Déclaration d'Angelina Jolie, Émissaire du HCR, au camp de réfugiés de Domiz en Iraq
Déclaration d'Angelina Jolie, Émissaire du HCR, au camp de réfugiés de Domiz en Iraq
Dans mon pays, lorsque nous évoquons le Moyen-Orient, nous parlons surtout du conflit et des souffrances humaines.
Et il est vrai que d'innombrables familles en Irak, en Syrie, en Libye et au Yémen sont victimes de conflits dans lesquels elles n'ont aucune part, d'une instabilité qu'elles sont impuissantes à maîtriser et d'un extrémisme qu'elles rejettent.
Pourtant lors de cette visite, comme chaque fois que je me trouve ici, je refais l'expérience de la dignité, de la résilience, de la chaleur, de la générosité et de la grâce tout simplement extraordinaires des peuples du Moyen-Orient.
Et je veux remercier le peuple irakien de la générosité dont il fait preuve à l'égard des réfugiés et des déplacés syriens, et tout particulièrement le Gouvernement régional du Kurdistan irakien qui s'impose comme un modèle en matière de protection des réfugiés.
Je suis heureuse d'avoir été présente à l'occasion de l'Aïd-el-Fitr et je souhaite au peuple irakien, au peuple syrien et aux familles de l'ensemble de la région et d'au-delà « Aïd Mubarak » et « Jaznawa Piroz Bit ».
Je me trouve en Irak à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié qui se tiendra la semaine prochaine. Mardi, le HCR publiera de nouveaux chiffres établissant que le nombre de personnes déracinés et la durée de leur exil sont plus élevés que jamais. Parallèlement, les solutions politiques semblent inexistantes, laissant un vide que l'aide humanitaire ne peut combler.
Les mots comme « insoutenable » ne sauraient traduire le désespoir qui caractérise ces temps troublés.
C'est ma troisième visite en six ans au camp de Domiz. La grande majorité de ses habitants sont des femmes et des enfants syriens.
Leur vie est en suspens jusqu'à nouvel ordre à cause de la guerre. Ils ne peuvent rentrer chez eux, ils ne peuvent avancer et, chaque année, ils ont de moins en moins pour vivre au quotidien.
Ce matin, j'ai rencontré deux mères, toutes deux veuves. Elles ont toutes les deux perdues leur époux pendant leur exil en tant que réfugiés à cause de problèmes de santé qui auraient pu être traités en d'autres circonstances.
Aujourd'hui, elles se retrouvent toutes deux à s'occuper d'enfants de cinq et sept ans qui présentent eux aussi des troubles médicaux susceptibles de mettre leur vie en péril.
Lorsque l'on sait que la réponse du HCR à la crise syrienne n'a été financée qu'à 50 % l'an dernier et à seulement 17 % cette année, les conséquences humaines se révèlent tragiques. Nous ne devrions pas nous illusionner à ce sujet.
Quand l'assistance la plus élémentaire vient à manquer, les familles réfugiées ne peuvent recevoir de soins médicaux adaptés, les femmes et les filles se retrouvent vulnérables face aux violences sexuelles, de nombreux enfants ne peuvent être scolarisés et nous laissons s'échapper l'occasion d’investir dans les réfugiés afin qu'ils puissent acquérir de nouvelles compétences et faire vivre leurs familles.
Ce tableau vaut pour l'Iraq, pour la Syrie et partout à travers le monde où l'on trouve aujourd'hui des réfugiés et des déplacés.
La seule réponse est de mettre fin aux conflits qui forcent les gens à fuir leurs foyers et d'amener tous les gouvernements à assumer leurs responsabilités.
En cette Journée mondiale du réfugié, j'espère donc que les peuples du monde entier sauront voir plus grand :
L'ampleur et la durée des déplacements ne témoignent-ils pas d'un monde dangereusement déséquilibré ?
Quelle conclusion tirer sur nous-mêmes lorsque notre réponse n’est sélectivement accordée qu’à certains ou à une défense -en pointillés- des droits de l'homme ?
Et quel avenir nous attend si nous ne sommes incapables d'offrir une aide humanitaire de base aux personnes déracinées et, parallèlement, de trouver des solutions pour mettre fin aux conflits ?
C'est là où nous en sommes aujourd'hui, mais la situation n'est pas désespérée pour autant.
Des millions de réfugiés et de déplacés veulent rentrer chez eux pour travailler et redémarrer, comme j'ai pu le voir hier à Mossoul où les gens reconstruisent leur maison à la main, brique après brique.
Il existe des pays qui continuent d'ouvrir leurs frontières aux réfugiés malgré les pressions et les difficultés.
Il existe des travailleurs humanitaires qui se débrouillent tant bien que mal avec des ressources insuffisantes pour minimiser les pertes en vies humaines et assurer la protection.
Et il existe à travers le monde des personnes plus résolues que jamais à défendre les droits humains et les valeurs fondamentales.
Aussi, en cette Journée mondiale du réfugié, j'espère que nous trouverons la force pour cheminer ensemble sur une voie plus propice et entrer dans une nouvelle ère de prévention des conflits et de recul de l'instabilité plutôt que d'être réduits à nous acharner à en gérer les conséquences.
Merci.
Pour de plus amples informations à ce sujet, veuillez SVP contacter :
En Iraq, Marie-Noëlle Little-Boyer, [email protected], +41 79 217 3046 or +964 0751 736 7401
Vidéos et photos
Les prises de vues vidéo et les photos de la visite d'Angelina Jolie en Iraq sont disponibles sur Refugees Media.