Deux des « lost boys » du Soudan rentrent chez eux depuis Cuba
Deux des « lost boys » du Soudan rentrent chez eux depuis Cuba
JUBA, Soudan, 29 novembre (UNHCR) - Beaucoup de gens ont déjà entendu parler des « lost boys du Soudan », ces enfants arrivés aux Etats-Unis après avoir erré pendant des années dans leur pays déchiré par la guerre ou avoir été bloqués dans des camps de réfugiés dans les pays voisins. Peu connaissent le sort des « lost boys » qui sont arrivés à Cuba.
Pour la première fois, deux d'entre eux sont rentrés dans leur pays avec l'aide de l'UNHCR, après plus de vingt ans passés dans cette nation insulaire des Caraïbes. Après des semaines de préparation, Michael Bol Deng, 36 ans, et Archangelo Kuech Gur, 37 ans, sont arrivés à Juba le 15 novembre, après deux jours de voyage entre la Havane et Nairobi, via Paris.
Attendus à leur arrivée par des représentants du Gouvernement soudanais et de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, les deux hommes ont dit espérer retrouver la trace de leurs proches et construire une nouvelle vie dans leur pays, dont ils ont pratiquement oublié la culture et la langue.
« Nous tenons à vous accueillir chaleureusement, vous qui participerez au développement [du pays], grâce aux compétences que vous avez acquises lorsque vous étiez à l'étranger », a dit William Chan, le Président adjoint de la Commission sud-soudanaise d'assistance et de réhabilitation, à ses compatriotes de retour au pays.
« Une fois que j'aurai trouvé un travail, je partirai à la recherche des membres de ma famille, dont je n'ai plus eu aucune nouvelle durant les 23 dernières années », a dit Archangelo Kuech Gur, qui espère utiliser son doctorat en médecine vétérinaire pour aider à développer le secteur de l'élevage au Sud-Soudan. Michael Bol Deng est ingénieur agronome, une profession qui sera sûrement très demandée dans cette région du sud, à dominante agricole.
Dans un avenir immédiat, les deux rapatriés prévoient de rester à Juba où, de façon remarquable, ils ont rapidement trouvé des amis ou des proches qu'ils n'avaient pas vus depuis longtemps et qui les hébergent. Archangelo Kuech Gur a dit espérer que leur retour pourrait encourager d'autres Soudanais instruits à suivre leur exemple et à rentrer pour aider à reconstruire une région dévastée par des années de guerre et qui manque toujours d'infrastructures vitales et de services basiques après trois années de paix.
« La paix est venue et je ne vois pas de raison pour que des collègues diplômés et bien formés restent à l'étranger », a-t-il dit, en appelant spécifiquement ses compatriotes vivant en Australie, au Canada et aux Etats-Unis « à revenir au pays pour répondre aux défis du développement. »
Il aurait pu ajouter Cuba à cette liste, le pays qui a été le berceau de son éducation, où des centaines d'autres « lost boys » vivent toujours. L'UNHCR espère qu'ils pourraient aussi être encouragés à rentrer au Sud-Soudan, forts de leurs compétences.
On estime que plus de 20 000 Soudanais seraient devenus orphelins ou auraient été séparés de leurs familles et de leurs maisons lors du conflit dans le sud du pays, entre 1984 et 2005. En 2001, les Etats-Unis ont accueilli quelque 3 600 d'entre eux, qui ont ensuite été envoyés dans plusieurs villes du pays.
Cuba avait offert d'accueillir des jeunes du Soudan bien plus tôt. En 1986, le Gouvernement cubain avait accepté de prendre un groupe de 600 adolescents et de leur offrir une éducation primaire, secondaire et universitaire à la Havane. Michael Bol Deng et Archangelo Kuech Gur, qui ont fui le camp de réfugiés d'Itang en Ethiopie en 1984, faisaient partie de ce groupe.
Depuis la signature d'un accord global de paix en janvier 2005, l'UNHCR a facilité le retour de quelque 70 000 réfugiés du Sud-Soudan. Plus de 90 000 autres seraient rentrés par leurs propres moyens. La plupart sont arrivés des pays voisins comme la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, l'Egypte, l'Ethiopie, le Kenya et l'Ouganda.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a aussi participé à des programmes visant à faciliter la réintégration des rapatriés et à encourager davantage de personnes à rentrer, dont des programmes de déminage, de construction et de réhabilitation des équipements de base comme des écoles, des centres de santé et des puits.
Par Peter Farajallah et Taylor Garrett à Juba, Soudan