Financer l'accès des filles africaines à l'éducation, les aider à changer le monde
Financer l'accès des filles africaines à l'éducation, les aider à changer le monde
À l'occasion de la Journée internationale de la fille (11 octobre), le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés et l'UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance, ont organisé une table ronde pour débattre de la manière de soutenir un financement durable pour les pays d'Afrique de l’Est, de la Corne de l'Afrique et d’Afrique australe. Il était également question d’explorer les actions susceptibles de permettre de surmonter les obstacles qui empêchent les filles, y compris celles qui ont été déplacées de force, d’achever leurs parcours éducatifs.
Mettant l'accent sur l'éducation secondaire, l'événement a rassemblé des partenaires humanitaires et du développement, des acteurs du secteur privé ainsi que des représentants des réfugiés pour réfléchir et appeler à la mise en œuvre de solutions de financement innovantes pour l'éducation des filles en Afrique. Les discussions ont également mis en exergue les défis spécifiques auxquels sont confrontées les filles déplacées pour retourner à l'école, en particulier si l'on considère les fermetures d'écoles pendant la pandémie de Covid-19.
« Il a été extrêmement important de discuter des moyens de garantir aux filles déplacées l'accès à leur droit fondamental à l'éducation », a souligné Clémentine Nkweta-Salami, directrice régionale du HCR pour l'Est, la Corne de l'Afrique et les Grands Lacs.
« J'ai eu le privilège de m'entretenir avec des filles et des jeunes femmes déplacées dans toute la région, notamment des réfugiées, et ce qu'elles m'ont toujours dit, c'est qu'elles aspiraient à faire des études supérieures. Il est temps pour nous tous de faire notre part pour les aider à concrétiser ces aspirations », a-t-elle ajouté.
L'un des principaux obstacles à l'éducation des filles est le manque de financement des programmes qui soutiennent activement leur scolarité et qui leur offrent la possibilité d’aller au-delà de l’éducation de base et d'accéder aux études secondaires.
Les discussions étaient animées par Hanna Nyamal Yohanis, 22 ans, étudiante et réfugiée originaire du Soudan du Sud. Grâce à une bourse de la Fondation MasterCard, elle poursuit actuellement une licence en relations internationales à la United States International University (USIU) Africa, au Kenya.
« Je n'ai pu mettre les pieds dans une salle de classe qu'à l'âge de neuf ans… »
« Avant que nous ne fuyions le Soudan du Sud en 2005, j'ai vu comment mes parents donnaient la priorité à l'éducation de mes frères tandis que les filles s'occupaient des tâches ménagères. Je n'ai pu mettre les pieds dans une salle de classe qu'à l'âge de neuf ans, lorsque je suis arrivé dans le camp de réfugiés au Kenya », confie Yohanis.
« Même si j'ai travaillé dur et que j'ai terminé mes études primaires et secondaires, ma famille n'avait pas les moyens de me permettre d'aller à l'université. Sans cette bourse, je serais probablement restée à la maison, non scolarisée comme les nombreuses filles de ma communauté », souligne Hanna. « Je suis heureuse d'avoir l'occasion de poser quelques-unes des questions les plus importantes aux experts internationaux et d'appeler, au nom d'autres jeunes femmes africaines, à davantage de soutien pour financer l'éducation et nous donner à toutes une chance de changer le monde. »
Selon l'UNICEF, environ 25 millions d'enfants en Afrique de l’Est et en Afrique australe n'ont toujours pas repris l'école suite aux fermetures dues au Covid-19. La fréquentation des filles est particulièrement affectée. Ce chiffre s'ajoute aux 37 millions d'enfants qui n'étaient pas scolarisés avant la pandémie. Le HCR estime en outre que la moitié des filles réfugiées ne retourneront pas en classe lorsque les écoles rouvriront complètement. Et pour les pays où le taux de scolarisation dans le secondaire était déjà faible, toutes les filles risquent d'abandonner définitivement l'école.
Les données issues de différentes études suggèrent que les filles sont souvent bien représentées dans les écoles primaires de la première à la troisième année, mais que leur fréquentation décline ensuite, principalement en raison de contraintes telles que la vulnérabilité au harcèlement sexuel, les menstruations et, dans certains endroits, l'attente d'un mariage précoce. Par conséquent, des millions de filles finissent par ne pas poursuivre leur scolarité dans le secondaire, ce qui a des répercussions négatives sur leur futur ainsi que sur celui de leurs communautés.
« Nous devons travailler pour innover et améliorer le financement de l'éducation des filles, du pré-primaire à la fin des niveaux avancés. »
« Ensemble, nous devons travailler main dans la main avec les partenaires gouvernementaux ainsi que les acteurs du développement et du secteur privé pour innover et améliorer le financement de l'éducation des filles, du pré-primaire à la fin des niveaux avancés », a déclaré Mohamed Fall, directeur régional de l'UNICEF pour l'Afrique de l’Est et l’Afrique Australe, à l'issue de l'événement. « Cela devrait être complété par une mise à disposition d'opportunités professionnelles afin que les filles puissent passer de l'apprentissage à la génération de revenus. »
Selon des estimations, si toutes les femmes bénéficiaient d’une éducation secondaire et supérieure, le nombre de mariages d'enfants et la mortalité infantile et maternelle seraient considérablement réduits. Les maladies et décès infantiles évitables seraient également réduits de moitié. Le HCR et l'UNICEF restent déterminés à travailler avec tous les partenaires pour mettre en place des actions plus positives afin d'accroître l'accès des filles à l'éducation, notamment en s’assurant de l’application d’une parité entre les sexes et en comblant le fossé technologique dans l'éducation.
La table ronde de haut niveau était organisée par le groupe de travail régional de l'Initiative des Nations Unies pour l'éducation des filles (UNGEI), coprésidé par l'UNICEF et le HCR. Ce groupe de travail inclut également le Forum des éducatrices africaines (FAWE), l'UNESCO, Plan International, Save the Children, World Vision, le Comité international de secours (IRC) et ECHO.
Le HCR, l'UNICEF et l'UNGEI tiennent à remercier le Partenariat mondial pour l'éducation, Le fonds Education Cannot Wait, la Fondation MasterCard, Plan International, FCDO et le Ministère de l'éducation de Zambie pour avoir participé à la table ronde et contribué à la discussion.
Un enregistrement de l’atelier est disponible ici.
Visionnez la table ronde sur le financement de l'éducation des filles en Afrique de l'Est, dans la Corne de l'Afrique et en Afrique australe.