Un humanitaire tué en RDC au Nord-Kivu

GOMA, République démocratique du Congo, 16 décembre (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a condamné l'attaque menée contre un véhicule transportant des employés d'une ONG italienne. Lors de cette attaque survenue au Nord-Kivu, une province ravagée par la guerre en République démocratique du Congo (RDC), une personne a trouvé la mort et une autre a été blessée.

« Le HCR déplore le meurtre de sang-froid commis contre un employé de l'ONG italienne, Voluntary Association for International Service (AVSI) », a indiqué un porte-parole, ajoutant que des hommes armés ont tendu lundi une embuscade contre le véhicule transportant des employés d'AVSI près de Rutshuru, une ville située à environ 80 kilomètres au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu.

AVSI a commencé ses activités humanitaires en RDC en 2002. Cette ONG, parmi d'autres activités, assure actuellement une aide à des enfants dans le nouveau camp Mugunga III géré par le HCR, à l'ouest de Goma. Cette embuscade survenue lundi ne fait qu'intensifier l'inquiétude grandissante du HCR au sujet de la sécurité des personnes déplacées internes, dans les camps au nord de Goma, à la suite de nombreux incidents sécuritaires.

La semaine dernière, deux petites filles ont été victimes de tirs à Kibati. L'une d'entre elles, âgée de cinq ans, a été tuée et l'autre, âgée de sept ans, luttait contre la mort dans un hôpital local. Des employés du HCR ont aussi fait état du viol d'une femme jeudi dernier commis par des hommes armés à proximité du camp de Kibati. L'agence est préoccupée par la violation continue du caractère civil des deux camps gérés par le HCR à Kibati.

Le porte-parole du HCR a aussi indiqué mardi que l'agence avait été alarmée par des informations faisant état à Rutshuru de pressions opérées par des combattants rebelles, ralliés au général dissident Laurent Nkunda, sur des personnes déplacées internes, pour qu'elles retournent dans leurs villages. Ces personnes déplacées internes sont abritées actuellement dans un site de fortune localisé près de la base des forces de maintien de la paix des Nations Unies (MONUC). Les quelque 10 000 déplacés, ayant trouvé abri près de cette base, craignent des représailles de groupes armés.

La reprise des combats au Nord-Kivu entre les troupes gouvernementales et des rebelles fidèles à Laurent Nkunda a forcé quelque 250 000 civils à fuir pour leur survie depuis le mois d'août.

Le HCR a par ailleurs reçu des informations inquiétantes selon lesquelles des rebelles arrêtent des personnes tentant de rejoindre ce site localisé près de la base de la MONUC. Le groupe rebelle aurait recruté des jeunes pour mener des patrouilles de nuit et pour empêcher des personnes de rejoindre ce site.

Une équipe du HCR en mission à Rutshuru a également rapporté que la plupart des familles déplacées internes tentent de sortir de ce campement de fortune situé près de la base de la MONUC durant la journée pour rejoindre leurs villages, et d'y revenir avant la tombée de la nuit. De nombreux déplacés qui se sont entretenus avec le HCR ont demandé à être transférés ailleurs car leur situation était devenue extrêmement précaire. Ces personnes ont également fait état de détentions arbitraires opérées par des rebelles.

Pendant ce temps, près de Goma, le HCR poursuit les transferts volontaires de personnes déplacées internes depuis les camps de Kibati, au nord de Goma, vers le nouveau site à Mugunga III. « Nous avons déjà assisté plus de 3 200 personnes déplacées internes dans leur transfert vers Mugunga III, et nous poursuivons les transferts au rythme d'environ 600 personnes par jour », a indiqué le porte-parole. Selon les dernières estimations du HCR, on compte maintenant plus de 142 000 personnes déplacées dans les six camps gérés par le HCR qui sont situés à proximité de Goma.

Les combats au Nord-Kivu se sont intensifiés à la fin 2006. En janvier 2008, ils avaient porté le nombre total de déplacés internes à plus de 846 000.

Par David Nthengwe à Goma, République démocratique du Congo