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Filippo Grandi : « faisons de l'intégration des réfugiés la norme »

Discours et déclarations

Filippo Grandi : « faisons de l'intégration des réfugiés la norme »

19 Juin 2024
Filippo Grandi serre la main de Dalia, tous deux souriants.

Au poste frontière de Joda, au Soudan du Sud, Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés s’entretient avec Dalia, 22 ans, rapatriée du Soudan du Sud. Dalia était sur le point d'entrer à l'université à Khartoum lorsque la guerre a éclaté et forcé sa famille à fuir.

Aujourd'hui, à l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés, nous rendons hommage aux millions de personnes qui, dans le monde entier, sont contraintes de fuir la violence et la persécution. Nous célébrons leur remarquable force et leur capacité à se reconstruire malgré les défis considérables auxquels elles sont confrontées.

La situation n'est nulle part aussi désespérée que là où je me trouve, à Jamjang, au Soudan du Sud. Ces derniers mois, près de 700 000 personnes ont quitté le Soudan voisin, fuyant une guerre dévastatrice qui les a privés de leurs foyers, de leurs proches, de tout. Certains ont fui le Soudan du Sud il y a longtemps pour échapper à la guerre civile. Aujourd'hui, ils sont contraints de revenir dans un pays qui peine encore à se remettre d'années de conflits et de famine. D'autres sont des Soudanais - enseignants, médecins, commerçants et agriculteurs - qui doivent maintenant s'adapter à la vie en tant que réfugiés.

L'arrivée de réfugiés aux frontières n'est pas seulement un problème pour les pays riches. Les trois quarts des réfugiés dans le monde vivent dans des pays à revenus faibles ou modestes. Il est faux et irresponsable de prétendre que la plupart d'entre eux tentent de se rendre en Europe ou aux États-Unis.

Il suffit de regarder la tragédie qui se déroule au Soudan : ce sont les pays voisins, le Soudan du Sud, le Tchad, l'Éthiopie et l'Égypte, qui offrent un refuge aux Soudanais fuyant l'horreur.

Ces pays démontrent que la solidarité est possible, même dans les circonstances les plus difficiles. Je tiens à les en féliciter. Mais ils ne peuvent assumer seuls ces responsabilités. En cette période de divisions et de bouleversements, les réfugiés - et ceux qui les accueillent - ont besoin que nous unissions nos efforts.

Le monde est en proie à des conflits qui s'enveniment. La volonté politique de les résoudre fait défaut. Et alors même que ces crises se multiplient, le droit de demander l'asile est menacé. Pour ne rien arranger, les effets du changement climatique se font de plus en plus dévastateurs, y compris ici, où l'on s'attend à ce que de graves inondations submergent les villages et les terres agricoles, ajoutant ainsi aux malheurs du Soudan du Sud.

Cependant, les raisons d'espérer sont nombreuses. Cette journée est également l'occasion de célébrer les progrès accomplis. Au Kenya, un nouveau plan de développement audacieux prévoit de transformer les anciens camps de réfugiés en zones d’habitation intégrées où les réfugiés auront davantage d’opportunités et un accès total à toute une série de services. En Colombie, le HCR soutient une initiative gouvernementale visant à offrir à près de 2,3 millions de Vénézuéliens un accès au marché du travail. En Ukraine, nous avons contribué à la mise en place d'une plateforme qui soutient les personnes qui retournent prudemment chez elles pour réparer ou reconstruire leurs maisons.

Cette approche axée sur le long terme est essentielle : une action durable dans les domaines de l'éducation, de l'énergie, de la sécurité alimentaire, de l'emploi, du logement et autres, en collaboration avec les États, les partenaires de développement et d'autres acteurs. Ne laissons pas les réfugiés dans l'incertitude. Donnons-leur plutôt la possibilité de faire valoir leurs compétences et leurs talents et de contribuer au bien-être des communautés qui les accueillent.

Les réfugiés doivent également disposer de moyens sûrs et légaux pour s'installer ailleurs, qu'il s'agisse de visas de travail, de bourses d'études ou de réinstallation dans des pays tiers. Sans ces options, davantage de personnes se tourneront vers les filières d'immigration irrégulière dans une quête désespérée d'espoir et d'opportunités.

Tout cela nécessite des investissements. Le financement international destiné à aider les personnes fuyant la guerre au Soudan et à permettre aux autorités locales et aux communautés d'accueil de développer les infrastructures, les établissements et les services est insuffisant. Et dans le monde entier, de nombreuses autres crises sont négligées de la même manière.

À l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés et chaque jour, nous pouvons tous en faire davantage pour manifester notre solidarité avec les réfugiés et œuvrer en faveur d'un monde dans lequel ils seront accueillis ou pourront rentrer chez eux en paix. Avec du courage, de l'engagement et de la compassion, les solutions sont à notre portée.