Au Pakistan, un ex-village de réfugiés afghans accueille des déplacés
Au Pakistan, un ex-village de réfugiés afghans accueille des déplacés
NOWSHERA, Pakistan, 7 janvier (UNHCR) - Pendant des années, il était connu pour être le plus important village de réfugiés afghans au Pakistan, jusqu'à sa fermeture l'été dernier et la destruction des maisons en briques de terre. Environ six mois plus tard, ce même site est couvert de tentes où est hébergée une autre population déplacée, constituée par des Pakistanais déracinés au sein même de leur propre pays.
Tout comme Jalozai avait fourni un hâvre de sécurité à plus de 100 000 réfugiés afghans ayant fui le conflit dans leur pays d'origine durant plusieurs années, le camp offre maintenant un abri à plus de 11 000 déplacés internes ayant récemment fui les combats survenant dans les zones tribales situées le long de la frontière avec l'Afghanistan. Quelque 100 familles en moyenne arrivent au camp chaque jour.
En fait, ce camp situé dans le district de Nowshera, au Pakistan dans la Province frontière du Nord-Ouest, a été choisi pour l'hébergement des personnes déplacées vivant dans des installations spontanées surpeuplées à travers la province.
Khanzada et sa famille sont récemment arrivés à Jalozai. « Nous avons fui la région de Bajaur Agency [située dans les zones tribales sous administration fédérale] et nous avons dû marcher pendant des heures avant de trouver un moyen de transport », a expliqué l'homme âgé de 50 ans environ. « Pendant quelques jours, nous sommes restés dans un hôtel, puis j'ai entendu parler du camp de Sheikh Yasin par des amis. Pendant deux mois, nous avons vécu dans ce camp puis nous avons été transférés à Jalozai. »
Après un voyage aussi difficile, on peut imaginer que devoir bouger à nouveau était la dernière chose qu'ils souhaitaient. La situation a cependant tourné à leur avantage.
« Sheikh Yasin était l'un des sites spontanés où les déplacés de Bajaur avaient trouvé un refuge temporaire et où ils avaient reçu une première aide d'urgence », a expliqué Monica Noro, coordonateur d'urgence du HCR pour l'opération d'aide aux déplacés internes. « Cependant, ce site de petite taille était le théâtre de nombreux différends fonciers et de problèmes de protection, il était aussi fortement surpeuplé. Des évaluations techniques ont par ailleurs montré qu'il était prédisposé aux inondations et que la nappe phréatique était trop haute, ce qui ne permettait pas de construire une installation adéquate pour la distribution d'eau. »
En tenant compte de ces facteurs, les autorités locales et les agences humanitaires ont convenu du besoin de fermer Sheikh Yasin et de transférer les familles vers Jalozai. « Jalozai est un camp organisé qui répond aux standards internationaux et où des infrastructures adéquates sont établies. Les familles déplacées peuvent être ainsi mieux assistées et protégées », a dit Monica Noro.
Tout d'abord, il n'y a pas de différends fonciers - les terres où se situe Jalozai appartiennent à la communauté et elles sont louées au gouvernement. Le HCR a nettoyé et nivelé le terrain, et a créé un plan pour construire le camp de façon ordonnée. Celui-ci est organisé selon un système de quadrillage, avec 20 tentes par bloc, et il est géré par la Commission pakistanaise pour les réfugiés afghans.
« A Sheikh Yasin, les tentes se trouvaient très proches les unes des autres. Si un incendie se déclarait, il se propageait très rapidement », a expliqué Efren Mariano, un planificateur de site du HCR. « Dans le camp de Jalozai, chaque tente est montée au milieu d'un carré de terrain, avec six mètres d'écart entre les tentes, ce qui favorise la maîtrise des incendies. A Sheik Yasin, les latrines étaient situées loin de la communauté, et elles n'étaient pas éclairées. Par contre, les latrines de Jalozai sont bien éclairées et elles sont construites selon le plan. Chaque bloc dispose de ses propres toilettes. Les blocs sont aussi entourés de bâche en plastique pour respecter l'intimité de la vie privée des déplacés. »
Le HCR a fourni de l'argile, des briques et du bois à chaque famille pour qu'elle puisse construire sa propre cuisine, et ce à une distance suffisante des tentes pour empêcher les incendies. De façon surprenante, ce sont les femmes, d'habitude plutôt réservées, qui sont les plus actives pour construire ces cuisines et le HCR les paye 500 roupies (6,40 dollars) chacune, pour les encourager.
Khanzada, qui dirigeait auparavant une cantine scolaire, était inquiet au sujet de ses enfants. « Je suis si préoccupé par leur éducation », a-t-il dit. « Ils allaient passer leur examen de premier cycle, mais nous avons été forcés à fuir. Mes enfants en sont très tristes. Ici ils ont commencé à aller à l'école, mais vous ne pouvez pas comparer une école de camp à une école privée dans mon village. »
Des agences comme le Fond des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et l'organisation International Rescue Committee (IRC) font leur possible pour que les enfants déplacés retrouvent un semblant de vie normale à Jalozai. Des espaces pour les enfants ont été créés et une tente-école a été établie avec de larges salles de classe.
Pour les soins de santé de base, l'Organisation mondiale pour la santé (OMS) et son partenaire gèrent une clinique dans le camp où sont employés 10 docteurs, des hommes et des femmes.
Le site de Jalozai est développé pour héberger en fin de compte plus de 5 000 familles déplacées. Une fois enregistrée, chaque famille reçoit un kit contenant de la nourriture et des articles non alimentaires. Le HCR fournit aussi des bâches en plastique supplémentaires et des tentes équipées contre les conditions hivernales pour aider les familles durant l'hiver.
Par Rabia Ali à Nowshera, Pakistan