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Pour une approche intégrée de la lutte contre le VIH/SIDA impliquant les réfugiés et leurs communautés d'accueil

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Pour une approche intégrée de la lutte contre le VIH/SIDA impliquant les réfugiés et leurs communautés d'accueil

Un ensemble de recommandations vient d'être publié par l'ONUSIDA et l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, appelant à une approche plus intégrée des programmes du VIH/SIDA pour les réfugiés et leurs communautés d'accueil. Les réfugiés et les populations locales ont beaucoup en commun, mais peuvent être aussi différentes avec des conséquences pour chacune de ces communautés.
30 Novembre 2005
Une récente étude comportementale a montré que les réfugiés du camp de Kakuma, au Kenya, sont mieux informés que la population locale sur la prévention contre le VIH - grâce à d'importants programmes de prévention contre le VIH/SIDA.

GENEVE, 30 novembre (UNHCR) - Les réfugiés sont des personnes et les personnes sont susceptibles d'être contaminées par le VIH par quelqu'un d'autre et ensuite de le transmettre à d'autres encore - parfois sans connaître la maladie ni prendre les précautions nécessaires pour prévenir sa prolifération.

Cependant, les structures traditionnelles permettant d'être au contact des réfugiés - depuis la direction de la gestion du camp jusqu'aux décideurs des politiques des gouvernements d'accueil ou des pays donateurs - ont tendance à ignorer cette évidence : quand le VIH/SIDA arrive, les réfugiés ne doivent pas être isolés de la population environnante. Jusqu'à récemment, c'était généralement le cas.

L'UNHCR tente de faire cesser cet état de fait, tant au niveau politique qu'au travers de différents programmes sur le terrain en Afrique.

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a travaillé très étroitement avec l'ONUSIDA - dont elle est devenue co-sponsor en juin 2004 - pour aborder ces problèmes. Pour marquer cette Journée mondiale de lutte contre le SIDA, le 1er décembre, une publication produite conjointement, appartenant à la « Collection des meilleures pratiques » de l'ONUSIDA, sera lancée officiellement.

La publication, « Stratégies pour soutenir les besoins relatifs au VIH des réfugiés et des populations d'accueil », décrit la similarité des problèmes de VIH et SIDA entre les réfugiés et les autres personnes déplacées, et leurs populations d'accueil. Mais, quelquefois, cette situation peut devenir plus grave, notamment pendant le début d'une crise ou les premières années de déplacement.

« Ces groupes sont habituellement confrontés à l'effondrement de leur vie, ils sont séparés de leurs familles, les structures sociales de leur communauté sont détruites, leur capacité à s'en sortir est gravement compromise », peut-on lire. « Dans leurs nouvelles installations temporaires, ils doivent se battre pour survivre. Parce que les habituels filets de sécurité sont souvent absents, des femmes et des filles peuvent être victimes de violences sexuelles et de viols.... En même temps, les services de soins de santé sont souvent rudimentaires ou inexistants. Une variété de facteurs complexes à l'intérieur même des camps de réfugiés, ou des installations où vivent les déplacés, rend ces personnes extrêmement vulnérables face au VIH. »

L'UNHCR, l'ONUSIDA et d'autres partenaires ont fait un effort considérable pour améliorer la compréhension de certains de ces « facteurs complexes » et ont défini des lignes directrices basées sur le résultat de leurs recherches.

Par exemple, une récente étude comportementale parmi les réfugiés du camp de Kakuma, au Kenya, et la population locale à l'extérieur du camp, a montré certains résultats surprenants.

Le camp de Kakuma a été établi il y a 13 ans, en 1992, principalement pour les réfugiés fuyant la longue et endémique guerre civile dans le sud du Soudan. L'ancienneté du camp est elle-même un facteur important pour étudier l'impact de la présence de la population réfugiée vis-à-vis de la population locale. Les résultats deviennent même plus intéressants quand on les compare aux résultats des études menées parmi les populations vivant à Rumbek et Yei, au Sud-Soudan - les régions d'origine de certains réfugiés du camp.

Le pourcentage de personnes qui avait entendu parler du VIH/SIDA était généralement élevé et très similaire entre les réfugiés dans le camp et la population locale à Kakuma, en comparaison avec les populations des régions d'origine des réfugiés au Sud-Soudan.

