Forcé de fuir le Nigéria, un couple de jeunes réfugiés fête ses retrouvailles au Tchad
Forcé de fuir le Nigéria, un couple de jeunes réfugiés fête ses retrouvailles au Tchad
SITE DE DAR ES SALAM, Tchad, le 16 mars (HCR) - Le jour pointait seulement à Baga au Nigéria, lorsque Zulaika, une jeune femme de 22 ans, enceinte de son deuxième enfant, a entendu des coups de feu. Elle a eu à peine le temps de saisir son enfant de deux ans et de courir se réfugier dans la brousse, avant que les combattants n'envahissent la ville, en massacrant ses habitants par centaines.
Il lui a fallu quatre jours pour trouver un bateau et traverser le lac Tchad. Son mari, Ali, un pêcheur de 34 ans, posait ses filets lorsque l'attaque a éclaté. Elle ne savait pas s'il avait réussi à fuir également.
« Nous avons passé des jours à passer d'une petite île à l'autre », se souvient-elle récemment. « La nuit, nous n'avons rien pour nous protéger du froid ni à manger. Le plus difficile pour moi, c'était de ne pas savoir où était mon mari et ce qui lui était arrivé ».
Avec l'aide du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Zulaika a trouvé refuge au Tchad, dans le camp baptisé Dar es Salam, qui accueille plusieurs milliers de réfugiés nigérians comme elle. Là, le HCR enregistre toutes les nouveaux arrivants, identifiant les personnes vulnérables, y compris les personnes âgées, les femmes seules ainsi que les enfants et les familles séparées.
Ali est parvenu à passer la frontière et il a rejoint l'île de Kangalom, où le HCR va chercher les réfugiés et les transporte par bateau jusqu'à la ville de Bagasola, leur offrant de la nourriture pour le voyage et ensuite le transfert vers le camp de Dar es Salam. « J'ai passé près de trois semaines dans la brousse avant de rejoindre Kangalom au Tchad », explique Ali. « Nous avions faim la plupart du temps et nous mangions lorsque les habitants locaux croisés sur notre route nous donnaient de la nourriture ».
Un jour, au début du mois de février, le HCR a facilité le transfert de plus de 80 réfugiés nigérians - et parmi les personnes présentes sur le bateau se trouvait Ali. Zulaika se souvient très bien de ce jour-là. « Ils m'ont dit que des gens étaient arrivés de Kangalom, alors je suis allée à l'entrée du camp pour voir qui s'y trouvait », raconte-t-elle. « Je ne pouvais pas croire que mon mari était parmi les personnes qui descendaient du camion ».
Ali, qui avait passé tant de semaines à s'inquiéter pour sa femme enceinte et son jeune fils, a également été très heureux de les retrouver à Dar es Salam. « Nous sommes reconnaissants envers toutes ces personnes qui nous ont aidés à arriver ici et à faciliter nos retrouvailles », dit-il en regardant sa femme dans les yeux.
Zulaika sourit. « Je suis très heureuse d'avoir retrouvé mon mari », dit-elle. Je ne vais plus le quitter pour qu'il ne disparaisse plus jamais ». Zulaika et Ali fêtent à présent leurs retrouvailles et ils ont récemment emménagé dans un abri familial avec leur jeune fils, qui porte aussi le nom d'Ali.
À ce jour, plus de 3 800 réfugiés nigérians ont été transférés au camp de Dar es Salam. Selon le HCR, d'autres réfugiés choisiront également d'être transférés vers le camp ces prochaines semaines.
Par Massoumeh Farman-Farmaian au camp de Dar es Salam, Tchad