L'éducation aide les jeunes réfugiés en Jordanie à affronter l'exil et le passé
L'éducation aide les jeunes réfugiés en Jordanie à affronter l'exil et le passé
AMMAN, Jordanie, 23 décembre (HCR) - Omar* a enduré certaines expériences difficiles et douloureuses à un très jeune âge. Maintenant, le réfugié de 13 ans apprend des choses positives à l'école dans la capitale jordanienne Amman, trois ans après avoir fui l'Iraq avec ses cinq frères et sœurs.
Timide de nature, la vie d'Omar a commencé à s'effondrer autour de lui quand son père, policier à Bagdad, a été assassiné par des miliciens. Il se souvient d'un grand choc quand il a appris la nouvelle de la mort de son père. « A ce moment-là, j'ai su qu'il n'était plus possible de rester à Bagdad », s'est rappelé le garçon.
Puis est venu le traumatisme de la fuite vers la Jordanie voisine pour rejoindre sa mère, partie en avance pour voir s'ils y seraient en sécurité. « Je ne pensais pas que ces jeunes enfants seraient capables de résister au voyage », a affirmé leur oncle Fahad*, qui les a emmenés cachés dans un taxi. « Dieu nous a donné la force d'être silencieux et patients jusqu'au franchissement de la frontière vers la Jordanie. »
A Amman, ils étaient en sécurité mais leur supplice n'était pas terminé. La mère d'Omar, craintive, avait fui vers le Royaume-Uni sans pouvoir emmener les enfants dont les passeports et les documents d'identité avaient été égarés dans la précipitation pour fuir Bagdad. Elle bénéficie d'une assistance socio-psychologique au Royaume-Uni et sa situation difficile comme son absence sont également très dures pour Omar et ses frères et sœurs.
Parmi toutes ces leçons douloureuses, il y a eu une évolution positive très importante pour Omar et deux de ses frères. De nombreux jeunes, contraints de fuir l'Iraq ces dernières années, ont dû interrompre leurs études - certains n'avaient pas les bons documents, tandis que d'autres ne pouvaient pas se payer les écoles privées.
Dans un camp de réfugiés, ils auraient eu au moins accès à l'éducation primaire grâce à l'aide du HCR et à d'autres organisations. Mais l'accès à l'éducation en milieu urbain, où la plupart des réfugiés iraquiens vivent, n'est pas facile en particulier pour les personnes ayant des ressources limitées.
C'était le cas d'Omar, incapable de s'inscrire à l'école à son arrivée à Amman faute de permis de séjour. L'oncle Fahad, qui s'occupe des enfants tout en travaillant sur un marché de légumes, passait quatre heures par jour à apprendre à lire et à écrire à ses deux nièces et à ses quatre neveux. C'était très difficile, mais il estimait que c'était son devoir.
Mais les choses ont vite changé, grâce à la générosité et à la solidarité du Gouvernement et des habitants de Jordanie qui accueillent des centaines de milliers de réfugiés iraquiens. En 2007, un décret royal a ouvert les écoles publiques aux enfants iraquiens quel que soit leur statut juridique.
Omar a été inscrit dans une école primaire à l'est d'Amman mi-2009, mais comme il avait manqué l'école pendant deux ans, il a dû commencer à un niveau inférieur. Cela ne le dérange pas ; pour la première fois en trois ans, il lui arrive quelque chose de bien.
« Je ne pourrais pas être plus heureux d'être à l'école ; j'ai enfin la chance d'apprendre et d'étudier », a-t-il dit fièrement. « Mon cours préféré est sans hésitation l'arabe ; l'enseignant nous apprend vraiment bien et, grâce à l'aide de mon oncle, l'arabe est aussi assez facile », a ajouté le garçon en souriant.
D'autres personnes ont remarqué le changement chez le jeune Iraquien. « Omar a énormément changé depuis qu'il est inscrit à l'école, mais il fait encore face à des difficultés », a affirmé son oncle. « Au plan personnel, il a des amis maintenant - à la fois iraquiens et jordaniens. Au plan scolaire, même s'il a plaisir à apprendre, le programme et le système jordaniens sont totalement différents de ceux en Iraq. »
Fournir une éducation à tous les réfugiés en zone urbaine a posé d'autres problèmes, notamment en termes de mauvais résultats, de brutalités, de capacités limitées et de surpopulation. Certains de ces problèmes sont traités par les organisations humanitaires et les agences des Nations Unies, tandis que d'autres initiatives visent à aider les familles iraquiennes les plus vulnérables à payer les fournitures scolaires, les uniformes, la papéterie et les transports.
En outre, les organisations comme le HCR et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), qui prônent l'éducation pour tous les enfants réfugiés, ont fait pression sur le gouvernement et les donateurs pour couvrir tous les frais de scolarité, y compris les frais d'inscription, pour les enfants iraquiens dont les parents n'ont pas les moyens de payer.
L'année scolaire dernière, les frais de scolarité de 26 800 réfugiés iraquiens dans les écoles primaires et secondaires ont été payés par l'Office d'aide humanitaire de la Commission européenne, plus connu sous le nom d'ECHO.
En attendant, Omar a deux souhaits : retrouver sa mère et voir ses plus jeunes frères et sœurs inscrits à l'école et avoir la chance de progresser.
* Les noms ont été modifiés pour des raisons de protection
Par Dana Bajjali et Ziad Ayad à Amman, Jordanie