Mais la différence la plus significative a relevé du niveau élevé de l'information concernant la prévention du VIH parmi les réfugiés qui eux-mêmes sensibilisent la population locale aussi bien que les personnes des régions d'origine. Quelque 72 pour cent de réfugiés interrogés dans le camp connaissaient les trois méthodes principales de prévention du VIH, en comparaison de seulement 32 pour cent dans la population locale. Un autre résultat significatif de l'étude était que 10 pour cent de plus de réfugiés par rapport à la population locale étaient au courant de quelques-unes des idées fausses sur la transmission du VIH.

Simplement, dans un camp bien établi comme Kakuma, les réfugiés - grâce aux importants programmes de prévention sur le VIH/SIDA et les opportunités pour la prévention du VIH possibles lors de certaines activités du camp comme la distribution alimentaire - sont mieux informés que la population locale. Ces résultats sont aussi intéressants en comparant la prévalence du VIH : quelque 5 pour cent de la population du camp est séropositive, comparée à la proportion de 16,5 pour cent dans la ville la plus proche de Lodwar. Aucune étude n'est disponible pour la ville de Kakuma qui est la plus proche du camp de réfugiés.

Il n'y a cependant aucune raison de se réjouir. L'étude a également révélé que la population du camp et la communauté locale sont extrêmement mobiles et se mélangent les unes aux autres quotidiennement. L'étude a aussi révélé que 85,6 pour cent de la population locale se rendait régulièrement dans le camp avec un nombre plus bas mais significatif de réfugiés, 25 pour cent, disant s'être rendus dans la communauté locale.

Alors que l'enquête comportementale à Kakuma s'est terminée après la publication de la nouvelle brochure extraite de la collection « les meilleures pratiques ONUSIDA/UNHCR », elle en a renforcé les trois principales recommandations.

Premièrement, le rapport met en évidence que les réfugiés ne sont pas isolés de la communauté environnante, il est donc logique du point de vue économique et pratique qu'ils soient aussi intégrés dans les programmes nationaux de santé et de lutte contre le VIH - comme en Ouganda, où plus de 220 000 réfugiés partagent maintenant les services de santé avec environ 135 000 personnes locales vivant dans les communautés environnantes.

Deuxièmement, le rapport suggère que les plans regroupant plusieurs pays ont fait la preuve qu'ils étaient un moyen des plus efficaces pour la continuité de la prévention, du soutien, des soins et du traitement du VIH/SIDA aussi bien dans les populations locales et celles qui sont déracinées, car ils concernent les populations d'un pays et au-delà des frontières.

L'approche regroupant plusieurs pays a été utilisée dans différentes parties de l'Afrique et particulièrement dans la région des Grands Lacs, où six pays se sont joints à l'UNHCR, avec le soutien de l'ONUSIDA et un financement de la Banque mondiale, pour inclure dans les programmes nationaux de lutte contre le SIDA l'effet des migrations, des déplacements et du commerce dans la transmission du VIH à travers la région. La publication sur « les meilleures pratiques » décrit les premiers résultats encourageants à la suite de l'Initiative des Grands Lacs sur le SIDA.

La troisième recommandation principale concerne l'assimilation des questions de réfugiés dans les politiques et programmes nationaux qui peut améliorer l'accès aux financements aussi bien pour les réfugiés que pour les populations locales - comme l'exemple de l'implication de la Banque mondiale dans l'Initiative des Grands Lacs sur le SIDA. L'ancienne séparation de sources de financement entre les programmes de lutte contre le VIH/SIDA pour les réfugiés (des financements humanitaires à court terme) et ceux concernant les populations locales (des financements pluriannuels pour le développement) ne se justifie pas quand les deux populations sont socialement et commercialement interactives, selon le rapport.

« Finissons-en avec les programmes parallèles », dit Paul Spiegel, expert des programmes de lutte contre le SIDA à l'UNHCR et co-auteur du rapport. « Actuellement, les réfugiés ne sont pas souvent inclus dans les plans nationaux pour combattre le VIH/SIDA - alors même qu'ils font partie de la population du pays, même s'ils n'en sont pas citoyens et si, en théorie, c'est seulement temporaire. De plus en plus d'études montrent que cette division est artificielle. Cela n'a aucun sens au niveau financier et en terme de santé publique. Nous devons prévoir des programmes communs qui prennent en compte l'interaction des deux populations », a-t-il ajouté.

Certains programmes innovants commencent à être mis en place dans les pays de l'Initiative des Grands Lacs sur le SIDA et nous espérons que cela se passera dans d'autres pays, a ajouté P. Spiegel. Mais il faudra encore du temps avant que les programmes humanitaires et de développement ne prennent en compte le fait que la réalité brutale du VIH/SIDA - comme beaucoup d'autres maladies - ne fait pas la distinction entre réfugiés et autres personnes.