Yémen : Augmentation dramatique des victimes de passeurs dans le Golfe d'Aden depuis la Somalie

Une fois encore, la traversée du Golfe d'Aden a pris des vies humaines, celles d'au moins 30 Somaliens et Ethiopiens, après que le bateau de passeurs les transportant entre la Somalie et le Yémen ait chaviré lundi à l'approche des côtes yéménites. Nous disposons d'autres informations non confirmées selon lesquelles il y aurait eu jusqu'à 78 morts. Les morts ont été enterrés près de la plage. Trois autres bateaux avec environ 120 personnes à bord ont obligé leurs passagers à sauter par dessus bord en pleine mer et sont partis. Tous les passagers de ces trois bateaux auraient apparemment réussi à arriver sur la côte.

En moins d'un mois, nous avons pu observer une augmentation dramatique du nombre de personnes ayant fait la traversée depuis la Somalie avec des passeurs, avec plus de 1 600 arrivées au Yémen à bord de 20 bateaux. Au moins 30 personnes sont mortes lors de précédentes traversées depuis mi-janvier. Les passeurs ont changé de tactique et accostent maintenant à divers endroits le long de la côte yéménite. De ce fait, il est plus difficile pour les gardes-côtes yéménites de les surprendre ainsi que pour l'UNHCR et ses partenaires de les enregistrer et de fournir de l'aide à ces nouveaux arrivants. Malgré l'augmentation du prix pour ce voyage, de 40 dollars à 100 dollars, des centaines de personnes désespérées continuent à prendre le risque.

Le mois de janvier avait été plutôt calme. Durant les deux premières semaines, il n'avait été fait état d'aucune arrivée, du fait de mesures de répression à l'encontre des passeurs en Somalie, des récents combats en Somalie et de patrouilles renforcées le long de la côte yéménite.

Durant la semaine dernière, au moins neuf bateaux de passeurs sont arrivés à six destinations le long de la côte yéménite. Nombre des nouveaux arrivants ont été sévèrement battus et ont indiqué à l'UNHCR que les passeurs ont volé leur argent durant le voyage. Les Somaliens ont indiqué avoir fui leurs maisons pendant les combats et après la fin des hostilités entre les forces gouvernementales et l'Union des Tribunaux islamiques. Nombre d'entre eux ont indiqué avoir été exposés aux tirs des milices armées et avoir été dépouillés de leur argent et de leurs possessions aux différents points de contrôle mis en place par la même milice.

En 2006, l'UNHCR au Yémen a fait état de quelque 27 000 personnes ayant fait cette périlleuse traversée, avec 330 morts et quelque 300 personnes toujours portées disparues.

Chaque année, des milliers de personnes désespérées traversent le Golfe d'Aden, la mer Méditerranée et autres détroits. L'UNHCR a essayé maintes fois de promouvoir une action locale et internationale pour mettre fin aux pratiques violentes des passeurs clandestins et d'attirer davantage l'attention sur les conditions de vie dans les pays d'origine qui amènent les personnes à partir. Malgré ces efforts, le nombre des personnes quittant leurs maisons et prenant de très grands risques ne cesse d'augmenter.