Offrir une vie stable aux réfugiés colombiens en Équateur
Offrir une vie stable aux réfugiés colombiens en Équateur
SANTO DOMINGO DE LOS TSACHILAS, Équateur, 8 avril (HCR) - Les grands-parents de Paula* partagent le rêve de la jeune fille de devenir un jour vétérinaire, mais la réussite est peu probable sans emploi stable. Un nouveau programme impliquant le HCR redonne espoir à 200 familles de réfugiés comme eux.
« Depuis qu'elle est enfant, Paula rêve de devenir vétérinaire », explique Amelia, en regardant sa petite-fille âgée de 15 ans. Deux canards, plusieurs poules et au moins deux chiots errent dans le petit appartement familial de deux pièces.
« Tout ce que je souhaite est de lui offrir l'opportunité de réaliser son rêve ».
Leurs chances de réussite sont en train de grandir grâce à un nouveau programme, le Programme de Graduation, qui utilise une méthode globale pour rendre les réfugiés auto-suffisants. Outre l'aide humanitaire délivrée, les participants bénéficieront de formations, d'éducation financière et d'aide juridique.
Amelia élève sa petite-fille Paula depuis qu'ils ont fui vers l'Equateur en 2006, après avoir reçu des menaces de mort de la part de membres d'un groupe armé illégal en Colombie. La mère de Paula, enceinte à l'époque, est restée dans leur pays d'origine.
Malgré leurs efforts, il a été difficile pour Amelia et son mari - tous deux âgés - d'obtenir un emploi stable. Les petits boulots qu'ils effectuent suffisent à peine à satisfaire leurs besoins quotidiens, sans même parler d'assurer l'avenir de leur petite-fille. Paula est souvent contrainte de sauter des semaines entières d'école pour aider sa grand-mère.
De nombreux réfugiés colombiens en Equateur - dépourvus de réseaux sociaux et de ressources - ne peuvent pas trouver d'emploi stable. Il est essentiel de créer des opportunités d'emploi pour soulager la pauvreté et intégrer ces personnes vulnérables.
Pour répondre à ce besoin, le HCR et un certain nombre d'organisations étatiques et partenaires, en coordination avec le secteur privé, ont lancé le Programme de Graduation à Santo Domingo de los Tsáchilas, une ville qui accueille des réfugiés à 200 kms de la capitale, Quito.
Ce projet pilote - qui implique le gouvernement local, le Hebrew Immigrant Aid Society (HIAS), le Service jésuite des réfugiés (JRS), la Banque nationale de Pichincha et la Fondation CRISFE qui offre des services d'éducation financière - soutient l'emploi indépendant, les revenus officiels en salaires et la micro-finance pour créer des opportunités de moyens de subsistance.
Ce projet va au-delà d'une simple aide humanitaire et adopte une approche d'autonomisation plus ciblée moyennant un soutien en matière de consommation, d'aide juridique, d'éducation financière ainsi que des formations pour les réfugiés.
En participant à ce Programme, la famille d'Amelia espère obtenir des revenus plus stables leur permettant d'épargner un peu d'argent pour des besoins futurs comme les études de leur petite-fille.
Amelia espère aussi ouvrir un jour un magasin de couture pour développer son activité au-delà des petits travaux qu'elle réalise actuellement. « Je n'ai pas les moyens d'acheter une machine à coudre pour l'instant », explique-t-elle. « Mais quand je trouverai un emploi plus stable, je pourrai me permettre de développer mon affaire ».
L'approche du Programme de Graduation vise à mettre 200 familles sur la voie menant à des moyens de subsistance stables en leur donnant les moyens et les ressources d'augmenter leurs revenus, d'acquérir des biens et d'atteindre la sécurité alimentaire. Cette méthode ciblée, individuelle et à multiples facettes devrait conduire à des résultats importants et tangibles en encourageant l'indépendance économique et l'intégration sociale des réfugiés les plus pauvres en Equateur.
Besem Obenson, chef du bureau de terrain du HCR pour Pichincha et Santo Domingo, explique qu'ils s'appuient sur des projets antérieurs ayant utilisé l'approche du Programme de Graduation. Avec le soutien d'un tuteur qui les guide en continu, les participants bénéficient de formations visant à garantir un emploi stable, à développer une sensibilisation aux questions financières et à maintenir des styles de vie sains.
Grâce à un accord récent avec la Banque de Pichincha, la plus importante institution bancaire de l'Equateur, ces familles bénéficieront de comptes d'épargne individuels et d'une éducation financière de base.
Dans quelques semaines, Amelia et sa famille commenceront à recevoir un soutien alimentaire et assisteront à leurs premiers cours sur l'éducation financière et l'autosuffisance. « Si je meurs demain, j'aimerais laisser à mes enfants plus qu'un toit au-dessus de leur tête », déclare Amelia, confiante dans un avenir meilleur.
*Tous les noms ont été modifiés pour des raisons de confidentialité
Par Antoine Got à Santo Domingo de los Tsáchilas (Equateur)