Les ONG partenaires sont plus importantes que jamais, souligne le chef du HCR
Les ONG partenaires sont plus importantes que jamais, souligne le chef du HCR
GENÈVE, Suisse - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a lancé un appel aux organisations non gouvernementales du monde entier afin qu’elles travaillent ensemble pour lutter contre les discours « toxiques » qui représentent un danger non seulement pour les réfugiés, mais aussi pour « les fondements de notre société mondiale. »
« Nous devons apporter une réponse d’ordre moral et stratégique face à ces tendances », a déclaré Filippo Grandi devant près de 500 représentants de 300 organisations de la société civile actives dans plus de 80 pays. Il intervenait, mercredi, dans le cadre de la session d’ouverture des consultations annuelles avec les organisations non gouvernementales organisées par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) durant trois jours à Genève, en Suisse.
Filippo Grandi a rappelé le rôle essentiel que jouent ces organisations, en précisant que leur plaidoyer était plus indispensable que jamais dans le contexte politique actuel.
Il a également mis en évidence le parcours du modérateur de cette séance d'ouverture, l'ancien réfugié Guled Mire. Contraint de fuir la Somalie, son pays d'origine, Guled est devenu un ardent défenseur des réfugiés dans son pays d'adoption, la Nouvelle-Zélande. Son parcours illustre les contributions positives que peuvent apporter les réfugiés, a souligné Filippo Grandi.
« Les réfugiés dans leur globalité contribuent à enrichir les sociétés. »
« Vous êtes la preuve que des solutions existent et que les réfugiés contribuent aux sociétés qui les accueillent », a déclaré Filippo Grandi.
Guled Mire a répondu qu’il essayait constamment de rappeler aux gens que son histoire n’est pas un cas unique.
« C’est l’expérience vécue par les réfugiés, à l’échelle mondiale », a ajouté Guled Mire, âgé de 28 ans, qui a cofondé une organisation appelée Third Culture Minds, spécialisée dans la santé mentale. « Les réfugiés dans leur globalité contribuent à enrichir les sociétés. »
Guled Mire a cependant estimé qu’il était de plus en plus difficile de faire passer ce message, à l’heure d’une montée des discours anti-réfugiés dans de nombreuses régions du monde.
Le HCR compte plus de 1000 organisations partenaires – dont les deux tiers sont des ONG locales et nationales, par opposition aux organisations internationales. En coopération avec le HCR, ces partenaires mettent en œuvre des programmes soutenus par les donateurs à concurrence d’un montant de 1,4 milliard de dollars par an, a souligné Filippo Grandi, en ajoutant que l'Agence était aussi consciente du fait que « les ONG nationales ont besoin de davantage de soutien. »
Les consultations annuelles constituent un forum de discussions important et elles permettent la mise en œuvre de nouvelles possibilités de collaboration sur des questions opérationnelles ou de plaidoyer avec des participants venus du monde entier.
Cette année, les principaux sujets de discussion concernent l’utilisation des données dans la réponse aux situations de réfugiés; les processus de régionalisation en cours au sein du HCR; la nécessité de continuer à mettre l'accent sur l'intégrité; et le premier Forum mondial sur les réfugiés, qui doit se dérouler à Genève les 17 et 18 décembre 2019. Cet événement vise à faire le point sur la situation mondiale et à renforcer la réponse de la communauté internationale.
Lors d’une séance de questions-réponses, Filippo Grandi a répondu aux questions du public concernant plusieurs défis en cours, tels que l’exode de la population au Venezuela et la situation en Libye, notamment l’attaque perpétrée, mardi soir, contre le centre de détention de Tajoura, ayant causé un lourd bilan et des dizaines de blessés.
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En réponse à une question sur la situation en Méditerranée centrale, Filippo Grandi a déclaré : « Il est évident que les opérations de sauvetage en mer restent un impératif absolu, et les affaiblir – comme le fait l'Europe – est absolument inacceptable. »
Il a estimé que la situation en Méditerranée centrale s’inscrivait dans une tendance mondiale inquiétante à tendre vers des discussions de plus en plus politisées sur la question des réfugiés.
« Intégrer la politique dans le discours humanitaire de manière à dénigrer, à stigmatiser et à marginaliser les réfugiés… est une approche très dangereuse », a rappelé Filippo Grandi.