Le HCR demande l'accès sans entrave de l'aide humanitaire et le libre passage pour les victimes des combats au Libéria
Le HCR demande l'accès sans entrave de l'aide humanitaire et le libre passage pour les victimes des combats au Libéria
Genève, le 4 juillet 2002
Le Haut Commissaire du HCR, Ruud Lubbers, a aujourd'hui demandé le libre passage pour les dizaines de milliers de civils, réfugiés et déplacés, qui tentent d'échapper aux combats au Libéria. Il a également demandé à toutes les parties en présence de permettre au personnel humanitaire d'accéder en toute sécurité aux victimes afin de leur porter secours.
« Des dizaines de milliers de civils innocents seraient cachés dans la brousse au Libéria. Ils ont besoin d'aide. Je demande à toutes les parties en présence dans la région de faire en sorte que le personnel humanitaire puisse leur fournir l'aide nécessaire et que les civils qui souhaitent chercher refuge ailleurs puissent passer librement », a souligné le Haut Commissaire.
Cet appel a été lancé par M. Lubbers suite à une réunion, à Genève, avec les délégués du HCR au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée et en Côte d'Ivoire, qui se trouvent à Genève cette semaine dans le cadre de consultations sur l'Afrique de l'Ouest. Ils devraient donner un compte rendu de la situation lors d'une réunion des donateurs organisée par le HCR ce vendredi, en vue de lancer un nouvel appel d'urgence de 10,4 millions de dollars pour les réfugiés libériens.
Le HCR est extrêmement préoccupé par les combats qui font actuellement rage au Libéria et par leurs éventuelles conséquences sur un processus de paix encore fragile en Sierra Leone et dans la région. Depuis le début de l'année, quelque 40 000 réfugiés libériens ont gagné la Sierra Leone et ils sont de plus en plus nombreux à affluer chaque jour. Environ 37 000 autres se sont rendus en Côte d'Ivoire, en Guinée et au Ghana. En outre, il y aurait des dizaines de milliers de nouveaux déplacés internes au Libéria même, où l'insécurité règne désormais dans six provinces.
Le dernier afflux en provenance du Libéria a mis à rude épreuve le personnel, les ressources et les infrastructures humanitaires en Sierra Leone, où l'on tentait déjà de faire face au retour de dizaines de milliers de réfugiés sierra-léonais venus des pays voisins.
Le HCR est particulièrement préoccupé par les milliers de réfugiés sierra-léonais et de déplacés internes qui ont fui le camp de Sinje, dans l'Ouest du Libéria, le 20 juin, après une attaque de rebelles affiliés au « Liberians United for Reconciliation and Democracy » (LURD). Avant l'attaque, le camp de Sinje abritait 11 000 réfugiés sierra-léonais et 13 000 déplacés internes libériens. Au cours de l'agression, le camp a été pillé et détruit, quatre réfugiés auraient été tués et cinq infirmières travaillant pour une ONG partenaire du HCR ont été kidnappées.
M. Lubbers a également demandé à ce que les cinq infirmières, qui ont été enlevées par les rebelles du LURD a bord d'une ambulance du HCR volée soient immédiatement relâchées. Les rebelles ont ensuite contacté le HCR au moyen de la radio du véhicule, pour confirmer l'enlèvement des infirmières tout en précisant qu'aucun mal ne leur serait fait.
Selon des Sierra Léonais et des Libériens qui ont réussi à traverser la frontière pour pénétrer en Sierra Leone, l'insécurité règne sur la principale route menant à la frontière et des milliers de personnes cherchant à se mettre à l'abri seraient encore cachées dans la forêt. L'unique route vers la Sierra Leone étant fermée, le HCR envisage de rapatrier les quelque 35 000 réfugiés sierra-léonais se trouvant encore au Libéria par bateau ou par avion.
« Nous devons les évacuer de la zone de combats le plus vite possible », a insisté Ruud Lubbers qui doit se rendre à Durban, en Afrique du Sud, la semaine prochaine, pour prendre part à la réunion de l'Organisation de l'unité africaine. « Leur situation est chaque jour plus désespérée », a-t-il souligné.
Afin de faire face à ce nouvel afflux du Libéria, le HCR lance un appel supplémentaire d'un montant de 10,4 millions de dollars pour venir en aide à près de 100 000 réfugiés arrivant en Sierra Leone, en Guinée et en Côte d'Ivoire. L'appel d'urgence couvrira divers domaines, notamment la réhabilitation et la construction de camps, le transport, la logistique, l'approvisionnement en eau, les soins et la nourriture ainsi que la protection.
« Les réfugiés libériens sont de plus en plus nombreux et il ne nous est plus possible de répondre à leurs besoins sur la base des programmes existants » indiquait Anne Willem Bijleveld, Directeur de la communication et de l'information au HCR, dans une lettre à l'attention des donateurs. « Entre-temps, rien ne porte à croire que la situation au Libéria va s'améliorer. Au contraire, bien des signes laissent présager qu'elle risque fort de se détériorer. »