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Apprendre à diriger, un apprentissage qui se fait pas à pas

Apprendre à diriger, un apprentissage qui se fait pas à pas

14 Septembre 2007

CAMP DE DJABAL, Tchad - « Je veux devenir ministre, Ministre du Darfour ». A 16 ans, Farihalh affiche clairement ses ambitions et son désir de devenir plus qu'une réfugiée. Comme la plupart de ses camarades de classe, elle n'a pas eu la chance d'être scolarisée dans son village au Darfour, à l'ouest du Soudan. Elle est maintenant très motivée pour aller à l'école à Djabal, l'un des 12 camps de réfugiés dans l'est du Tchad.

« J'aime aller à l'école car je veux apprendre, je veux devenir quelqu'un qui a des responsabilités », dit-elle. Les matières qu'elle préfère sont les mathématiques, l'arabe, l'anglais et l'enseignement de l'Islam. « Je n'ai raté l'école qu'une seule fois, parce que j'étais malade. Sinon je ne manque jamais les cours. »

Sa parfaite assiduité est assez étonnante, au vu de tout ce qu'elle doit faire en dehors de l'école. « A 7 heures du matin, je pars chercher de l'eau. Puis je prépare le petit-déjeuner pour mes parents et mes frères et soeurs. » A 8 heures, la dynamique Farihalh part pour l'école. A midi, elle rentre à la maison pour préparer le déjeuner. Quelquefois, elle doit aller en dehors du camp pour ramasser du bois de chauffage - toujours accompagnée par d'autres amies, car elle a peur d'être attaquée si elle s'y rend toute seule. A 4 heures, elle va en cours d'arabe, puis elle revient pour préparer le dîner pour sa famille.

Dans un sens, Farihalh a de la chance : ses parents - son père est tailleur et sa maman, aide ménagère - la laissent aller à l'école, et ne l'ont pas forcée à se marier. Dans la communauté, de nombreuses jeunes filles sont mariées dès qu'elles atteignent l'âge de 12 ou 13 ans et elles arrêtent immédiatement l'école - à la demande de leur mari, mais aussi à cause de l'interminable liste des corvées à effectuer à la maison. Farihalh connaît aussi des jeunes filles qui ont arrêté l'école pour travailler comme domestique ou dans un restaurant de la ville. D'autres enfants doivent aider leurs parents à tenir leur étal au marché, et donc manquent l'école.

Les garçons et les jeunes hommes rencontrent aussi des problèmes - ils peuvent être recrutés par un des nombreux groupes armés opérant dans la région. Les deux plus jeunes frères de Farihalh vont à l'école, mais elle a peur qu'ils ne soient recrutés lorsqu'ils seront plus âgés.

Comme de nombreux réfugiés du Darfour à l'est du Tchad, Farihalh attend impatiemment de rentrer chez elle. « Mais à présent, dans ces conditions, je ne peux pas rentrer au Darfour », dit-elle. « Je préfère rester ici et continuer à étudier. Le jour où la paix reviendra, je rentrerai au Darfour et je continuerai mes études. »

L'ambition de la jeune fille est démesurée, mais elle devra se contenter de l'école primaire, le seul cycle d'études actuellement dispensé dans le camp. Elle espère qu'un programme d'enseignement secondaire sera bientôt développé à Djabal, pour pouvoir continuer ses études et devenir « Ministre du Darfour ».