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Un réfugié de Kobané porté par ses fils rejoint la sécurité au Kurdistan iraquien

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Un réfugié de Kobané porté par ses fils rejoint la sécurité au Kurdistan iraquien

Mohammed Ali, tout comme plus de 2 500 Kurdes syriens originaires de Kobané, a récemment traversé la frontière vers le Kurdistan d'Iraq.
13 Octobre 2014
A la frontière entre la Turquie et la région du Kurdistan d'Iraq, Mohammed Ali, un réfugié âgé de 55 ans souffrant d'une infection pulmonaire, est allongé dans le bus qui va le transporter jusqu'au camp de réfugiés de Gawilan.

POINT DE PASSAGE FRONTIERE D'IBRAHIM KHALIL, Iraq, 13 octobre (HCR) - Lorsque les habitants de la ville syrienne de Kobané ont dû fuir leurs maisons, beaucoup n'ont eu que quelques minutes pour décider en hâte ce qu'ils emporteraient. Certains ont pris des bijoux, d'autres des photos de famille ou encore le jouet favori d'un enfant. Mohammed Ali, 55 ans, a pris sa bouteille à oxygène.

« Je souffre d'une infection pulmonaire, je suis malade et je ne sais pas combien de temps je serai encore en vie mais, au moins, je suis ici avec ma famille », indique-t-il au HCR peu après son arrivée dans la région du Kurdistan d'Iraq au point de passage frontière depuis la Turquie.

Il est l'un parmi plus de 2 500 Kurdes syriens originaires de la ville de Kobané qui ont rejoint le Kurdistan d'Iraq dont le Gouvernement régional a ouvert la frontière aux réfugiés vendredi dernier. Selon les autorités, des dizaines de milliers d'autres pourraient arriver dans les prochaines semaines.

Lorsque les combattants d'Isis ont entamé leur avancée sur Kobané à la mi-septembre, Mohammed et sa famille ont resté chez eux à la périphérie de la ville aussi longtemps que possible, bien qu'ils entendaient des bombardements et qu'ils subissaient des pénuries de vivres et d'électricité.

Même quand les combats se déroulaient dans des villages environnants, où des personnes qu'ils connaissaient avait été tués ou poussés à fuir leur maison, il refusait de partir. « J'ai demandé à ma famille de me laisser à la maison, mais ils ont insisté pour m'emmener avec eux. »

Très faible et ne pouvant plus marcher, ses fils l'ont porté ainsi que sa bouteille d'oxygène vers leur voiture puis ils l'ont conduit vers la frontière avec la Turquie, en abandonnant tout derrière eux. A la frontière, ils ont été forcés de laisser leur voiture et ses fils l'ont porté vers la Turquie.

Beaucoup parmi environ 200 000 personnes ayant déjà fui Kobané ont trouvé un havre de sécurité dans des villes grandes ou moyennes en Turquie depuis la Syrie. Mohammed et sa famille ont rejoint la ville de Mardin, essayant de survivre avec le peu d'argent qui leur restait.

Allongé sur un matelas dans une vaste zone de transit en béton juste à l'intérieur de l'Iraq à la frontière et en respirant grâce à son masque à oxygène, Mohammed explique que lui et sa famille ont enduré des difficultés durant les deux semaines passées en Turquie après avoir quitté la Syrie. « Cela a été une expérience difficile. Nous avons dépassé tout notre argent en logement, en nourriture et en transport. »

Il a réussi à faire remplir sa bouteille à oxygène deux fois quand il était en Turquie. Il explique toutefois avoir été refoulé d'un hôpital local où il s'était rendu pour demander de l'aide.

Beaucoup parmi les centaines de réfugiés syriens nouvellement arrivés ont témoigné d'expériences similaires sur les difficultés et le coût élevé de la vie en Turquie. Comme eux, quand Mohammed et sa famille ont entendu dire que la frontière vers le Kurdistan iraquien était ouverte, ils ont quitté la ville où ils avaient trouvé refuge et ils se sont dirigés vers la frontière.

Après une courte attente dans la zone de transit, Mohammed est à nouveau porté par l'un de ses fils et installé à l'arrière d'un bus pour un trajet de trois heures vers le camp de réfugiés de Gawilan près d'Erbil, la capitale régionale du Kurdistan iraquien. Sur place, comme d'autres réfugiés, il sera enregistré par le HCR et recevra un abri et des articles de première nécessité, y compris des vivres, des matelas et des couvertures.

Une fois enregistrés, lui et sa famille espèrent rejoindre son frère qui vit et travaille à Erbil. Epuisé et en retenant ses larmes, Mohammed explique qu'il sait qu'il ne retournera plus jamais à Kobané pour voir sa maison, mais il exprime sa reconnaissance car sa famille se trouve désormais en lieu sûr. « Maintenant, mon avenir est entre les mains de Dieu. »

Par Charlie Dunmore au point de passage frontière d'Ibrahim Khalil, Iraq