Tchad : infiltration de rebelles dans le camp d'Ouré Cassoni
Tchad : infiltration de rebelles dans le camp d'Ouré Cassoni
Nous sommes alarmés par des informations faisant état d'une infiltration incessante de rebelles armés soudanais dans et autour des camps de réfugiés situés à l'est du Tchad et nous craignons d'autres recrutements de réfugiés à des fins d'activités militaires. Les hommes identifiés comme appartenant à un mouvement de groupe armé rebelle ont été aperçus en début de semaine au nord dans le camp d'Ouré Cassoni, à quelque 20 kilomètres de Bahaï. En raison de sa proximité avec la frontière soudanaise, située à seulement sept kilomètres, le camp qui abrite près de 27 000 réfugiés soudanais du Darfour, a été suspecté de servir de base arrière de repos et de récupération pour les rebelles soudanais. Toutefois, c'est la première fois que les rebelles se sont affichés en plein jour, à bord de véhicules et marchant autour du camp.
Mardi matin, au moins trois véhicules pick-up, avec à leur bord trois ou quatre hommes en tenue militaire, ont été aperçus dans le camp d'Ouré Cassoni. Les hommes ont déclaré venir rendre visite à des membres de leurs familles, avoir besoin de soins médicaux et chercher des cigarettes.
Nous avons immédiatement informé les autorités locales de cette infiltration. Mercredi et jeudi, nous avons rencontré nos partenaires opérationnels, les autorités locales, les gendarmes du camp et les chefs des réfugiés. Il a été rappelé de façon claire aux réfugiés leurs droits, leurs devoirs et leurs obligations à ne pas s'engager dans les activités politiques ou militaires au Tchad et tout particulièrement à l'intérieur des camps.
Une fois de plus, nous condamnons fermement cette infiltration des camps de réfugiés par quelque présence militaire que ce soit. Cette situation est totalement inacceptable. Cela contrevient au caractère purement civil et humanitaire des camps de réfugiés et cela risque de faire prendre pour cible les réfugiés et les travailleurs humanitaires. Nous souhaitons rappeler aux autorités tchadiennes, aux groupes rebelles et aux réfugiés que les infiltrations militaires dans les camps ne peuvent pas continuer. Si elles ne sont pas stoppées, la conséquence pourrait en être une suspension des activités humanitaires.
La responsabilité de la sécurité dans et autour du camp incombe au Gouvernement tchadien et nous travaillons ensemble pour augmenter leurs ressources. Nous continuons notre campagne d'information pour dissuader les réfugiés de rejoindre les activités politiques et militaires et nous les avertissons des risques liés à la militarisation du camp.
La semaine dernière, nous avons condamné l'infiltration des groupes militaires rebelles dans d'autres camps de réfugiés au Tchad, notamment à Tréguine, Breidjing et Goz Amer.
Plus de 200 000 réfugiés du Darfour sont accueillis dans 12 camps à l'est du Tchad.