Au Kenya, les déplacés hésitent à rentrer malgré le calme relatif
Au Kenya, les déplacés hésitent à rentrer malgré le calme relatif
CHOGOCHO, Kenya, 16 avril (UNHCR) - Des milliers de déplacés internes au Kenya hésitent encore à rentrer chez eux, malgré le retour de la paix dans certaines parties du pays affectées par les violences post-électorales au début de l'année.
La plupart des déplacés, spécialement dans la province de la Vallée du Rift dans l'ouest du Kenya, craignent d'être attaqués s'ils rentrent chez eux. La plupart des hommes rentrent dans des villages comme Chogocho durant la journée pour surveiller leurs cultures avant de retourner dans leurs abris le soir, auprès de leurs proches ou de leurs amis, dans des villes comme Elburgon, une ville située à huit kilomètres du village.
« Je ne me sens toujours pas en sécurité par ici si je ne porte pas une arme », a indiqué Githinhi, âgé de 72 ans, qui a été vu à Chogocho récemment avec un arc et des flèches. « Des membres de la communauté rivale nous attaquent régulièrement quand nous allons cultiver nos terres », a-t-il ajouté.
Cette zone, située à environ 40 kilomètres de la capitale provinciale de Nakuru, a été durement touchée par la violence qui a suivi les élections présidentielles du 27 décembre, qui a causé la mort de centaines de personnes et qui a fait fuir des dizaines de milliers de déplacés.
La violence a cessé depuis que les parties au conflit ont signé un accord de partage du pouvoir - un cabinet de coalition comptant 42 membres a été annoncé dimanche - mais les tensions restent élevées dans certaines régions, y compris les alentours de Chogocho et Elburgon. Le gouvernement a dit que le retour des déplacés chez eux sera une priorité.
De nombreux bâtiments et maisons ont été vandalisés et brûlés sur la route entre reliant Chogocho et Elburgon, y compris une école primaire détruite et un centre commercial rasé à Chogocho. Quelque 300 étudiants à l'école ont dû rejoindre d'autres établissements, rajoutant une pression sur les structures d'éducation déjà surchargées dans la région.
« Nos enfants souffrent des dommages causés par les incendiaires, car ils sont maintenant obligés d'étudier dans des conditions qui sont loin d'être idéales », a dit Kinuthia, âgé de 62 ans, à l'équipe de l'UNHCR qui a bravé de fortes pluies pour arriver dans ce village.
Dans la région, nombre sont ceux qui n'ont pas d'abri. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés et la Société de la Croix-Rouge kényane ont promis de leur fournir des tentes et des bâches en plastique.
De nombreuses personnes ont dit à Liz Ahua, déléguée de l'UNHCR au Kenya et responsable de l'équipe, qu'ils n'étaient pas prêts à rentrer définitivement chez eux avant que le gouvernement ne leur donne des assurances de sécurité et de protection.
Patrick Nyamai, qui est chargé spécial du district, a indiqué que le gouvernement était en train de créer des comités pour le rétablissement de la paix pour initier la réconciliation et le dialogue entre les déplacés et leurs rivaux dans les zones de retour.
Pendant ce temps, le nombre des personnes déplacées arrivant dans des sites accueillant des déplacés augmente. Quelques-uns des nouveaux arrivants ont dit qu'ils rejoignaient des sites de déplacés dans la région, car ils étaient devenus des charges trop lourdes pour leurs amis ou leurs proches qui les accueillaient.
« Le sort des familles qui accueillent des déplacés méritent une attention de la part du gouvernement ainsi que des agences humanitaires », a indiqué Liz Ahua. « Leur générosité envers les déplacés ne devrait pas être une charge qui n'est pas reconnue. »
Par Emmanuel Nyabera à Chogocho, Kenya