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Le situation se détériore au sud-est du Tchad

Points de presse

Le situation se détériore au sud-est du Tchad

14 Novembre 2006

Après de nouvelles attaques rapportées quotidiennement dans le sud-est du Tchad, l'UNHCR est extrêmement inquiet au sujet d'une situation déjà très instable qui continue de se dégrader. Hier le Gouvernement du Tchad a déclaré l'état d'urgence et a affirmé qu'il était en train de mettre en place une stratégie pour faire face à la situation. L'UNHCR demeure préoccupé par la difficile situation humanitaire et les difficultés auxquelles l'agence doit faire face pour assister correctement les populations locales, les déplacés internes et les réfugiés.

La violence, qui a fait plus de 220 morts, est en fait la réplique de celle qui se déroule au Darfour voisin au Soudan. Nous craignons que les hostilités inter-communautaires ne deviennent totalement incontrôlables et n'en viennent à menacer toute la région du sud-est du Tchad. Depuis le 7 novembre, quelque 5 000 nouveaux déplacés tchadiens ont déjà convergé vers un site de déplacés internes à Habile, à 45 kilomètres au sud-est de Goz Beida. D'autres fuient ailleurs autour de Goz Beida, nous sommes en train de faire un recensement dont nous n'avons pas encore les résultats. Au total, ce sont maintenant quelque 68 000 Tchadiens qui ont été déplacés dans l'est du Tchad à cause d'une série d'attaques au cours de cette année.

L'UNHCR presse la communauté internationale à une mobilisation rapide pour une présence multilatérale au Tchad pour aider à protéger des centaines de milliers de civils tchadiens et de réfugiés soudanais, ainsi que les travailleurs humanitaires qui essaient de leur venir en aide. En août, la résolution 1076 du Conseil de Sécurité appelait au déploiement d'une présence onusienne multidisciplinaire au Tchad et dans la République centrafricaine voisine.

Depuis le 4 novembre, ce sont au moins 20 villages qui ont été attaqués dans la région au sud de Goz Beida. La région est très instable. Hier, une mission inter-agence dirigée par l'UNHCR dépêchée pour évaluer la situation dans le village récemment attaqué de Louboutigue a été contrainte de fuir lorsque des coups de feu, qui semblaient être des coups de semonce, ont été tirés depuis des champs de millet voisins par des hommes armés non identifiés. Personne n'a été blessé, mais c'était seulement un petit exemple de la terreur que des dizaines de milliers de Tchadiens vivent au quotidien dans le sud-est.

Les récits des Tchadiens déplacés se ressemblent tous - les assaillants sont presque toujours identifiés comme étant d'origine arabe, souvent connus personnellement par les victimes comme étant des voisins avec lesquels ils vivaient depuis des générations. Ils sont souvent bien armés, particulièrement de Kalachnikovs, se déplacent à cheval, à dos de chameaux ou en camion ; quelquefois en tenue militaire, quelquefois en tenue civile.

Dans le village de Bandicao, les habitants ont alerté les agences humanitaires que la situation n'était pas assez sûre pour envoyer des ambulances pour évacuer les blessés, car des hommes armés étaient postés pour les attendre. Les forces gouvernementales étaient déployées hier encore vers Kerfi, à environ 45 kilomètres au sud de Goz Beida, et vers Bandicao (environ 80 kilomètres au sud de Goz Beida), pour évacuer les blessés vers l'hôpital de Goz Beida.

Depuis la région nord-est de Goz Beida, l'UNHCR a reçu des informations faisant état d'attaques dans la région de Koloye, environ 100 kilomètres au nord-est de Goz Beida. Les attaques de mardi dernier et de samedi auraient fait plusieurs morts et blessés.

Certaines personnes craignant les attaques ont eu le temps de prendre quelques biens pour un long voyage à pied ou à dos d'âne vers les faubourgs de Goz Beida. D'autres se sont trouvés pris dans les attaques et n'ont pas eu le temps de prendre quoique ce soit, et sont arrivés portant seulement les vêtements qu'ils avaient sur eux. Certains déplacés prennent le risque de retourner vers leurs villages brûlés pour retrouver quelques biens qui peuvent être sauvés des cendres.

Les capacités de l'hôpital de Goz Beida ont été mises à rude épreuve avec, ces derniers jours, l'arrivée d'environ 70 blessés. L'hôpital n'a pas assez de lits et beaucoup de patients gravement blessés sont installés sur des matelas sous les arbres à l'extérieur. Pour faire face à cet afflux, l'UNHCR a fourni de grandes tentes pour abriter les patients sur des matelas. D'autres agences ont également fourni de l'assistance notamment des bandages et des médicaments. Sur le site de déplacés d'Habile, l'UNICEF et ses partenaires ont installé des points d'eau supplémentaires et des latrines pour héberger les personnes arrivées tout récemment.