Eléments de discours de Monsieur Louis Michel : cérémonie de remise du prix Nansen pour les réfugiés, le 22 juin 2005 à Bruxelles - Concert Noble
Eléments de discours de Monsieur Louis Michel : cérémonie de remise du prix Nansen pour les réfugiés, le 22 juin 2005 à Bruxelles - Concert Noble
Votre Altesse Royale Princesse Mathilde,
Monsieur le Ministre de la coopération belge,
Chère Lauréate, Madame Barankitse,
Chers membres du comité Nansen,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Deux jours après avoir célébré la journée mondiale pour les réfugiés - le 20 juin, je tiens à remercier le UNHCR et le comité du prix Nansen d'avoir organisé cette cérémonie. Je suis heureux de prendre la parole et d'adresser quelques mots de félicitations à la lauréate d'aujourd'hui, Madame Marguerite Barankitse.
Permettez-moi tout d'abord de rendre hommage à Marguerite Barankitse pour son travail.
C'est un grand honneur de m'adresser à vous, chère Mme Barankitse, pour vous dire mon admiration, et mes chaleureuses félicitations pour la qualité remarquable du travail que vous menez depuis 12 ans. Vous le faite activement et courageusement, auprès des plus démunis, en faveur de la paix et de la réconciliation du Burundi.
Vous succédez aujourd'hui à d'illustres lauréats de la distinction Nansen, comme Eleanor Roosevelt, Mwalimu Julius Nyerere ou Médecins Sans Frontières, ce qui démontre le caractère exceptionnel de votre action.
Cela fait douze ans que vous consacrez votre vie et tous vos efforts aux enfants victimes de la guerre civile qui a sévi dans votre pays. On comprend alors aisément que l'on vous surnomme « l'ange du Burundi ».
Votre contribution humanitaire exemplaire et vos efforts permanents et inépuisables au long de ces douze dernières années sont largement reconnus et salués à travers le monde.
J'aimerais souligner que plus de 10.000 enfants et jeunes ont déjà bénéficié ou bénéficient des actions de la Maison Shalom.
Madame, je suis tout comme vous, convaincu que le travail réalisé auprès des adultes de demain est primordial. Vous le dites vous-même, ces enfants sont les Ambassadeurs de la réconciliation et l'espoir du Burundi.
Mesdames, Messieurs,
Le Burundi vient de passer plus de dix ans en guerre civile et a des besoins humanitaires multiples : l'insécurité alimentaire, des services sanitaires et médicaux inadaptés et surtout un grand nombre de personnes déplacées et de réfugiés qui souhaitent revenir dans leur villages natals.
L'Union européenne avec ses moyens tente d'y répondre et d'apporter des solutions adaptées.
Madame,
Je suis honoré de rappeler à cette audience que nous avons déjà eu l'occasion de collaborer directement. Je pense en particulier à une intervention de notre service d'assistance humanitaire, en 2002 dans la région de Ruyigi, dans l'est du Burundi.
Cette région est longtemps restée inaccessible pour beaucoup d'organisations non gouvernementales. Pourtant la Maison Shalom était là, et, en collaboration avec l'Union Européenne, a pu faire face à l'arrivée de 36.000 réfugiés à Ruyigi.
Mesdames, Messieurs,
Beaucoup de choses restent encore à faire au Burundi. Notre appui et soutien au processus de paix du pays sont une de nos priorités, depuis la signature des Accords d'Arusha.
Le Burundi vit actuellement un chapitre clé de son histoire avec la tenue des premières élections depuis 1993. L'Union européenne contribue et soutient ce moment crucial.
Je voudrais vous assurer que la Commission européenne restera engagée et poursuivra son programme de coopération pour la réhabilitation et la reconstruction du Burundi.
Nous avons un devoir de solidarité. C'est l'une des valeurs fondatrices de l'Union européenne.
La politique européenne de coopération au développement constitue l'une des projections les plus concrètes et les plus ambitieuses de l'Union Européenne. Elle est une de ses plus belles expressions parce qu'elle traduit, concrètement, notre fond commun de valeurs : la solidarité, le respect de la dignité humaine, l'égalité, l'engagement personnel, la tolérance et la liberté d'opinion et d'expression ainsi que la foi en l'homme et en ses immenses ressources de créativité pour construire un avenir meilleur.
Ces valeurs, Madame Barankitse, sont aussi celles qui motivent votre engagement si exemplaire. A travers votre démarche d'éducation à la paix vous avez aussi promu le respect, la convivialité et le pardon entre les enfants hutus, tutsis et twas. Ces enfants qui se sont surnommés eux-mêmes les « hutsitwas ».
Le bilan que l'on peut tracer de ces 12 années d'existence et de travail acharné de la Maison Shalom est remarquable : 200 maisons ont été construites et d'autres sont actuellement en construction. Un cinéma, un atelier multimédia, ainsi que la création d'emplois et de revenus pour une centaine de personnes. Il est également fantastique de voir que ce projet ne cesse de s'agrandir, et cela me laisse confiant en l'avenir.
Par l'énergie formidable et inépuisable que vous dégagez, Madame Barankitse, par votre courage sans faille et votre détermination inlassable, par votre persévérance, vous êtes un exemple pour les femmes et les hommes du monde.
Mais aussi, et en particulier, pour celles et ceux de la région des Grands Lacs. Aujourd'hui, tout le monde connaît ce havre de paix qu'est la Maison Shalom.
Ainsi, je souhaite exprimer tout haut mon souhait très sincère de voir votre exemple servir à tous et à toutes, en faveur de la paix et du développement de toute la région des Grands Lacs.
Sachez que nous vous apportons tout notre soutien et notre reconnaissance.
Bonne continuation pour vos projets et une longue vie à vous.
Je vous remercie.