobilier ont été fournis au service ukrainien des gardes-frontières, afin d'accélérer les procédures administratives et il est prévu d'installer de nouvelles tentes chauffées et des abris à l’ombre pour les piétons qui passent la ligne de contrôle.

Depuis 2015 et la signature de l'Accord de Minsk, le conflit dans l’est de l'Ukraine ne fait plus la une de l’actualité, avec une diminution des tirs souvent considérée comme un signe de stabilisation de la situation. Cependant, les explosions et les bombardements se poursuivent, provoquant des dommages sur les infrastructures et l’insécurité qui expose les civils à des risques mortels. Et, avec de nombreuses familles déchirées par la ligne de contact, l'espoir est mince.

« Nous ne méritons pas cette vie après toutes les années de travail durant lesquelles nous avons contribué pour ce pays », explique Valentina.

 

* Les noms ont été modifiés pour des raisons de protection.