Des indigènes colombiens fuient les violences dans des régions reculées
Des indigènes colombiens fuient les violences dans des régions reculées
Des équipes composées de membres de plusieurs agences humanitaires ont rendu visite à quelque 200 personnes indigènes, qui sont arrivées dans des villages reculés du sud-ouest de la Colombie, après avoir fui la violence survenant sur leur territoire collectif. Mardi, le HCR a demandé une enquête approfondie sur les meurtres signalés de 17 indigènes Awás à Telembi Tortugaña, dans l'une des régions du pays les plus isolées et les plus touchées par le conflit. Deux équipes, composées d'employés du HCR ainsi que d'autres agences des Nations Unies et d'ONG, sont arrivées hier (jeudi) dans les villages de Samaniego et de Buenavista, où environ 200 personnes Awás ont trouvé refuge.
Les 114 personnes Awás, qui sont arrivées au village de Buenavista, sont en très mauvaise santé après un périple long et dangereux depuis leur territoire. Il y a de nombreuses mines antipersonnel dans la région. De nombreux enfants présentent des signes de malnutrition chronique. Les infrastructures pour les héberger à Buenavista sont très limitées. Des fonctionnaires de l'organisme national responsable de l'assistance aux personnes déplacées sont arrivés dans la région et ils vont commencer à coordonner la distribution des articles humanitaires. Des biens de secours seront distribués à Samaniego, où 68 Awás sont arrivés jeudi après-midi.
Les autorités Awás ont demandé que toutes les personnes déplacées soient transférées dès que possible hors de la région vers un lieu plus sûr vers le sud, où la communauté locale Awá s'organise pour les recevoir.
Malgré les efforts des autorités pour se rendre sur le lieu du massacre signalé, aucune des institutions civiles étatiques n'a encore réussi à pénétrer dans la zone, et les corps des 17 personnes présumées mortes n'ont pas été retrouvés. Mercredi, des sources locales ont fait état de près de 13 personnes tuées sur un autre territoire collectif connu sous le nom d'El Sandal.
Le HCR réitère son appel pour une enquête judiciaire approfondie sur ces meurtres. L'agence demande à nouveau à toutes les parties de respecter le droit humanitaire international et appelle instamment le Gouvernement colombien à remplir ses obligations de protection des civils.
Situé sur la côte Pacifique le long de la frontière avec l'Equateur, le département de Nariño est l'une des régions de la Colombie les plus touchées par le conflit civil. Ces deux dernières années, il a connu le plus fort taux de déplacement forcé dans le pays. Les Awás sont le plus important groupes d'indigènes dans cette partie de la Colombie et ils sont victimes de harcèlement, de menaces, d'assassinats et de déplacement forcé en raison de la présence de groupes armés sur leur territoire.
Le bureau sur le terrain du HCR à Nariño travaille en étroite collaboration avec les Awás qui, comme de nombreux groupes indigènes colombiens, luttent depuis des années pour rester à l'extérieur du conflit interne dans le pays. Avec 21 000 personnes, les Awás constituent le plus grand groupe d'indigènes à Nariño. Ils font partie des 87 différents groupes indigènes de Colombie. Plus d'un tiers de ces groupes sont en risque d'extinction, principalement en raison des conflits armés et des déplacements forcés.
Plus de 300 000 personnes ont été déplacées en Colombie en 2007 et les premiers chiffres de 2008 montrent une tendance similaire, ce qui porte le nombre total de personnes déplacées internes à plus de 2,8 millions.
Avec 12 bureaux en Colombie, le HCR travaille avec le gouvernement pour l'aider à honorer ses obligations de protection ainsi qu'avec les organisations indigènes dans tout le pays.