Des clowns pour aider les enfants réfugiés iraquiens à surmonter leurs traumatismes
Des clowns pour aider les enfants réfugiés iraquiens à surmonter leurs traumatismes
DAMAS, Syrie, 27 décembre (UNHCR) - Nez rouges et frasques en tous genres ont fait leur apparition dans les centres de l'UNHCR à Damas, faisant jaillir le rire et la joie parmi les jeunes Iraquiens, qui souffrent du traumatisme de la vie de réfugié.
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés avait découvert les bienfaits des clowns lorsqu'une troupe locale, engagée à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié (le 20 juin), avait organisé une représentation dans une salle d'attente du principal centre d'enregistrement de l'UNHCR à Damas, dans un climat tendu et triste. Les employés de l'UNHCR avaient remarqué que les enfants étaient plus détendus pendant les rendez-vous organisés pour procéder à leur enregistrement.
Trois personnes se sont présentées lorsque l'UNHCR a fait savoir qu'il recherchait des clowns iraquiens afin de donner, de manière régulière, un spectacle dans le centre d'enregistrement, dans le cadre de la campagne « Retour à l'école », destinée aux enfants iraquiens réfugiés. Ils sont ainsi devenus les premiers volontaires de vulgarisation de l'UNHCR auprès de la communauté iraquienne.
L'UNHCR a demandé au groupe international indépendant, Clowns Sans Frontières, de passer en revue le premier spectacle, qui visait à informer les parents et les enfants du droit d'aller à l'école dont bénéficient tous les enfants iraquiens. Clowns Sans Frontières est revenu en novembre afin de poursuivre la formation des clowns, et de soutenir l'utilisation de la thérapie par le rire, par le personnel de l'UNHCR, du Croissant-Rouge arabe syrien et de l'UNICEF.
« Nous savons qu'un réfugié sur cinq qui s'enregistrent auprès de l'UNHCR a été victime de violences ou de tortures en Iraq », indique Laurens Jolles, délégué de l'UNHCR à Damas. « Cela signifie que de nombreuses familles, en particulier des enfants, sont traumatisées quand elles arrivent chez nous. Les clowns offrent une occasion rare aux parents et aux enfants de sourire lors de l'enregistrement auprès de l'UNHCR, qui serait sinon une expérience très pénible. »
Dans le centre communautaire de Seida Zeinab, l'une des zones de Damas les plus fréquentées par les réfugiés iraquiens, une foule d'enfants éclate de rire tandis que les deux clowns s'arrosent à tour de rôle et font surgir des fleurs de leurs ballons.
« C'était très beau », a raconté Rodeen, un sourire radieux éclairant son visage pendant le spectacle. Après la représentation, la jeune Iraquienne est retournée à sa place, pour se cacher derrière les jambes de sa tante.
Pour ces trois clowns iraquiens, qui appartiennent au Happy Family Group, une troupe multi ethnique et multi confessionnelle basée à Bagdad, le principal objectif consiste à faire rire les enfants. Ses membres sont maintenant dispersés dans tous les pays de la région, où ils vivent en tant que réfugiés. Un de leurs collègues a été tué en Iraq.
« Nous faisons cela pour rendre les enfants heureux et faire disparaître leurs larmes et le souvenir des bombes et des jours difficiles », a expliqué Eidi, l'un des clowns. « Nous voulons aussi expliquer aux enfants l'importance de l'école. »
Les clowns organisent un spectacle par jour au centre d'enregistrement de l'UNHCR. Puis ils passent quelques heures pour aider les membres de l'UNICEF et du Croissant-Rouge arabe syrien qui font fonctionner l'espace réservé aux enfants dans le centre. Plusieurs fois par semaine, ils jouent dans des centres communautaires, où ils offrent à de nombreuses familles réfugiées une rare occasion de se divertir. Cela aide aussi à faire venir les familles au centre, pour qu'elles puissent s'informer sur les autres services offerts par l'UNHCR.
La responsable de Clowns Sans Frontières, Christina Aguirre, a passé du temps pour apprendre à connaître les enfants iraquiens et ainsi aider les clowns à créer leur spectacle. Après une représentation au centre communautaire de Seida Zeinab, elle est partie avec les clowns iraquiens à la rencontre des enfants qui mendient ou vendent dans la rue, pour gagner quelques sous supplémentaires pour leurs familles.
« Je dois travailler », explique Ali, âgé de 14 ans, qui tient un petit stand couvert de confitures. « Nous avons besoin d'argent pour vivre. » Son éducation devra attendre, soupire-t-il, quand on lui demande s'il va à l'école.
« Quand vous voyez un enfant iraquien ici dans la rue, tout ce que vous voyez, ce sont de nombreux problèmes et pas de bonheur », a dit Christina Aguirre. « Mais quand nous mettons nos nez rouges et que nous jouons avec eux, ils oublient leurs problèmes durant un moment. »
Par Sybella Wilkes à Damas, Syrie