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Les albanais du sud de la Serbie sous pression

Communiqués de presse

Les albanais du sud de la Serbie sous pression

2 Mars 2000

Le HCR a fait part de sa vive inquiétude jeudi suite à des rapports faisant état de tensions croissantes entre Serbes et communauté albanaise minoritaire du sud de la Serbie qui ont entraîné une nette augmentation du nombre de personnes déplacées arrivant au Kosovo voisin.

Il y aurait encore environ entre 60 000 et 70 000 Albanais de souche dans la région de Presevo-Bujanovac, le long de la frontière sud entre la Serbie et le Kosovo. Des rapports de plus en plus nombreux font état d'une instabilité accrue dans cette zone frontalière au cours des dernières semaines et des déplacés de souche albanaise ont fait état d'actes d'intimidation et de harcèlement par la police et l'armée serbes. Au cours d'un autre incident, un groupe armé dissident actif dans la région a ouvert le feu sur un véhicule des Nations Unies mardi dernier, blessant un membre du personnel de l'ONU.

L'Envoyé spécial du HCR, Dennis McNamara, a indiqué que le climat explosif qui règne dans la région de Presevo était une indication supplémentaire de la précarité de la situation des minorités à travers toute la région. Selon M. McNamara, cette multiplication des cas de harcèlement des minorités allbanaises au sud de la Serbie pourrait également être liée aux récentes tensions ethniques à Mitrovica dans le Nord. Au même moment, il y a eu une recrudescence d'attaques contre des non Albanais - des Serbes et des Roms - à travers le Kosovo.

« Ce n'est peut-être pas un hasard si la minorité albanaise du sud de la Serbie a commencé à se sentir oppressée juste après ce qui s'est passé à Mitrovica » a dit l'Envoyé spécial. Si l'on considère l'ensemble de la situation des minorités dans la région, Mitrovica est la pointe de l'iceberg. Le harcèlement et les actes d'intimidation d'un côté peuvent provoquer l'instabilité et le désir de vengeance de l'autre, alimentant ainsi le cycle infernal de violence.

Entre 5 000 et 6 000 Albanais de souche auraient fui la région de Presevo-Bujanovac-Mevedja au sud de la Serbie depuis juin dernier. Nombre d'entre eux ont gagné le Kosovo à l'est de Gnjilane. Le nombre de personnes affluant au Kosovo avait diminué pendant quelque temps mais les employés du HCR sur le terrain présents dans la région ont indiqué qu'il était en nette augmentation. Au cours de la dernière semaine de février, 102 Albanais de souche du sud de la Serbie ont demandé de l'aide au bureau du HCR à Gnjilane.

Les dernières personnes arrivées racontent que les militaires et la police serbes sont de plus en plus présents dans le sud de la Serbie et décrivent avec force détails des cas de harcèlements, de confiscations de maisons et d'appartements, de violences physiques, de recrutements forcés, de menaces de viols et d'extorsions d'argent. La plupart des derniers arrivants sont des familles, jeunes dans l'ensemble, qui expliquent que la situation des Albanais de souche s'est dégradée à un tel point sur le plan de la sécurité que leur vie est devenue un véritable enfer et qu'elles ne pouvaient plus rester chez elles.

« La violence et les déplacements de population ne cesseront que lorsque le harcèlement et les actes d'intimidation à l'encontre des minorités cesseront » a déclaré M. McNamara, qui est également le Représentant spécial adjoint du Secrétaire-Général pour les affaires humanitaires au Kosovo. « Pour cela, il faut notamment que les gouvernements exercent une pression bilatérale directe sur les dirigeants des deux camps, a-t-il ajouté. Au Kosovo, il faut également que la KFOR et la police de l'ONU - déjà à court d'effectifs - continuent de prendre des mesures visant à protéger les minorités ; que des actions vigoureuses soient entreprises pour empêcher les groupes armés de traverser les frontières entre la Serbie et le Kosovo ; que des juges et des procureurs internationaux soient nommés pour que les coupables de ces crimes soient punis et enfin, qu'un leadership suffisamment puissant se développe pour mettre un terme à cette spirale de haine et de vengeance. »

Le HCR et ses partenaires non gouvernementaux fournissent gîtes et assistance aux personnes récemment arrivées de Serbie.