Questions/Réponses : Faire connaître la situation des réfugiés du Bhoutan
Questions/Réponses : Faire connaître la situation des réfugiés du Bhoutan
KATMANDOU, Népal, 26 octobre (UNHCR) - Fils de travailleurs humanitaires, le réalisateur américain Grady Walker a passé l'essentiel de son enfance à Katmandou. Plus tard, après avoir obtenu son diplôme de cinéma, il a décidé de revenir au Népal pour faire connaître dans le monde entier le sort des réfugiés du Bhoutan et raconter leurs histoires, qui ont baigné son enfance. Son documentaire « Eviction » (expulsion) a été tourné dans les camps de Jhapa, à l'est du Népal, jusqu'à New York. Ce cinéaste de 27 ans a évoqué son travail avec Nini Gurung, assistante aux relations extérieures du bureau de l'UNHCR au Népal.
Parlez-nous un peu de vous. Qu'est-ce qui vous a poussé à faire des documentaires ?
J'ai grandi à Katmandou, au Népal, et j'y ai vécu pendant environ 20 ans. J'ai quitté le Népal en 1998 pour m'inscrire à une école de cinéma à Los Angeles, en Californie. J'ai obtenu mon diplôme en 2002 et depuis lors, je travaille dans ce domaine. Dans ma famille, le cinéma, ça nous connaît : mon père et mon frère sont réalisateurs. En ce qui me concerne, j'ai travaillé sur plusieurs documentaires pour m'occuper de diverses fonctions : le montage, le tournage, la réalisation, etc. Je ne me reconnais pas dans un style ou un sujet particulier ; je tâche simplement d'adopter une approche positive dans mon travail.
Comment avez-vous entendu parler des réfugiés originaires du Bhoutan au Népal ? Pour quelle raison avez-vous voulu tourner « Eviction » ?
J'ai entendu parler des réfugiés du Bhoutan au Népal au début des années 90, lorsqu'ils ont commencé à traverser la frontière ; la presse locale de Katmandou en parlait. A l'époque, je n'étais qu'un enfant. Une quinzaine d'années plus tard, j'ai terminé l'école de cinéma puis j'ai travaillé comme monteur de films à Portland, dans l'Oregon. Après plusieurs années passées loin du Népal, je me suis rendu compte que personne en dehors de l'Asie du sud n'avait jamais entendu parler de ces réfugiés. J'ai donc décidé de faire un film sur eux afin de sensibiliser l'opinion publique internationale.
Quand avez-vous commencé le tournage de votre film ? Avez-vous rencontré des difficultés pour le tournage d'« Eviction » ?
J'ai commencé le tournage en 2005. Le travail a été très difficile et j'ai été surpris de recevoir si peu d'aide durant toute cette période. Je n'ai pas été autorisé par les autorités gouvernementales népalaises à me rendre dans des camps de réfugiés pour tourner un film ; elles ne m'ont donné aucune justification. Publiquement, tout le monde disait que « ce problème devait être mieux connu au niveau international, que la communauté internationale devait être mise au courant de cette situation ». Mais quand j'ai proposé de faire un film et de précisément mener cette tâche d'information - faire connaître ce problème à la communauté internationale, et bien je regrette d'avoir à dire que j'ai alors rencontré trop de gens satisfaits du statu quo. Sans les contacts que j'ai tissés avec les réfugiés, qui voulaient eux aussi faire connaître leur combat au monde entier, je n'aurais jamais pu me rendre dans les camps.
Qu'est-ce qui vous a frappé le plus lorsque les réfugiés vous ont expliqué leurs souffrances ?
La capacité de tant de gens à partager leur histoire avec des étrangers face à une caméra, c'est ce qui m'a le plus impressionné dans la plupart des camps. C'était la première fois que je vivais ce type de situation. Vous devez avoir beaucoup de respect pour les personnes que vous interviewez car elles vous racontent des choses personnelles sur leur passé qui sont très douloureuses.
« Eviction » a été décrit comme « touchant » et « émouvant ». En tant que réalisateur, qu'est-ce qui vous a touché le plus ?
Pas du point de vue du réalisateur mais en tant que personne, ce qui m'a le plus touché dans les camps, c'était l'hospitalité qui m'a été offerte par les réfugiés ainsi qu'à mon équipe. Comme chaque membre de l'équipe de tournage, je me suis fait des amis très proches avec lesquels je suis toujours en contact aujourd'hui.
Dans combien de festivals et de pays le film a-t-il été projeté ?
« Eviction » a été projeté dans des festivals de films en Australie et au Népal. Il a aussi été projeté lors d'événements liés à la question des réfugiés en Europe et en Amérique du Nord. Je suis aussi heureux de dire que le Triumphant Refugees Film Festival en Australie a traduit le film en six langues.
Quel objectif espérez-vous atteindre avec ce film ?
Ce que j'espère vraiment, c'est que le travail que j'ai fait avec ce film permettra d'améliorer, d'une certaine manière, la vie et l'avenir de ces réfugiés. J'espère que mes efforts auront un effet positif et concret pour ces gens.
Quelle est, selon vous, la solution pour ces réfugiés de longue date ?
Mon rôle en tant que réalisateur est de mettre en évidence les informations qui vont aider les personnes qui sont justement chargées de prendre de telles décisions. Il me semble que c'est un mélange entre le rapatriement et la réinstallation dans un pays tiers qui pourrait être la meilleure solution. Une solution dans le cadre de laquelle chaque individu pourrait choisir sa propre voie sans pression ni considération politique. La politique est une source de division au sein de leur communauté. Il existe bien sûr une condition préalable au rapatriement, à savoir une sorte de réforme interne dans leur pays d'origine et la surveillance par la communauté internationale des procédures de la sécurité.
Quels sont vos prochains projets ?
Je pense arrêter temporairement les films documentaires et tourner un film de fiction ici au Népal. Peut-être une comédie.