Le HCR aide des centaines de réfugiés iraquiens chrétiens en Syrie
Le HCR aide des centaines de réfugiés iraquiens chrétiens en Syrie
QAMISHLI, Syrie, 22 octobre (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a commencé à aider des centaines d'Iraquiens chrétiens qui ont fui vers la Syrie pour échapper aux violences et aux menaces dans la ville de Mossoul, au nord de l'Iraq.
Des milliers de Chrétiens ont quitté Mossoul durant ces derniers quinze jours. La plupart ont trouvé abri dans des villages situés dans la province de Ninawa, mais environ 400 d'entre eux ont traversé la frontière vers la Syrie. On ne sait toujours pas qui est à l'origine de ces intimidations.
« De nombreux Chrétiens de Mossoul ont été systématiquement visés récemment et ils ne se sentent plus en sécurité dans cette ville. Nous sommes prêts à fournir une aide à ces Iraquiens qui cherchent refuge dans des pays voisins », a dit Laurens Jolles, le délégué du HCR en Syrie. « Nous sommes reconnaissants envers la Syrie, qui continue à accueillir des réfugiés », a-t-il ajouté au sujet de la Syrie, un pays qui accueille au moins 1,2 million de réfugiés iraquiens.
Le HCR a accéléré l'enregistrement des réfugiés chrétiens de Mossoul qui se sont présentés dans les locaux de l'agence des villes de Damas et Alep, alors qu'une équipe d'employés de terrain s'est rendue dans la zone de Qamishli près de l'Iraq, où se trouvent de nouveaux arrivants. Après l'enregistrement, les ressources des familles confrontées à des difficultés financières sont évaluées pour leur fournir des allocations d'urgence et une aide alimentaire.
Ces derniers jours, des employés de terrain ont rencontré 20 familles de Mossoul dans la zone de Qamishli, alors que plus de 20 familles iraquiennes chrétiennes se sont adressées à l'agence pour recevoir une aide.
Les personnes interrogées ont fait part de témoignages similaires, elles ont brusquement fui Mossoul. Nombre d'entre elles sont parties avec des ressources financières limitées et elles ont besoin d'une aide pour obtenir des visas pour la Syrie. Toutes ont dit espérer rentrer prochainement chez elles en Iraq.
Sara* et sa mère ont quitté Mossoul au début de la semaine dernière, deux jours après que quelqu'un ait appelé l'un de ses collègues au travail et lui ait dit que tous les Chrétiens devraient quitter la ville immédiatement sous peine d'être tués. « Mes collègues pleuraient alors que tous les Chrétiens du bureau quittaient le bâtiment en hâte », s'est-elle rappelée.
Sara était démoralisée, mais elle a décidé de partir seulement quand on lui a dit que 11 de ses amis avaient été tués à un barrage routier tenu par des miliciens habillés en policiers. « Nous avons entendu qu'ils avaient été tués sur place après examen de leurs cartes d'identité, prouvant leur religion chrétienne », a-t-elle expliqué.
Avec sa mère, elle est partie avec quelques sacs et tout l'argent qu'elles avaient dans la maison - elle n'ont pas osé aller à la banque pour retirer leurs économies. Elles s'étaient rendues en Syrie durant leurs vacances plus tôt dans l'année et elles avaient rencontré la communauté chrétienne de la ville de Saidnaya, au nord de Damas. Les deux femmes, pensant que l'église pourrait leur venir en aide, ont contacté le HCR à Damas.
Nina*, qui est infirmière, a fui Mossoul il y a presque deux semaines. « Les menaces ont commencé il y a plusieurs mois, avec des appels téléphoniques, des lettres et même des messages sur notre porte », a-t-elle raconté, ajoutant qu'elle les avait d'abord ignorés.
Mais quand des églises ont fermé et que des amis et connaissances ont commencé à être victimes des violences, l'un d'entre eux ayant été tué par balles en présence de son fils, Nina s'est alors ravisée. C'était difficile car sa mère est handicapée.
Nina est restée à Mossoul jusqu'au 10 octobre, date à laquelle elle a reçu une nouvelle menace. Elle a immédiatement emmené sa mère dans un village situé en dehors de Mossoul puis elle a traversé la frontière vers la Syrie avec la famille de sa soeur. Nina n'a pas le téléphone et elle n'a pas pu joindre sa mère depuis son départ. Elle dit qu'elle a peur de retourner en Iraq, mais elle est très inquiète au sujet de sa mère. Elle pense même à rentrer pour aller la chercher et la ramener en Syrie avec elle.
Mariam* est restée encore plus longtemps à Mossoul et elle vient seulement de partir avec son fils Farah * après qu'un Chrétien se déplaçant en chaise roulante ait été assassiné. « Nous faisions partie des quelques personnes qui ne voulaient quitter l'Iraq pour rien au monde, même dans un environnement tendu. Mon frère qui se trouvait en Syrie me suppliait depuis longtemps de quitter le pays, mais j'avais toujours refusé », a-t-elle dit, ajoutant : « Quand nous avons senti que le couteau se rapprochait de nos gorges, nous n'avons pas eu d'autre choix que celui de fuir. »
Ses deux filles et leurs familles ont trouvé refuge dans des villages près de Mossoul. « Ils nous disent qu'ils n'ont nulle part où aller. Ils sont dans les rues », a dit Mariam en pleurant doucement. Elle essaye d'obtenir pour eux des visas pour la Syrie.
Elle rêve de rentrer, mais elle redoute de penser à ce qu'elle trouvera. Elle a laissé ses clés à des voisins musulmans, mais elle a entendu que les maisons de certains de ses amis avaient été détruites à la dynamite peu après leur départ. « J'ai habité dans ma maison pendant 35 ans et j'ai dû faire mes valises en 30 minutes », a expliqué cette mère accablée, alors qu'elle s'entretenait avec des employés du HCR dans le salon de la modeste maison de son frère à Qamishli.
Le HCR a enregistré près de 220 000 réfugiés iraquiens en Syrie, dont 15 000 d'entre eux sont originaires de la province de Ninewa où se trouve Mossoul. Le HCR a déjà effectué pour moitié une distribution de nourriture à plus de 190 000 réfugiés iraquiens à travers toute la Syrie, et 38 000 réfugiés iraquiens approximativement bénéficient d'une aide financière.
* Noms fictifs pour des raisons de protection
Par Sybella Wilkes à Qamishli, Syrie