Yémen - les déplacements massifs continuent
Yémen - les déplacements massifs continuent
Des milliers de civils continuent à fuir leurs maisons dans le nord du Yémen alors que les combats entre les troupes gouvernementales et les forces Al Houti entrent dans leur cinquième mois.
La situation dans la province de Sa'ada reste tendue et les personnes déplacées internes nouvellement arrivées font part d'affrontements dans les régions de Haydan, Beni Muath, Eel Ammar et Al Taleh. La situation dans la région de Razeh est particulièrement préoccupante, car la population civile est confrontée sur place à des restrictions de mouvement et à une pénurie de services élémentaires, comme l'électricité et l'eau potable. Des pénuries de vivres et d'autres produits de première nécessité ont causé de fortes augmentations de prix et de plus de plus de personnes ne peuvent plus assumer leurs besoins essentiels.
L'afflux massif continu met à rude épreuve les hébergements existants et les ressources pour l'aide dans les provinces voisines de Hajjah et Amran. Durant le seul mois dernier, la population déplacée du camp d'Al Mazrak 1 dans le gouvernorat de Hajjah a doublé. On compte désormais quelque 21 000 déplacés internes vivant dans un camp créé initialement pour abriter jusqu'à 10 000 personnes et la surpopulation est désormais notre principale préoccupation.
Au moins 500 familles dans le camp d'Al Mazrak partagent leurs tentes, prévue normalement pour une famille, avec un ou deux autres familles. Nous estimons qu'un autre groupe de 1 300 familles, hébergées dans 48 larges tentes communes dans quatre régions de transit du camp, attendent actuellement de se voir attribuer une tente familiale.
La surpopulation dans le camp a un impact négatif sur la fourniture d'une aide humanitaire alors que les personnes doivent attendre plus longtemps pour bénéficier d'une tente et faire la queue pour la distribution de biens de secours et pour bénéficier des services dans le camp.
Pour héberger les nouveaux arrivants, le camp d'Al Mazrak 1 est réorganisé et agrandi pour la troisième fois avec l'aide des déplacés. Quelque 200 nouvelles tentes ont été montées ces derniers jours et une distribution de biens de secours à ces familles nouvellement installées a immédiatement suivi.
Le camp d'Al Mazrak 2, financé par les Emirats arabes unis (ARE), a été ouvert le 25 novembre. Sa capacité d'accueil est de 1 000 familles (soit environ 7 000 personnes). A ce jour quelque 200 familles, se trouvant la plupart dans les zones de transit d'Al Mazrak 1, ont été transférées dans le second camp. Elles rejoignent un autre groupe de 600 familles déplacées qui sont arrivées de squats ou de villages avoisinants.
Après un accord avec les autorités yéménites cette semaine, les experts du HCR ont commencé la planification de site pour un troisième camp à Al Mazrak pour héberger le flux continu des déplacés. La capacité prévue pour ce nouveau site est de 1 000 familles (soit 7 000 personnes) et un premier groupe de déplacés devrait y être transféré début janvier.
De la même manière, le nombre de personnes déplacées qui sont hébergées par la population locale en dehors des camps a également augmenté. Selon nos équipes sur le terrain, quelque 48 000 déplacés sont désormais enregistrés dans le gouvernorat d'Hajjah, y compris la population du camp.
Le HCR continue à renforcer l'assistance aux personnes qui ont trouvé abri au sein de familles d'accueil. En général, ce sont les communautés locales qui supportent le fardeau du déplacement survenant en continu au Yémen.
Parallèlement dans la province d'Amran, les combats continuent dans la zone de Harf Sufyan, particulièrement aux alentours de Black Mountain. La situation sécuritaire est préoccupante dans les districts de Khaiwan et Houth. A la fois la communauté locale et celle des déplacés internes vivent dans des conditions précaires, tout spécialement à Khaiwan où un grand nombre d'incidents sécuritaires ont été rapportés ces dernières semaines. Le HCR, conjointement avec d'autres agences humanitaires travaillant dans cette zone, a réitéré son appel pour le transfert du camp de Khaiwan.
Les déplacés yéménites dans les districts d'Amran et de Khamer sont confrontés à des difficultés quotidiennes allant du manque d'accès aux services de santé et d'éducation, la pénurie d'hébergement approprié, le travail des enfants et des problèmes d'acceptation de la part de la communauté d'accueil. En plus des difficultés pour conserver durablement leurs moyen de substance, certains déplacés doivent payer un loyer aux familles d'accueil. Dès janvier, la réponse humanitaire du HCR au problème de l'hébergement et des moyens d'existence inclura une forme de soutien à la communauté hôte.
Environ 175 000 personnes ont été affectées par le conflit au Yémen depuis 2004, y compris celles qui ont été déplacées par cette toute dernière crise.