La sécurité pour une famille soudanaise arrivée en Syrie
La sécurité pour une famille soudanaise arrivée en Syrie
TIMISOARA, Roumanie, 26 août, (HCR) - Après avoir fui la guerre au Soudan pour être pris au piège dans le conflit syrien, Mohamed* exprime son soulagement et sa joie, alors qu'il pousse ses deux enfants sur la balançoire du terrain de jeux de leur lieu de refuge, en Roumanie.
Bien que le Centre de transit d'urgence localisé à Timisoara, en Roumanie, ne soit qu'un hébergement temporaire avant leur réinstallation pour débuter une nouvelle vie aux Pays-Bas, il leur assure la sécurité dont ils avaient urgemment besoin. Mohamed ne peut cacher sa joie, alors que ses filles, Wjud, sept ans, et Walla, presque deux ans, rient aux éclats. Leur mère traverse le jardin verdoyant avec un plat de pâtes pour le déjeuner.
Ils sont arrivés au Centre de transit d'urgence le 3 juillet, après que le HCR les ait identifiés comme ayant urgemment besoin de protection. Avec l'assistance de l'OIM, le HCR a aidé à organiser le transfert de la famille vers le Centre, à Timisoara.
Ils pourraient y rester pour une durée allant jusqu'à six mois, avant leur réinstallation aux Pays-Bas, qui leur a offert d'y vivre en lieu sûr. Durant cette période, la famille va passer des examens médicaux, rencontrer des fonctionnaires néerlandais lors d'entretiens et accomplir toutes les formalités nécessaires pour le transfert.
Ils suivent également des cours de langue, de culture et de traditions néerlandaises. « Nous apprenons petit à petit sur ce pays », a indiqué Mohamed, en sortant de sa poche un petit lecteur MP3 avec des leçons de néerlandais pour débutants.
Mohamed et Muna sont très heureux d'être arrivés au Centre de transit d'urgence, qui sert de passerelle vers une multitude de pays qui acceptent des réfugiés. Dans ce centre, ils vivent loin de toute zone de guerre, en perspective d'un transfert vers un pays pacifique où ils pourront recommencer une nouvelle vie.
Mais la famille reste en prise avec des souvenirs difficiles du long voyage qui les a amenés à Timisoara. Mohamed s'est échappé de la prison au Soudan, et ils ont fui vers la Syrie en 2008 où Muna et Wjud, alors âgé de trois ans, l'ont rejoint un an plus tard.
« Nous sommes originaires du Darfour, au Soudan », a déclaré Muna. « Nous vivions dans une zone de guerre là-bas. Nous avons fui une guerre pour en retrouver dans un autre. Le conflit en Syrie a commencé en 2011 et, la même année, elle est tombée enceinte de Walla.
À l'époque, la famille vivait dans une maison dans la banlieue de Damas. Quand des bombes ont explosé dans leur quartier et que les morts s'amoncelaient dans les rues, ils ont fui vers Damas où les autorités syriennes les ont placés dans une salle de sport transformée avec environ 750 autres réfugiés.
Muna dit que la vie en Syrie était terrifiante, surtout pour les enfants. Chaque fois qu'une bombe était larguée, Wjud tombait dans un état de choc du fait du bruit, ce qui l'a rendu malade. « Encore aujourd'hui, quand nous entendons une porte qui claque, nous sursautons, en pensant que c'est un obus », a déclaré Muna, les larmes aux yeux.
À une autre occasion, Mohamed, Muna et les enfants étaient dans un taxi à un barrage militaire syrien lorsque deux motards ont été abattus. « Notre voiture a été prise dans les tirs croisés et a été criblée de balles », a déclaré Muna. « C'est un miracle que nous en ayons réchappé. Malheureusement, notre fils aîné a tout vu ... »
Après les violences subies dans le passé, la famille attend avec impatience le passage vers l'avenir, inconnu mais paisible. « Je ne veux pas qu'ils passent par les difficultés que nous avons vécues », a déclaré Mohamed. « Pour nous, le plus important maintenant, c'est de les scolariser. »
Mohamed, qui était chauffeur au Soudan, souhaite devenir plombier. Muna, anciennement professeur d'arabe et de religion, espère trouver du travail dans la communauté réfugiée aux Pays-Bas. Leur avenir est peut-être encore incertain, mais ils vivent maintenant en sécurité et depuis leur havre de paix au Centre de transit d'urgence en Roumanie, ils peuvent entrevoir des possibilités infinies.
*Nom fictif pour des raisons de protection
Par Andreea Anca à Timisoara, Roumanie