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5 raisons pour lesquelles le partage des responsabilités à l'égard des réfugiés est plus nécessaire que jamais à l'ère du Covid-19

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5 raisons pour lesquelles le partage des responsabilités à l'égard des réfugiés est plus nécessaire que jamais à l'ère du Covid-19

Les principes du Pacte mondial sur les réfugiés fournissent les outils dont nous avons besoin pour répondre aux conséquences du coronavirus sur les réfugiés et les communautés qui les accueillent.
29 Juillet 2020
Une jeune réfugiée vénézuélienne utilise une station d'eau potable dans un centre d'hébergement de la ville brésilienne de Manaus.

Un peu plus d'un an avant l'apparition du nouveau coronavirus, les pays du monde entier se sont réunis pour adopter le Pacte mondial sur les réfugiés - un nouveau cadre permettant aux États de gérer plus équitablement les grands mouvements de réfugiés.


Il représentait un engagement politique d'une robustesse sans précédent et un modèle pour une meilleure coopération internationale. Le Pacte a ouvert la voie au premier Forum mondial sur les réfugiés en décembre dernier, où les gouvernements et un large éventail d'acteurs se sont réunis pour traduire ses objectifs en engagements concrets.

Le Pacte mondial sur les réfugiés a été envisagé comme une réponse collective à la situation critique de millions de réfugiés vivant des situations prolongées de déplacement forcé, mais il offre également un modèle pour répondre aux impacts du Covid-19 sur les réfugiés et les communautés qui les accueillent. Il fournit les outils nécessaires pour répondre à la fois à la phase d'urgence de la pandémie et à ses conséquences à long terme, tout en offrant des solutions aux problèmes de déplacements forcés qui ont été amplifiés par cette crise sanitaire mondiale.

Plus que jamais, aujourd’hui, le moment est venu de mettre en pratique les cinq principes suivants qui sous-tendent le Pacte.

1. Être solidaire avec les pays durement touchés

Les principes de partage des responsabilités et de solidarité mondiale qui sont au cœur du Pacte mondial sur les réfugiés sont nécessaires de toute urgence pour répondre à cette pandémie mondiale qui ne connaît pas de frontières. Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a souligné que dans un monde interconnecté, « personne ne sera à  l’abri tant qu’il restera des personnes vulnérables. » Si l'impact de la pandémie est dévastateur pour l'ensemble de l'économie mondiale, les pays à faible et moyen revenu ont été particulièrement touchés et auront besoin du soutien de la communauté internationale pour se rétablir et renforcer leurs systèmes de santé et de protection sociale ainsi que leur situation économique. Les pays les moins à même de faire face à l’épidémie de Covid-19 sont aussi ceux qui continuent d'accueillir un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays. Nous avons la responsabilité collective de veiller à ce qu'ils soient soutenus pour s'adapter aux réalités post-Covid.

Des réfugiés et des migrants secourus en Méditerranée centrale débarquent à Malte, le 30 septembre 2018.

Je viens tout juste de rentrer de Malte, une petite île sur l’itinéraire migratoire de la Méditerranée centrale ces dernières années. L'aide apportée par Malte aux réfugiés a permis de sauver des vies mais une récente augmentation des arrivées, combinée à la menace que représente la crise de Covid-19 pour la santé publique, a créé des difficultés pour son système d'accueil et son dispositif d'asile. Dans le cadre du Pacte mondial sur les réfugiés, la solidarité régionale ou mondiale doit aller de pair avec des réformes nationales pour alléger ces pressions et aider les pays à continuer à remplir leurs obligations internationales.

2. Assurer que personne ne soit laissé pour compte

L'inclusion des réfugiés dans les économies nationales et les systèmes nationaux de santé et de protection sociale a été envisagée par le Pacte mondial sur les réfugiés. La pandémie devrait être une raison d'intensifier ces efforts plutôt que de les retarder, car la discrimination et les autres obstacles à l'inclusion créeront un environnement où les cas ne seront pas détectés et où le virus se propagera.

UNHCR, the UN Refugee Agency
@GillianTriggs
We must focus support on the world’s most vulnerable, including refugees, forcibly displaced and stateless people who are at even greater risk as the COVID-19 pandemic spreads. https://t.co/prYvX3w0TS

Les efforts de réponse en matière de santé publique ne seront efficaces que s’ils touchent tout le monde, indépendamment de leur nationalité ou de leur statut juridique. Les gouvernements, du Portugal au Pérou, l'ont compris et ont mis en œuvre des politiques visant à garantir que les réfugiés, les demandeurs d'asile et les migrants puissent accéder aux soins de santé et à d'autres services essentiels. Ces approches devraient être étendues au-delà de la phase d'urgence de la pandémie afin de protéger le bien-être des personnes réfugiées, déplacées à l'intérieur de leur pays ou apatrides, ainsi que de leurs communautés d'accueil.

