Sauvetage dans le Golfe d'Aden
Sauvetage dans le Golfe d'Aden
Sans doute vous souvenez-vous de l'inquiétude exprimée par l'UNHCR mardi dernier quant aux risques encourus par des Somaliens et des ressortissants d'autres pays à bord d'embarcations de fortune dans le Golfe d'Aden et des craintes d'en voir arriver d'autres au cours des prochains mois. Durant ces derniers jours, un drame a été évité de justesse et l'UNHCR salue le geste humanitaire du capitaine et de l'équipage du bateau danois « Eli Maersk » qui, dans la nuit de mercredi, a porté secours à 39 Somaliens abandonnés à leur sort dans le Golfe d'Aden. Cette nuit-là, l'équipage d'un tanker de 300 mètres de long a repéré un groupe de personnes dans un petit bateau faisant des signes de la main et appelant à l'aide. Le capitaine du tanker a stoppé les machines du bateau et a fait monter les naufragés à bord. Il s'agissait de Somaliens qui avaient payé des passeurs clandestins pour traverser le Golfe d'Aden. Leur embarcation était tombée en rade depuis plusieurs jours suite à une panne de moteur. Deux des passagers se trouvaient dans un état grave et nécessitaient des soins médicaux de toute urgence. Par ailleurs, l'une des femmes venait d'accoucher et l'eau et la nourriture manquaient cruellement pour tous.
Le capitaine du tanker a immédiatement contacté l'UNHCR et les autorités de la région et a obtenu hier jeudi la permission d'accoster à Djibouti. Le personnel de l'UNHCR s'est mobilisé tant au Yémen, qu'en Egypte, à Djibouti et à Genève durant toute l'opération et les 39 passagers ont été autorisés à débarquer jeudi à 16h 00. L'un des passagers dans un état critique est décédé, malgré les soins médicaux qui lui ont été prodigués à bord. Trois autres (y compris la mère et son bébé) ont été immédiatement transférés dans un hôpital et tous les autres ont été installés temporairement dans un bâtiment militaire. L'équipe de l'UNHCR présente sur place a fourni de la nourriture et une assistance aux rescapés.
Si les 39 personnes n'ont pas demandé l'asile et ne semblaient pas très sûres de leurs intentions, ce dernier événement souligne une fois de plus les drames hélas trop fréquents qui se produisent en mer lorsque des personnes ont recours à la clandestinité pour chercher refuge ou commencer une vie meilleure.
C'est au moins la deuxième fois en trois mois que les bateaux de Maersk sauvent la vie de personnes en pleine mer. L'UNHCR salue Maersk pour son respect de la législation internationale et douanière, ainsi que l'engagement humanitaire de toutes les personnes impliquées. L'UNHCR tient également à saluer le gouvernement de Djibouti pour avoir accueilli ces personnes en détresse.
Dans un contexte directement lié à ce problème, l'UNHCR organise une réunion internationale d'experts sur l'interception et le sauvetage en mer Méditerranée, à Athènes, la semaine prochaine (12-13 septembre 2005). L'objectif de cette table ronde, qui réunira tant les experts des principaux Etats méditerranéens, que les représentants de l'industrie maritime, les organisations internationales, les organisations non-gouvernementales et les universitaires ayant une expertise dans ce domaine, est de discuter des moyens de concilier à la fois contrôles migratoires et protection des réfugiés.
Chaque année, des milliers de migrants et de demandeurs d'asile souhaitant gagner l'Europe tentent une périlleuse traversée de la mer Méditerranée en quête de sécurité, pour fuir des persécutions ou à la recherche de meilleures conditions économiques. La tragédie humaine couplée à l'augmentation des décès en mer ajoute une dimension supplémentaire de « crise humanitaire » à ces mouvements de personnes dans lesquels migrants et réfugiés sont souvent mêlés.
La réunion d'Athènes devrait permettre de formuler un ensemble de recommandations concrètes pour la seconde réunion prévue à Madrid les 17 et 18 octobre 2005, qui réunira les représentants des Gouvernements de tous les pays bordant la Méditerranée.