Colombie : des milliers de civils ont été pris dans les combats à Chocó et Nariño
Colombie : des milliers de civils ont été pris dans les combats à Chocó et Nariño
Des milliers de civils ont été pris dans les combats et la violence dans deux des départements colombiens de la Côte Pacifique - Nariño vers le sud près de la frontière avec l'Equateur et Chocó vers le nord près de la frontière avec le Panama. Alors que des centaines de familles ont dû fuir leurs maisons, des communautés indigènes dans les deux départements ont été piégées sur leur territoire et n'ont pas pu fuir pour se mettre en sécurité.
A Nariño, plus de 1 300 personnes ont fui depuis que les combats ont commencé il y a une semaine entre l'armée colombienne et un groupe armé illégal autour de la municipalité de Barbacoas. Une équipe de l'UNHCR dans la région a dit que par chance aucun cas de déplacement n'avait été rapporté depuis les zones isolées. Avec la poursuite des combats, des milliers d'autres personnes risquent d'être contraintes à se déplacer dans les prochains jours.
L'UNHCR est très inquiet pour un groupe de 92 personnes indigènes Awá pris dans les combats et dans l'impossibilité de fuir son village de Cumbas. Le groupe, qui comprend notamment des femmes enceintes et des personnes âgées, est regroupé dans l'école locale. Pour la première fois depuis des jours, de la nourriture a pu arriver à Cumbas mais la quantité n'est pas suffisante pour nourrir tout le monde. L'UNHCR, avec d'autres organisations humanitaires et des droits de l'homme, appelle le gouvernement à une aide humanitaire d'urgence et à ouvrir un accès sécurisé pour le groupe.
L'équipe de l'UNHCR sur le terrain a dit que la majorité des déplacés sont maintenant dans les villages de Altaquer et Ricaurte, situés entre la capitale provinciale Pasto et la côte pacifique. Dans le seul village de Ricaurte, il y a maintenant près de 1 000 personnes, pour la plupart des indigènes. Les autorités locales et l'église leur fournissent une assistance matérielle, notamment de la nourriture et des soins médicaux. L'UNHCR demande aux autorités départementales et nationales de fournir de l'aide dans cette crise humanitaire et de garantir les droits de la population civile dans la région.
Plus au nord le long de la côte pacifique, le département de Chocó a également connu une augmentation marquée de la violence la semaine dernière. Des combats entre des groupes armés illégaux ont coupé les communications entre les différentes communautés indigènes le long de la rivière Truando et avec le reste du monde. L'UNHCR est particulièrement inquiet concernant le sort de 137 personnes indigènes Embera, dont la communauté subit un blocus depuis la semaine dernière.
La situation de la sécurité et l'isolement de la région, accessible seulement par petit bateau, rend extrêmement difficile toute collecte et vérification d'information. Des informations inquiétantes font état de plusieurs civils tués ces derniers jours. La plupart d'entre travaillaient apparemment sur des plantations le long de la rivière Truando.
L'UNHCR est en alerte face au risque de déplacements massifs depuis cette région. Notre bureau local à Apartadó a déjà reçu des informations selon lesquelles des déplacements forcés auraient eu lieu autour de Unguia, ainsi que sur la rivière Truando. Ce bureau envoie aujourd'hui mardi une mission dans la région. Les bureaux de l'UNHCR au Panama et en Equateur surveillent les frontières pour parer à de possibles arrivées de réfugiés depuis Chocó dans le nord et Nariño dans le sud.
Il y a plus de 2,5 millions de personnes déplacées internes en Colombie et l'UNHCR ne cesse de répéter son inquiétude quant à l'impact disproportionné du conflit sur les communautés indigènes colombiennes, insistant sur le fait que certains des plus petits groupes risque l'extinction à cause de leur déplacement dispersé loin de leurs terres ancestrales.