Sadako Ogata ouvre la quarante-neuvième session du Comité Exécutif du HCR
Sadako Ogata ouvre la quarante-neuvième session du Comité Exécutif du HCR
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Madame Sadako Ogata, a lancé un appel pour une meilleure coopération internationale afin de résoudre le problème des réfugiés, mettant l'accent sur le fait que « le droit d'asile reste la pierre angulaire dans le domaine de la protection des réfugiés ».
En ouvrant la quarante-neuvième session du Comité Exécutif du HCR à Genève, Madame Ogata a insisté sur le fait qu'aujourd'hui plus que jamais la solidarité internationale est nécessaire pour mettre fin aux conflits, lesquels obligent tant de gens à fuir, et les empêchent ensuite de retourner chez eux. Elle a également mis l'accent sur la nécessité de consolider la paix fragile dans de nombreux pays et de mettre à l'ordre du jour un plan global de solidarité avec les réfugiés et les personnes déplacées pour le prochain millénaire.
Les 53 pays membres du Comité Exécutif du HCR ont élu cette année à la Présidence l'Ambassadeur Víctor Rodríguez Cedeño du Venezuela qui remplace l'Ambassadeur norvégien Björn Skogmo. Le thème de réflexion adopté cette année est : « La solidarité internationale et le partage de la charge sous tous ses aspects : responsabilités nationales, régionales et internationales en matière de réfugiés. »
Dans son allocution, le Haut Commissaire a signalé que le nombre de conflits dans le monde n'a cessé d'augmenter et leurs causes sont devenues de plus en plus complexes. Elle a ajouté « que l'intérêt politique pour résoudre les crises, semble diminuer ». Elle a aussi déploré ce qu'elle appelle « la violence physique et psychologique croissante contre les populations civiles », et a souligné que la solidarité à l'égard des populations déracinées par les conflits et les persécutions, constitue l'un des plus importants aspects de ce partage des responsabilités.
Le Haut Commissaire a exprimé son inquiétude quant au fait que, dans les pays industrialisés et en voie de développement, « les gouvernements adoptent des politiques d'asile de plus en plus restrictives, recourant à une interprétation plus étroite du droit des réfugiés ». Elle a appelé à restaurer la confiance au principe du droit d'asile, rappelant aux gouvernements que « l'asile est souvent le seul instrument qu'il reste à la communauté internationale pour sauver des vies ». La réinstallation des réfugiés dans des pays tiers, a dit Madame Ogata, est « une manifestation concrète de la coopération internationale ».
Les pays européens, a dit Madame Ogata, « sont, à juste titre, préoccupés par la possibilité de voir la crise du Kosovo, si elle reste sans solution, continuer à contraindre les civils à fuir vers les pays voisins et même vers l'Europe occidentale ». Elle a appelé les gouvernements à « garder la porte ouverte » aux demandeurs d'asile venant du Kosovo, aussi longtemps que « la violence et l'oppression continueront » et « à multiplier les efforts politiques afin de trouver une solution politique au conflit ».
La plupart des situations de conflit dans lesquelles le HCR est amené à travailler aujourd'hui, génèrent à la fois des réfugiés, ceux qui ont traversé une frontière internationale, et des personnes déplacées, ceux qui sont restés à l'intérieur de leur propre pays. Madame Ogata a demandé « une attention internationale et un appui accru aux personnes déplacées ».
Même lorsque la paix a été rétablie comme au Libéria ou au Cambodge, elle est encore fragile. Le chemin reste long pour permettre aux anciens réfugiés de se réintégrer et aux communautés de se développer harmonieusement. Le rapatriement et la réintégration doivent être « consolidés à travers une coopération internationale efficace », a-t-elle dit, insistant sur l'importance de réunir les fonds nécessaires pour financer les opérations de retour et de réintégration. Le HCR est très activement engagé dans des consultations avec d'autres agences des Nations Unies et la Banque Mondiale pour discuter des possibilités d'établir des ponts entre l'humanitaire et l'aide au développement.
Le Haut Commissaire a appelé les gouvernements à faire preuve de plus de flexibilité et à mieux planifier les fonds qu'ils allouent au HCR, pour lui permettre ainsi de garder son efficacité. Mais l'aspect financier ne constitue qu'un élément de cette efficacité. Le partenariat avec d'autres agences des Nations Unies et les organisations non gouvernementales demeure essentiel. La sécurité et les conditions de travail des employés doivent aussi être assurées : 21 % des employés du HCR travaillent aujourd'hui dans des endroits à haut risque et souvent isolés. Madame Ogata a rendu un hommage particulier à Vincent Cochetel, 37 ans, responsable du bureau du HCR en Ossétie du Nord, enlevé en janvier de cette année à Vladikavkaz et toujours retenu en otage. Elle a appelé le gouvernement de la Fédération de Russie à poursuivre ses efforts pour libérer Vincent Cochetel.