3. Soutenir le droit des réfugiés à la protection internationale

Le Pacte mondial sur les réfugiés affirme l'importance du droit international des réfugiés, y compris lors de périodes exceptionnelles où les pays peuvent avoir besoin d'adapter leurs systèmes d'asile. Les États doivent s'assurer que leurs actions sont conformes au droit international et que, pendant la pandémie actuelle, les réfugiés vulnérables ne sont pas exposés à des risques inutiles. Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a noté que « la protection de la santé publique et la protection des réfugiés ne s'excluent pas mutuellement... Nous devons faire les deux. »

Des demandeurs d'asile congolais attendent de passer un examen de santé près de la frontière ougandaise le 1er juillet 2020.

Les États ont déjà démontré qu'il est possible de continuer à admettre et à enregistrer les personnes ayant besoin d'une protection internationale tout en protégeant la santé de leur propre population. Actuellement, 68 pays qui ont totalement ou partiellement fermé leurs frontières à la suite de la crise de Covid-19 ont fait des exceptions pour les personnes en quête de sécurité. En adaptant leurs installations et leurs procédures, plus de 100 États ont réussi à maintenir leur système d'asile totalement ou partiellement opérationnel.

4. Activer les engagements du Forum mondial sur les réfugiés pour soutenir les réponses à la crise de Covid-19

Sur les quelque 1400 promesses faites lors du Forum mondial sur les réfugiés qui s'est tenu à Genève en décembre dernier, beaucoup sont directement liées à la crise actuelle. Celles qui concernent les soins de santé, l'eau et l'assainissement, et les services d'hygiène peuvent contribuer à la réponse d'urgence, tandis que celles qui concernent l'éducation, les moyens d’existence et les systèmes de protection économique seront essentielles à la réponse à plus long terme. Bien que la pandémie puisse retarder la mise en œuvre de certaines promesses, d'autres devraient être accélérées pour contribuer aux efforts de prévention et soutenir le redressement.

Une station de lavage des mains dans le site de réfugiés de Kutupalong, au Bangladesh.

De nombreux acteurs étatiques et non étatiques montrent la voie, mettent en œuvre leurs engagements et prennent des mesures pour réduire les vulnérabilités des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur de leur pays à la crise de Covid-19. Par exemple, la Coalition pour la réduction de la pauvreté, qui comprend le HCR, la Banque mondiale et 13 ONG, s'est engagée à augmenter le revenu de 160 000 ménages de réfugiés et de leurs communautés d'accueil d'ici le prochain Forum mondial sur les réfugiés en 2023.

Reconnaissant les impacts économiques de la crise de Covid-19 sur les populations déracinées, la Coalition a continué à mettre en œuvre des programmes de redressement économique et d'autosuffisance durant les périodes de confinement. Dans un autre exemple, le gouvernement du Malawi s'est engagé à inclure les réfugiés dans son programme de développement national. Avec le soutien du HCR et une subvention de 10 millions de dollars du Partenariat mondial pour l'éducation, il inclut désormais les réfugiés dans sa réponse à la crise de Covid-19 en matière d'éducation.

5. Inclure les réfugiés dans les réponses et les solutions

De nombreux réfugiés trouvent le moyen de jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre le coronavirus en tant que travailleurs de santé, soignants, éducateurs, bénévoles et chargés de sensibilisation. Ils nous rappellent que l'inclusion socio-économique et le soutien à l'autonomie - deux éléments centraux du Pacte mondial sur les réfugiés - peuvent aider les réfugiés à s'épanouir et à contribuer en retour à leur pays d'asile.

Le médecin vénézuélien Samuel Suárez sensibilise la population locale et d'autres réfugiés sur la crise de Covid-19 en Équateur, son pays d'adoption.

Plusieurs pays européens ont lancé un appel pour que les réfugiés qualifiés dans le domaine de la santé se joignent aux réponses nationales, tandis que le Pérou, le Chili, l'Argentine et un certain nombre d'États américains ont assoupli ou accéléré les conditions de résidence et d'autorisation pour permettre aux médecins et aux infirmiers réfugiés formés à l'étranger de se joindre aux réponses à la crise de Covid-19. En Turquie, les professionnels de santé syriens déjà employés dans les centres de santé pour migrants ont été inclus dans les équipes de traçage des contacts. De nombreux autres réfugiés pourraient contribuer aux réponses nationales à la pandémie si leurs qualifications étaient reconnues et s'ils avaient le droit de travailler et d'étudier.

La pandémie de Covid-19 a montré, comme presque aucune autre situation d’urgence ne l'aurait fait, que le Pacte mondial sur les réfugiés a une pertinence durable. Utilisons ces cinq principes pour travailler ensemble à un monde remanié qui consacre un véritable partage des responsabilités.

Gillian Triggs est Haut Commissaire adjointe au HCR chargée de la protection internationale.

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est une organisation mondiale dont le mandat consiste à sauver des vies, à protéger les droits et à construire un avenir meilleur pour les réfugiés, les déplacés internes et les apatrides.