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Selon le chef du HCR, les déplacements en Syrie devraient encore augmenter

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Selon le chef du HCR, les déplacements en Syrie devraient encore augmenter

Avec des pays voisins surchargés de réfugiés, davantage de Syriens risquent de se retrouver piégés à l'intérieur de leurs frontières, prévient Filippo Grandi.
24 Octobre 2016
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi rend visite à une famille de réfugiés syriens à Amman, en Jordanie.

AMMAN, Jordanie – Aucune trêve dans les combats ne se profilant en Syrie, les déplacements internes dans le pays risquent encore d’augmenter, les habitants se retrouvant piégés à l’intérieur des frontières de leur pays déchiré par la guerre. C’est en essence ce qu’a déclaré aujourd’hui le chef de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, en visite dans la capitale jordanienne.

Depuis le début du conflit en 2011, plus de 6,5 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de la Syrie tandis que 4,8 millions ont trouvé refuge dans les pays voisins, a indiqué le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, lors d’une conférence de presse à Amman.

« Les frontières de la Syrie sont plus ou moins fermées, ou très difficiles à franchir, et les pays voisins se disent saturés avec près de cinq millions de réfugiés syriens. Cela signifie que les Syriens sont piégés à l’intérieur de la Syrie, dans une situation impossible », a précisé Filippo Grandi.

« Les frontières de la Syrie sont plus ou moins fermées, ou très difficiles à franchir. »

« Les déplacements internes en Syrie vont très certainement encore augmenter. Nous estimons que 6,57 millions de personnes ont dû fuir leur foyer et je suis certain que ce chiffre ne peut qu’augmenter si les hostilités ne cessent pas », a-t-il ajouté.

Filippo Grandi s’exprimait à l’issue d’une visite de trois jours en Jordanie, où il s’est entretenu avec Sa Majesté le Roi Abdullah II et les ministres du gouvernement, entre autres sur la question de la livraison d’aide humanitaire à quelque 80 000 Syriens déplacés vivant dans des camps le long de la frontière jordano-syrienne.

Filippo Grandi a affirmé très bien comprendre les préoccupations sécuritaires qui dictent la prudence de la Jordanie vis-à-vis des populations regroupées dans la zone syrienne frontalière. Cette zone est connue sous le nom de « berme » depuis un attentat à la bombe en juin dernier, dans lequel six membres des forces de sécurité jordaniennes ont péri. 

« Nous pouvons concevoir que cette population puisse comprendre en son sein des éléments porteurs d’instabilité », a-t-il ajouté. « Mais, d’un autre côté, j’ai de l’espoir car Sa Majesté et ses ministres se sont montrés très préoccupés par la situation des [personnes] qui souffrent », a ajouté Filippo Grandi.

« Nous envisageons ensemble diverses options pour pouvoir les atteindre. Nous devons être patients car c’est très compliqué, mais je suis confiant qu’avec la coopération du gouvernement et des nombreux Etats qui nous soutiennent au sein des Nations Unies, nous parviendrons rapidement à un arrangement permettant de distribuer de l’aide à ceux, au sein de la population, qui en ont besoin. »

Ce lundi, Filippo Grandi avait aussi rencontré des familles syriennes vivant dans le camp d’Azraq, situé dans le désert au nord-est de la Jordanie, qui accueille actuellement environ 35 000 réfugiés. Parmi eux, Ahmad, un tailleur de pierres originaire de la zone rurale de Homs, qui a fui son foyer avec sa famille en novembre 2015 après l’invasion de leur village par des rebelles armés.

Ils font partie des quelque 20 000 Syriens arrivés en Jordanie cette année, après avoir passé des mois à camper dans la berme, avant la fermeture de la frontière qui a fait suite à l’attaque de juin. Ahmad a décrit les rudes conditions de vie et la poussière prédominantes, ayant provoqué une grave maladie chez sa femme enceinte Fatima qui a failli perdre leur bébé.

« Maintenant nous pouvons dormir sans le bruit des avions au-dessus de nos têtes et sans la crainte des bombardements »

« Quand nous sommes arrivés dans le camp, nous avons immédiatement apprécié les meilleures conditions de sécurité et de confort. Maintenant nous pouvons dormir sans le bruit des avions au-dessus de nos têtes et sans la crainte des bombardements », déclarait Ahmad.

La famille vit actuellement dans une section sécurisée du camp où les personnes en provenance de la frontière sont hébergées en attendant les contrôles de sécurité par les autorités jordaniennes, qui leur permettront de rejoindre ensuite la population générale du camp.

Sur les 20 000 personnes arrivées avant juin, près de 7 000 ont à ce jour obtenu l’autorisation des autorités de quitter la zone sécurisée. Filippo Grandi a affirmé que suite à leurs discussions, le gouvernement jordanien avait accepté d’accélérer les démarches de contrôle pour permettre aux réfugiés de rejoindre plus rapidement la population générale du camp.

Le mois dernier, l’Envoyée spéciale du HCR Angelina Jolie Pitt effectuait une visite dans le camp d’Azraq pour rencontrer les réfugiés récemment arrivés de Syrie. Elle a appelé la communauté internationale à se mobiliser pour aider les personnes piégées à la frontière. Une vidéo de sa visite, soulignant les difficultés rencontrées par les Syriens victimes de blessures de guerre, et la réalité de la vie des familles syriennes réfugiées dans le camp d’Azraq, se trouve  ici et ici.

Filippo Grandi a conclu en soulignant que la responsabilité de la gestion de la crise des réfugiés syriens ne peut incomber uniquement à la Jordanie et aux autres pays voisins - un message qu’il a récemment réaffirmé devant l’Assemblée générale des Nations Unies lors d’un Sommet spécial à New York.

« Les réfugiés ne peuvent pas relever de la seule responsabilité de quelques pays, en particulier ceux qui se trouvent à proximité des conflits, comme la Jordanie. C’est une responsabilité qui doit être partagée au niveau international. Des efforts ont été entrepris … mais il faut faire bien davantage encore. »

Par Charlie Dunmore dans le camp de réfugiés d’Azraq, en Jordanie