Le HCR est alarmé par le déplacement de population croissant en Côte d'Ivoire
Le HCR est alarmé par le déplacement de population croissant en Côte d'Ivoire
Avec les affrontements à Abidjan et dans l'ouest de la Côte d'Ivoire cette semaine, le HCR a observé une augmentation soudaine et préoccupante des mouvements de population transfrontaliers vers l'est du Libéria. Jusqu'au milieu de la semaine, environ 100 personnes traversaient la frontière chaque jour. Pour les seules dernières 24 heures, leur nombre est passé à 5 000 personnes, selon les autorités locales. Trois équipes du HCR sillonnent actuellement les points d'entrée de Buutuo, Gborplay et Luguatuo pour évaluer la situation des nouveaux arrivants. Avec ce nouvel afflux, le nombre des réfugiés au Libéria passe approximativement à 45 000 personnes. Parallèlement à Abidjan, nous avons observé des déplacements de population dans plusieurs quartiers et nos équipes tentent d'évaluer la situation.
Notre préoccupation concerne également les 39 000 personnes déplacées dans l'ouest de la Côte d'Ivoire. Du fait de l'insécurité, le HCR est dans l'incapacité d'opérer dans cette partie du pays depuis maintenant plusieurs jours. Les affrontements de jeudi autour de Danané auraient généré des déplacements de populations vers la frontière avec le Libéria. Le travail de préparation pour établir un camp de déplacés à Duékoué a été interrompu. Ce camp avait pour objectif de désengorger la mission catholique où 9 000 personnes avaient trouvé refuge ces deux derniers mois. Plusieurs villages sur l'axe Man-Duékoué se seraient vidés de leurs habitants suite aux derniers affrontements.
Même sans ces nouveaux combats, le HCR estime que le risque de déplacement de population dans l'ouest de la Côte d'Ivoire reste important. Une mission d'évaluation conjointe avec nos partenaires la semaine dernière a reçu des informations sur des attaques menées contre des voyageurs par des groupes armés mobiles et des bandes organisées. L'axe Duékoué-Man est particulièrement dangereux. Plusieurs villages ont été attaqués et des maisons ont été réduites en cendres après avoir été pillées durant des attaques en décembre et en janvier. Des quartiers de la ville de Duékoué ont également été brûlés. Des habitants ont perdu leur maison et ne peuvent plus rentrer chez eux. Avec 23 000 déplacés, Duékoué accueille le plus grand nombre de déplacés dans la région.
Plusieurs personnes nous ont rapporté que des hommes armés étaient entrés dans leurs villages en moto et qu'ils avaient tiré sur des habitants, parfois mortellement. Nous avons également rencontré des groupes qui ont été déplacés plusieurs fois. Dans un village qui a été attaqué en décembre, la population entière a fui et a trouvé refuge dans des institutions religieuses ou chez des proches ou des amis à Duékoué. Lorsque les affrontements ethniques ont commencé à Duékoué début janvier, les personnes ont fui à nouveau.
Les familles d'accueil rencontrent déjà des difficultés pour nourrir et héberger les déplacés, des personnes particulièrement vulnérables. Certains déplacés qui ont échappé à des attaques contre leurs villages vivraient et dormiraient toujours dans la brousse. Nous avons également reçu des témoignages de femmes qui ont été violées durant des affrontements ethniques à Duékoué début janvier.