42 millions de personnes sont déracinées dans le monde
42 millions de personnes sont déracinées dans le monde
WASHINGTON D.C., Etats Unis, 16 juin (UNHCR) - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a lancé un appel à la communauté internationale pour que la crise économique mondiale ne porte pas atteinte à l'aide humanitaire.
Dans un discours au National Press Club de Washington lors de la publication du rapport statistique annuel du HCR sur les réfugiés, António Guterres a indiqué que la situation pour les agences humanitaires était « préoccupante », et il a appelé un soutien plus important de la part des pays donateurs. « Les montants nécessaires pour sauver les gens », a-t-il dit, « sont moindres que ceux servant à sauver les banques. »
Selon le rapport annuel « Tendances mondiales 2008 » du HCR, le nombre de personnes déracinées de force en raison des conflits et des persécutions dans le monde atteignait 42 millions à la fin de l'année dernière dans un contexte de net ralentissement des rapatriements et de conflits plus longs conduisant à des déplacements prolongés. Le total comprend 16 millions de réfugiés et de demandeurs d'asile et 26 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays.
Tout en insistant sur le besoin urgent d'un financement plus important des organisations humanitaires par les pays riches, António Guterres a cité aussi les demandes formulées par les pays qui accueillent d'importantes populations réfugiées, dont la plupart sont des pays en voie de développement.
Le nouveau rapport indique que 80 % des réfugiés dans le monde se trouvent dans les pays en voie de développement, de même que la grande majorité des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays - une population que l'agence des Nations Unies pour les réfugiés prend de plus en plus en charge. Beaucoup sont déracinés depuis des années et aucune issue n'est en vue.
« La charge énorme occasionnée par le déplacement est supportée par des pays en voie de développement », a indiqué António Guterres. « Quatre vingt pour cent des réfugiés se trouvent dans des pays en développement. La générosité et la richesse ne sont pas proportionnels l'un par rapport à l'autre. »
Bien que le nombre total de 42 millions de personnes déracinées à la fin de l'année représente une baisse d'environ 700 000 personnes par rapport à l'année précédente, les nouveaux déplacements en 2009 - qui ne figurent pas dans ce rapport statistique annuel - ont déjà plus que compensé cette diminution.
Parmi les crises de déplacement survenues récemment ou se produisant actuellement, António Guterres a cité le Pakistan, où plus de deux millions de personnes ont été déracinées cette année par la violence entre le gouvernement et des milices, lors de la crise « la plus aiguë en matière de protection depuis le Rwanda [survenue au milieu des années 90]. »
« L'échec pour fournir une assistance humanitaire adéquate aux déplacés au Pakistan », a-t-il indiqué, pourrait avoir de sérieuses conséquences en matière de sécurité.
Environ deux millions de réfugiés et de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (« personnes déplacées ») ont été en mesure de rentrer chez eux en 2008, selon le rapport statistique publié par le HCR, soit une diminution par rapport à l'année précédente. Le rapatriement représentait le score le plus bas depuis 15 ans. Cette baisse reflète en partie la détérioration des conditions sécuritaires, en particulier en Afghanistan et au Soudan.
Selon le rapport statistique du HCR, le nombre total de personnes déracinées dont s'occupe le HCR s'élèvait à 10,5 millions de réfugiés dans le monde fin 2008 avec un nombre additionnel de 14,4 millions de personnes déplacées internes dans leur propre pays.
Dans le cadre du processus récent de réforme humanitaire des Nations Unies, la charge du HCR s'est accrue pour apporter une aide aux personnes déplacées, ce qui s'ajoute à son mandat traditionnel de protection et d'assistance aux réfugiés ayant franchi des frontières internationales. Depuis 2005, l'agence a vu le nombre de personnes déplacées dont elle a la charge plus que doubler.
Par Tim Irwin à Washington D.C., Etats-Unis