Dans ce camp en Grèce, les habitants soulagés troquent les tentes contre des préfabriqués
Dans ce camp en Grèce, les habitants soulagés troquent les tentes contre des préfabriqués
NEA KAVALA, Grèce – Omar Mustafa et sa famille viennent d’emménager dans le nouveau logement qui leur a été attribué et Omar a déjà commencé à construire une cuisine d’extérieur. Des clous, des vis et un marteau à la main, il est en train de fabriquer un verrou improvisé.
Après avoir logé dans une tente, cette famille syrienne vient d’emménager il y a quelques jours à peine et a sans attendre voulu transformer la sobriété du module préfabriqué en une maison accueillante.
« C’est une énorme différence », explique Banan, l’épouse d’Omar et mère de quatre garçons et deux filles âgés de un à 12 ans. « D’abord, il fait nettement plus chaud. Il pleuvait à nouveau ce matin et c’est la première fois que nous ne nous en sommes pas rendu compte. »
Banan a trente-deux ans et elle va accoucher de leur septième enfant en décembre. « Quand nous vivions sous la tente, l’eau de pluie pouvait s’y infiltrer et nous paniquions à chaque fois. Maintenant, il suffit de fermer la porte et les fenêtres pour rester au sec. »
Le site d’accueil de réfugiés de Nea Kavala se trouve dans le nord de la Grèce. C’est l’un des huit centres du pays gérés par le gouvernement et c’est ici que le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, vient de commencer le remplacement des tentes par des modules résidentiels connus généralement sous le nom de préfabriqués.
Le site qui a ouvert en février de cette année est un ancien camp militaire préparé par l’armée grecque. Sa situation exposée au vent rendait la vie sous tente difficile pour les réfugiés.
« Il pleuvait à nouveau ce matin et c’est la première fois que nous ne nous en sommes pas rendu compte. »
« Nous ne savons pas encore ce que ça donnera par vent fort, mais de toutes manières, c’est nettement mieux maintenant », dit Omar, 41 ans. Ceux qui ont emménagé dans les nouveaux modules préfabriqués sont soulagés d’être non seulement protégés de la pluie, du froid et du vent, mais également des insectes, des rats et des serpents qu’ils perçoivent comme les dangers de la vie sous tente.
Plus de 170 modules préfabriqués ont été installés côte à côte sur la vieille piste d’atterrissage de Nea Kavala, tout en offrant néanmoins une certaine intimité aux habitants.
Chaque module a été amélioré d’une certaine manière par ses habitants. Pendant que les femmes transportent leurs possessions des tentes vers leurs nouvelles habitations, les hommes utilisent ce qui avait servi de plancher en bois dans les tentes pour fabriquer des porches, des cuisines d’extérieur, des rangements à chaussures, des étagères et des cloisons de séparation.
Ils recouvrent le sol des matelas et des couvertures du HCR pour être plus au chaud et les chaussures restent dehors pour que l’intérieur de leur nouvelle maison reste propre.
« Je viens de faire le ménage. Après, je passe à la nouvelle cuisine », explique Banan, assise dans la plus grande des deux pièces séparées par une cloison et des étagères en bois fabriquées par son mari. « Nous sommes une grande famille. Si nous installions la cuisine à l’intérieur, nous n’aurions plus de place pour dormir. »
Leurs deux aînés, des garçons de 10 et 12 ans, souffrent tous les deux du traumatisme qu’ils ont vécu en Syrie. Yamen avait 10 ans et Mustafa en avait 8 quand leur ville natale a subi des frappes aériennes et la famille a décidé d’aller se mettre en sécurité ailleurs dans le pays. Après plusieurs années, ils ont finalement fui, d’abord vers la Turquie puis en Grèce, où ils ont débarqué en février 2016.
Il y a maintenant plus de sept mois que la famille vit à Nea Kavala et chaque soir, Mustafa demande à sa mère de le couvrir de plusieurs couches de couvertures parce qu’il a froid. Banan explique que pour Mustafa, il ne s’agit pas tant d’avoir chaud, mais plutôt de se sentir en sécurité. Son grand frère Yamen a aussi beaucoup de difficultés à surmonter les souvenirs du conflit.
Et pourtant, les garçons aident leur père à réparer des choses et ils rêvent d’un avenir radieux. Yamen veut devenir ingénieur et Mustafa espère devenir professeur de maths.
Omar a construit la cuisine avec peu de choses, en utilisant des outils qu’il a achetés avec un autre réfugié. En Syrie, il était carreleur et exerçait aussi d’autres métiers du bâtiment. « C’était très difficile ici au début », raconte Omar calmement. « Travailler me soulage au moins un peu. »
« C’était très difficile ici au début. Travailler me soulage au moins un peu. »
Outre le remplacement de tentes par un millier de modules résidentiels dans les huit centres officiels, grâce à un financement de la Commission européenne pour l’aide humanitaire et le relogement de personnes vulnérables telles que celles ayant des problèmes de santé sérieux, le HCR distribue également quelque 200 000 articles pour l’équipement contre les conditions hivernales, comme des vêtements d’hiver, des sacs de couchage et des couvertures à 38 000 demandeurs d’asile en Grèce continentale et dans les îles.
Le ministère de l’intérieur a attribué quinze centres au HCR dans le cadre de sa politique de migration pour l’amélioration des infrastructures et notamment pour l’installation de chauffage. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts humanitaires en vue de préparer l’ensemble des plus de 40 centres gérés par le gouvernement pour l’arrivée de l’hiver.