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Tchad : Le coût en vie humaine après les attaques dans le sud-est est plus important que les premières estimations

Points de presse

Tchad : Le coût en vie humaine après les attaques dans le sud-est est plus important que les premières estimations

10 Avril 2007

Nous avons reçu de toutes dernières informations concernant la situation humanitaire dans le sud-est du Tchad après les brutales attaques du 31 mars sur les villages de Tiero et Marena, à 45 kilomètres à l'est de notre bureau de terrain dans le village de Koukou-Angarana. Malheureusement, la situation s'est révélée pire que celle à laquelle nous nous attendions. Plus de 9 000 Tchadiens originaires de 31 villages sont maintenant arrivés sur le nouveau site d'Habile accueillant des personnes déplacées internes, rejoignant les 9 000 autres qui avaient fui les attaques précédentes dans la région. Le nombre de morts estimés a également augmenté de façon importante et se situe maintenant entre 200 et 400. Comme beaucoup de morts ont été enterrés sur les lieux même où leur corps a été trouvé - souvent dans des fosses communes compte tenu de leur nombre - nous ne saurons peut-être jamais le nombre exact de morts. Beaucoup de ceux qui ont survécu aux premières attaques - particulièrement les plus vulnérables comme les personnes âgées et les jeunes enfants - sont morts dans les jours suivants d'épuisement et de déshydratation, souvent pendant leur fuite.

Les chiffres concernant les personnes blessées n'ont heureusement pas trop augmenté et recensent quelque 80 personnes. Beaucoup des blessés ont été ramassés le long de la route par le CICR et transportés jusqu'au centre de santé du camp de réfugiés de Goz Amer géré par une ONG internationale, COOPI. 28 enfants déplacés internes ont été admis dans le service de nutrition du centre de santé, et 12 Tchadiens âgés ont envoyé pour traiter diverses affections à l'hôpital de Goz Beida soutenu par COOPI, à deux heures de route du camp.

Le nombre précis des nouveaux déplacés internes demeure flou pour l'instant, et de nouveaux arrivants se présentent quotidiennement auprès des agences humanitaires. Par ailleurs il a eu quelques tentatives de personnes déjà déplacées internes qui ont essayé de s'infiltrer parmi les nouveaux arrivants dans l'espoir de recevoir une aide supplémentaire. Nous avons distribué des stylos et des carnets de note aux chefs des 31 villages présents sur le nouveau site d'Habile pour qu'ils collectent les noms de ceux qui sont présents, en insistant sur ceux des personnes vulnérables, ceux qui sont portés disparus et ceux dont la mort est confirmée, afin de faciliter la recherche des familles et les autres activités de protection.

Pour beaucoup des nouveaux arrivants, cela n'est pas la première fois qu'ils sont déplacés, certains l'ont été plusieurs fois l'année dernière. Environ 8 000 personnes appartenant aux communautés locales et déplacées internes vivent à Tiero et Marena.

La situation apparaît globalement stabilisée pour l'instant, avec un déploiement important des forces militaires tchadiennes dans la région. A cause de l'augmentation des tensions intercommunautaires, tous les nouveaux déplacés internes ont été transférés pendant deux jours avec des camions de l'UNHCR ou par leurs propres moyens depuis la place du marché à Aradib vers le nouveau site d'Habile. La majorité de la population déplacée interne est constituée de femmes et d'enfants, le sort de beaucoup d'hommes demeure inconnu.

Dimanche, une mission d'évaluation inter-agences menée par l'UNHCR à Tiero et Marena a trouvé ce que l'un de nos personnels a qualifié de « situation apocalyptique ». Une semaine après les attaques, on trouvait encore des corps en décomposition dans la région, notamment ceux de deux hommes - l'un âgé de 70 ans, l'autre de 30 ans père de 8 enfants - qui ont été tués à environ un kilomètre à l'extérieur du quartier de Mayo dans le village de Tiero. Les conditions de sécurité ont finalement permis aux familles et aux amis de retourner dans la région pour les enterrer. Des centaines et des centaines de maisons ont été brûlées et réduites en cendres, et un petit incendie couvait toujours dans l'un des quartiers de Tiero. Une odeur pestilentielle s'échappait des carcasses d'animaux domestiques tels que les ânes, les chèvres et les poulets qui avaient été abattus par balles, brûlés ou qui sont morts de soif, car leurs propriétaires n'avaient pas eu le temps de les détacher. Des chiens affamés et terrifiés ne cessaient d'aboyer. Tout laissait penser que les gens avaient eu peu ou pas de temps pour fuir, car le mobilier, la nourriture et les animaux domestiques avaient été abandonnés sur place. Le long de la route on pouvait voir les biens abandonnés par ceux qui se sont effondrés et qui ont été ensuite transportés au centre de santé du camp de Goz Amer pour traitement ou qui sont morts où ils étaient tombés.

Alors que beaucoup reste encore à faire, une réponse rapide de l'UNHCR et des autres agences humanitaires a réussi à réduire la mortalité et les souffrances des milliers de tchadiens affectés par cette dernière crise. Des biens de secours notamment des bâches en plastique, du savon, des seaux et des jerricans fournis par l'UNHCR et l'UNICEF ont déjà été distribués par l'ONG internationale INTERSOS à tous les nouveaux arrivants à Habile, et une distribution de couvertures et de matelas doit avoir lieu dans les prochains jours. Des rations alimentaires pour 45 jours consistant en 17,5 kg de céréales, 2,1 kg d'haricots, 2,1 litres d'huile, 840 g de sucre et 21 g de sel ont été fournies par le Programme alimentaire mondial et distribués par le Comité international de la Croix-Rouge. De l'eau potable est apportée par camion par MSF-France, et distribuée grâce à deux citernes pendant que l'on étudie les possibilités pour installer des pompes à eau supplémentaires. COOPI vaccine les enfants contre la rougeole et leur a fourni des suppléments de vitamine A et des vermifuges, pendant que MSF-France a également assuré d'autres soins de santé complémentaires. Les autorités tchadiennes ont identifié des terrains et offert leur soutien, en fonction des manques identifiés dans l'assistance fournie par les agences internationales humanitaires.