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« Mon rêve est enfin devenu réalité ! »

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« Mon rêve est enfin devenu réalité ! »

Étudiante soudanaise, Raba Hakim réalise son rêve de toujours : aller à l'université, grâce à une bourse de la Fondation MasterCard.
11 Octobre 2021

Le sourire qui illumine son visage en dit long. Le 16 septembre a été le jour le plus excitant de la vie de Raba Abdurahim Hakim, lorsqu'elle a embarqué sur un vol à destination de Nairobi, au Kenya, pour y entamer un nouveau chapitre de sa vie.


La jeune étudiante Soudanaise de 22 ans se rend alors à la « United States International University Africa (USIU-Africa) », où elle va étudier en vue d’obtenir une licence en psychologie, grâce à une bourse de la Fondation MasterCard.

« Je suis tellement heureuse que mon rêve devienne enfin réalité ! » dit-elle en souriant, alors qu’elle embrasse son père pour lui dire au revoir, quelques instants avant de quitter leur modeste maison dans le camp de réfugiés de Tongo, en Éthiopie.

Le programme de bourses de la Fondation MasterCard est ouvert aux réfugiés de divers pays du monde, dont l'Éthiopie. Des jeunes réfugiées comme Raba et des étudiants de la communauté locale « motivés, susceptibles de changer les choses et fortement engagés à améliorer leur communauté » peuvent candidater.

« Je suis prête à acquérir de nouvelles compétences, à me faire de nouveaux amis et à préparer mon avenir. »

« Je suis prête à acquérir de nouvelles compétences, à me faire de nouveaux amis et à me préparer à un avenir qui me permettra de retourner un jour au Soudan et d'aider les miens », déclare-t-elle.

Pour Raba, cette opportunité fait suite à un parcours scolaire difficile.

Née de parents réfugiés en Éthiopie, elle a commencé l'école dans le camp de réfugiés de Sherkole, où l'enseignement est en anglais. À l'âge de huit ans, sa famille est retournée dans leur village de l'État soudanais du Nil Bleu, où elle a été contrainte de redoubler la première année car le programme était dispensé en arabe.

« J'ai essayé de rattraper les autres étudiants qui maîtrisaient parfaitement l'arabe et leur langue maternelle, le Funj », se souvient-elle.

À l'époque, Raba avait 10 frères et sœurs et elle se souvient que son père Abdurahim Hakim, un charpentier, insistait constamment sur le fait que « chaque enfant devrait être scolarisé ».

Mais lorsque le conflit a éclaté dans le Nil Bleu en 2011, leurs vies ont été perturbées une fois de plus.

« Un avion a largué des bombes et tué six de nos voisins », se souvient-elle.

Toute la famille s'est cachée dans la brousse pendant environ un mois, survivant grâce à la nourriture que ses parents avaient réussi à récupérer en se précipitant chez eux à un moment où l'avion avait temporairement quitté la zone. Bien que la fin du ramadan soit une fête importante pour tout musulman, Raba se souvient de ne rien avoir célébré à l'époque.

Craignant pour leurs vies, Raba et sa famille se sont rendus par la route en Éthiopie. Ils sont alors accueillis à leur arrivée à Kurmuk par l’Agence éthiopienne pour les réfugiés et les rapatriés et le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Quelques jours plus tard, la famille a été transférée au camp de réfugiés de Tongo où elle vit encore actuellement.

Raba pense que sa vie dans le camp a renforcé sa détermination à réussir dans ses études.

« Je me levais souvent à 4 heures du matin pour faire mes devoirs, puis je partais pour l'école à 6 heures », explique-t-elle, ajoutant qu'elle se rendait à l'école après avoir cuisiné pour ses neuf jeunes frères et sœurs.

L'école secondaire qu'elle fréquente alors se situe à environ une demi-heure de marche. Le soir, elle révise de 21h à 23h dans la chambre qu'elle partage avec ses deux sœurs.

Son père est maintenant très fier.

« Raba est une bonne enfant car non seulement elle s'occupe de ses jeunes frères et sœurs, mais elle les encourage aussi à aller à l'école », déclare son père, Abdurahim Hakim.

Selon le rapport annuel du HCR sur l'éducation, seuls 5% des réfugiés ont accès à l'enseignement supérieur dans le monde et ce chiffre est encore plus bas pour les filles réfugiées. Le HCR a pour ambition de faire passer ce chiffre à au moins 15% d'ici 2030.

Les enseignants de Raba et son père ont continué à la motiver et elle a continué à réviser à la maison. Au début de la nouvelle année, elle était prête pour les examens finaux nationaux. Elle est alors la seule étudiante réfugiée du camp à passer ces examens.

« Plus j'avançais à l'école, moins je voyais de filles dans la classe. »

« Plus j'avançais à l'école, moins je voyais de filles dans la classe », souligne-t-elle, ajoutant qu'elle connaît des filles qui ont abandonné l'école et se sont mariées dès l'âge de 13 ou 14 ans.

« Ce n'est pas bien. L'école est l'endroit où l'on apprend plus sur soi-même, sur la vie en général et où l'esprit se développe », ajoute-t-elle.

Pendant son temps libre, elle travaillait comme conseillère au centre de bien-être pour les femmes et les filles du camp, géré par l'ONG International Rescue Committee (IRC). Dans les réunions, elle parlait aux autres de l'importance d'aller à l'école.

Pour se préparer à ses nouvelles études, Raba a suivi des séances d'orientation en ligne pendant deux semaines. Elle suit actuellement des cours d'anglais à Nairobi et s'est déjà installée avec deux colocataires congolais dans son dortoir.

En Éthiopie, nombreux sont ceux qui sont fiers de sa réussite, notamment Mistre Teklesilassie, responsable du programme pour les adolescentes de l'ONG IRC à Tongo.

« Raba est un modèle pour les autres femmes et filles du camp », soutient-elle. « Nous avons quatre filles qui participeront à la finale l'année prochaine et son succès les a vraiment inspirées. »