HCR : L'accord sur l'asile conclu entre l'Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée présente des défis en matière de protection
HCR : L'accord sur l'asile conclu entre l'Australie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée présente des défis en matière de protection
Le HCR a examiné les mesures annoncées par le gouvernement australien le 19 juillet concernant les demandeurs d'asile arrivant en Australie par bateau.
Nous reconnaissons que ces mesures sont prises dans le contexte d'une augmentation des arrivées de personnes exploitées qui entreprennent ce dangereux voyage en mer - avec notamment un nombre inquiétant de familles, d'enfants non accompagnés et d'autres personnes vulnérables.
Nous partageons la préoccupation de l'Australie face au danger mortel que représentent ces voyages et nous associons à son engagement à aborder les défis complexes que posent ces arrivées pour l'Australie et d'autres pays de la région. Le HCR remercie les autorités australiennes et indonésiennes responsables de la recherche et du sauvetage de veiller à ce que les pertes humaines dans le cadre de ces voyages s'arrêtent là. Le HCR souligne également la générosité dont fait preuve l'Australie dans le cadre de la réinstallation des réfugiés.
En ce qui concerne ces nouvelles mesures, le HCR est préoccupé par l'absence actuelle de normes pertinentes en matière de protection des demandeurs d'asile et des réfugiés en Papouasie-Nouvelle-Guinée. L'arrangement régional de réinstallation conclu entre l'Australie et le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée soulève de sérieuses questions en matière de sécurité qui n'ont jusque-là pas été abordées.
Sur la base de visites en Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'évaluation du HCR conclut que le cadre juridique pour la réception et le traitement des demandeurs d'asile en provenance d'Australie présente des lacunes importantes et met notamment en évidence un manque de capacité et d'expertise nationales en matière de traitement et les mauvaises conditions physiques dans les installations de détention ouvertes et les installations de détention obligatoire et arbitraire. Ces lacunes peuvent s'avérer préjudiciables au bien-être physique et psychosocial des personnes transférées, en particulier pour les familles et les enfants.
Si le HCR comprend que plusieurs problèmes sont pris en charge, il reste préoccupé par la perspective de transferts supplémentaires en vertu du nouvel arrangement régional en l'absence de garanties pertinentes en matière de protection, vers des installations qui resteront temporaires sur l'île de Manus dans un avenir prévisible.
L'arrangement envisage également une installation permanente en Papouasie-Nouvelle-Guinée des réfugiés reconnus, sans aucune perspective de réinstallation en Australie. Sur la base de son expérience acquise en matière de soutien des réfugiés mélanésien et non mélanésien depuis plus de 30 ans, le HCR sait que l'intégration durable des réfugiés non mélanésiens dans la vie socio-économique et culturelle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée va poser d'énormes défis et soulever des questions en matière de protection.
Le HCR considère que, dans le contexte des arrangements de transfert, l'Australie conserve une responsabilité partagée avec la PNG d'assurer le respect des normes juridiques pertinentes. Ces normes doivent comprendre un accès à des solutions durables en Australie. Par principe, le HCR recommande toujours que les pays offrent aux réfugiés la protection sur leur territoire, peu importe la manière dont ils sont arrivés.
La semaine dernière, le HCR a rencontré les représentants du gouvernement australien à Genève et Canberra, et continue de discuter avec l'Australie et la PNG des défis très importants politiques, juridiques et opérationnels auxquels ils sont confrontés pour garantir une protection adéquate aux demandeurs d'asile et aux réfugiés affectés par l'arrangement régional.
Dans l'ensemble, le HCR estime que des efforts de coopérations plus intenses devront être mis en oeuvre afin de remédier aux enjeux complexes liés aux mouvements maritimes irréguliers. L'objectif principal doit rester de trouver des manières pour compléter - plutôt que miner - les systèmes nationaux en matière d'asile sur la base des principes fondamentaux de la Convention de 1951 relative aux réfugiés. C'est un élément important pour les pays impliqués, pour le système international en matière d'asile et pour toutes les personnes qui ont besoin d'une protection internationale.