Les consultations africaines sur les réfugiés
Les consultations africaines sur les réfugiés
Tandis que sur le continent africain, des dizaines de milliers de personnes sont en exil depuis des dizaines d'années, des représentants de 48 pays africains seront rassemblés vendredi à Genève pour élaborer une stratégie commune visant à minimiser les effets négatifs sur les pays d'accueil des crises de réfugiés qui perdurent.
Avec la collaboration du HCR et des pays donateurs, les ministres et hauts fonctionnaires africains traitant le dossier des réfugiés se pencheront sur les mesures à prendre pour éviter que les nouvelles crises de réfugiés ne s'éternisent. Ils examineront les « pratiques les plus efficaces » déjà éprouvées dans certains pays, et élaboreront des recommandations pour permettre aux réfugiés d'être des facteurs de développement, plutôt qu'un fardeau pour les communautés qui les accueillent.
Ces consultations informelles, qui seront présidés par le vice-ministre des affaires étrangères zambien - la Zambie préside actuellement l'OUA - ont été organisées par le HCR pour faire suite aux deux journées de Consultations mondiales ayant réuni à Genève les 143 signataires de la Convention de 1951 sur les réfugiés. Les consultations africaines ont pour but de passer en revue les problèmes spécifiques aux pays africains.
« Les réfugiés développent souvent un syndrome de dépendance vis-à-vis de l'aide qu'ils reçoivent passivement » explique un document de référence qui sera présenté à la conférence par le directeur du Bureau Afrique du HCR, M. Kolude Doherty. « Des problèmes liés à la protection et à l'insécurité peuvent souvent découler de ces situations d'oisiveté forcée. » A terme, ce phénomène peut conduire des communautés locales initialement accueillantes, à développer des sentiments de méfiance et de rejet envers les réfugiés.
Les délégués présents étudieront un certain nombre de solutions novatrices pour soulager les régions qui supportent, depuis de nombreuses années, la présence d'importants groupes de réfugiés. Ces solutions étudieront, par exemple, la possibilité d'introduire de nouvelles législations qui accorderont aux réfugiés l'accès à la propriété foncière ainsi que le droit au travail ; l'assistance sous forme de projets d'autosuffisance dès le début d'une crise, afin de favoriser l'autonomie des réfugiés ; et un investissement accru dans les programmes d'enseignement et de formation professionnelle.
Les participants tenteront aussi d'adopter une nouvelle approche pour revitaliser la protection des réfugiés sur le continent, dans le sillage d'une réunion d'experts techniques OUA / HCR tenue l'an dernier à Conakry, en Guinée pour commémorer l'adoption de la Convention de l'OUA de 1969 sur les réfugiés.
Sur la question du caractère civil des camps, les délégués réunis à Genève proposeront l'adoption par l'OUA d'une résolution traitant de la séparation des éléments armés. Certaines des mesures envisagées pourraient s'inspirer des exemples de la Zambie et de la République démocratique du Congo qui ont récemment séparé avec succès les combattants des réfugiés civils.
Un autre aspect du débat, présenté par la directrice du Département de la protection internationale du HCR, Erika Feller, concernera les initiatives africaines pour réagir plus efficacement face aux situations d'urgence et aux afflux massifs ; pour améliorer l'enregistrement des réfugiés et la distribution de papiers d'identité aux réfugiés ; et pour promouvoir le partage des responsabilités entre les nations. Certains problèmes spécifiques, soulevés par les mouvements irréguliers de réfugiés qui ont déjà obtenu la protection d'un premier pays d'asile, ou les afflux mélangés de migrants et de réfugiés, seront aussi abordés.
L'Afrique continue de mobiliser l'attention et la part la plus importante des ressources du HCR et représente 35,5 % du budget du HCR pour 2002. Le budget 2002 pour le continent représente 294 millions de dollars, soit 111,2 millions pour l'Est et la Corne de l'Afrique, 77,9 millions pour la région des Grands Lacs, 65,9 millions pour l'Afrique centrale et de l'Ouest, 39,7 millions pour l'Afrique australe et 7,1 millions pour l'Afrique du Nord. Le continent abrite 3,6 millions de réfugiés, soit 30 pour cent des réfugiés dans le monde. Le HCR aide aussi 270 000 rapatriés, 87 000 demandeurs d'asile et 2 millions de déplacés en Afrique.